Désormais, même l'été la Charentaise française est à l'aise

La charentaise, symbole de confort douillet au coin du feu, part à la conquête des terrasses estivales à grand renfort d'éponge, de noms exotiques et de couleurs acidulées

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Un fauteuil au coin du feu, un plaid et un chat sur les genoux, les pieds douillettement fourrés dans une paire de charentaises moelleuses... Ça, c'était avant. Du temps des charentaises de grand'papa. La Charentaise d'aujourd'hui veut marcher sur les plates-bandes de l'espadrilles, et fait un pas vers l'exotisme.

 À côté de la semelle de feutre, du tissu écossais marron montant et de la chaude moumoutte synthétique à l'épreuve des rigueurs hivernales, voici la Charentaise estivale. Une idée de Chausse-Mouton, fabricant de charentaises traditionnelles 100% faites en France, et plus précisément à Nantheuil et Thiviers, en plein Périgord Vert.

Depuis 5 ans, Chausse-Mouton dépoussière l'image de la Charentaise. Ce patrimoine pédestre a été inventé près d'Angoulême au XVII ème siècle. Un assemblage de chutes de tissus délaissées par des fabricants d'uniformes, une idée bien confortable pour adoucir l'intérieur des sabots de bois. 

Plus les deux pieds dans le même sabot

Les sabots de bois ont disparu, pas les charentaises. 5 siècles durant, elles ont continué à se fabriquer près du berceau d'origine, s'émancipant du sabot pour devenir chaussant à part entière, mais toujours symbole du confort intérieur.

Du fait-main à vos pieds

Preuve que la Charentaise est plus résistante qu'il n'y paraît : elle a survécu au rouleau-compresseur chinois qui s'est pourtant échiné à copier la célèbre Charentaise sans jamais l'égaler. Une des raisons de cette Résistance Française à la mondialisation libérale, c'est le savoir-faire des ouvriers locaux, et la fameuse technique du cousu-retourné nécessaire à toute bonne Charentaise qui se respecte. Personne ne l'explique mieux que Laurent Chabot, chef d'atelier, et "retourneur" de longue date chez Chausse-Mouton.

Le chef d'atelier explique le savoir-faire qui fait la spécificité de la fabrication des Charentaises ©France 3 Périgords - Bertrand Lasseguette & Pascal Tinon

Le rebond de la Charentaise

S'il y en avait une quarantaine de plus il y a vingt ans, il existe toujours aujourd'hui une demi-douzaine de fabricants régionaux de Charentaises aux clients indéfectibles. Depuis trois ans, une IGP protège même l'appellation.

Mais revenons-en à nos (Chausse) Moutons. Coquillages et crustacés, couleurs flashy et acidulées, noms exotiques : sans sacrifier à son confort légendaire, la Charentaise estivale est assurément plus rafraîchissante. D'ailleurs son origine ensoleillé est inscrite sur sa carte d'identité : Cancun, Ipanema, Copa-Cabana, Santa Monica, un vrai tour du monde balnéaire en mettant les pieds dedans et sans mettre un pied dehors.

Les pieds au frais

Mules de plage ou Charentaises éponge pour sortie de bain, la marque n'y est pas allé sur la pointe des pieds. Pour Isabelle Fulgeanu, directrice générale de Fargeot et Compagnie, l'idée était de faire un pas vers un marché inaccessible à la Charentaise classique hivernale. Viser une période plus longue, et une clientèle plus jeune.

Après le Covid, le Fait-en-France reprend le dessus

Un nouveau pas en avant alors que l'entreprise marche déjà bien. 250 000 paires à l'année, Chausse-Mouton a doublé ses ventes pendant le premier hiver du confinement. Quitte à rester chez soi, autant être à l'aise dans ses Charentaises Françaises. Et les chiffres continuent à cheminer vers le mieux. La manufacture est en train d'augmenter sa capacité de production, elle recrute et forme de nouveaux personnels, et  de nouveaux locaux seront bientôt investis à St André de Cubzac pour gérer l'afflux de commandes.

Une bonne nouvelle pour les 60 employés périgourdins qui perpétuent la technique du "cousu-retourné" propre à la Charentaise. Un geste inimitable, tellement propre à la main de l'homme qu'il a déjà fait perdre pied aux machines les plus sophistiquées.

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