Les habitants de la petite cité de Dordogne voulaient éviter qu'un groupement de pharmacie rachète l'officine du village pour la fermer. Ils viennent de gagner leur bataille, les acheteurs se retirent. Mais le problème reste entier
Le désert médical, ce n'est pas que le manque de médecins, c'est aussi celui des médicaments. Depuis des années, la commune de Saint-Léon-sur-l'Isle lutte contre le départ des médecins. Elle a perdu son dernier généraliste en 2020. Mais l'inquiétude du moment s'était reportée récemment sur une autre disparition, celle de leur pharmacie.
Belle affaire à vendre
Depuis deux ans, Martine Chivit la propriétaire de la pharmacie envisageait de faire valoir son départ à la retraite et avait mis son établissement en vente. L'affaire est bien située, elle génère un chiffre d'affaires confortable (1,720 millions d'euros annuels), possède une solide clientèle et bénéficie encore de belles perspectives de développement avec l'ouverture d'une maison de santé intercommunale (début des travaux à l'automne, ouverture en 2024) et l'agrandissement de l'EHPAD de Saint-Léon.
Promesse de vente
Seuls candidats à la reprise, l’association de La Grande Pharmacie de Neuvic et de la Pharmacie Principale de Saint-Astier, les pharmacies des deux villes voisines, pour 1,420 million d'euros. Une promesse de vente a été signée.
L'histoire aurait pu s'arrêter là, sauf que les deux pharmacies groupées avaient décidé de ne pas exploiter la pharmacie qu'ils achetaient. L'achat était destiné à conserver le personnel et maintenir le suivi des patients, mais les acheteurs envisageaient de fermer l'officine et de se partager la patientèle Saint-Léonnaise au motif que, faute d'avoir un pharmacien disponible, maintenir la pharmacie de St Léon ouverte aurait été trop compliqué.
Aujourd'hui c'est difficile de maintenir une pharmacie ouverte, parce qu'il faut trouver un pharmacien, voire deux pour "tenir la boutique", et c'est là que se pose tout le problème. Aujourd'hui en France, à l'échelle nationale, pharmaciens et préparateurs, qui sont les deux diplômes qui tiennent une pharmacie, il y a 15 000 postes à pourvoir non pourvus sur l'ensemble de la France. Donc, nous, on a beaucoup de mal à trouver un ou deux pharmaciens pour tenir cette pharmacie.
Antoine Barsby, pharmacien de Neuvic, ancien acquéreur de la pharmacie de Saint-Léon sur l'Isle
Ce projet d'achat-fermeture a suscité l'émoi dans la population, du maire de Saint-Léon, Gérard Saurin, et d'un collectif d'habitants qui, après avoir vu enfin leur horizon médical s'éclaircir avec la création du centre de santé intercommunal local (objet d'un précédent bras-de-fer avec la municipalité de Neuvic), le voyaient à nouveau s'assombrir par l'éloignement de leur pharmacie. Après une pétition qui a réuni un millier de signatures, le collectif avait prévu une manifestation samedi 20 mai prochain. Les 2 000 saint-léonnais et saint-léonnaise étaient conviés à donner de la voix pour conserver leur pharmacie.
Retrait des acheteurs
Ce ne sera pas la peine, les deux pharmacies acheteuses, face à l'opposition qui leur est faite, ont décidé de retirer leur offre, expliquant qu'elles n'avaient pas anticipé une telle réaction.
Et maintenant ?
L'Agence Régionale de Santé, qui avait encore la possibilité de bloquer la vente, n'aura donc pas à se prononcer. Reste que la propriétaire de la pharmacie voit sa promesse d'achat capoter et doit désormais attendre de trouver un autre repreneur. La commune entend être active sur le sujet. Reste à trouver la, ou plutôt les perles rares, des pharmaciens et préparateurs disponibles.