Les cafés, hôtels et restaurants vont pouvoir rouvrir leurs terrasses à partir du 19 mai. Pour être prêts, ils vont devoir trouver du personnel. Un véritable parcours du combattant. Témoignages.
« C’est compliqué. » Comme beaucoup d’hôteliers-restaurateurs, Vincent Arnould, co-associé du Vieux Logis à Trémolat en Dordogne a des difficultés à recruter des saisonniers. La situation n’est pas dramatique pour lui, mais il lui manque un second de cuisine. Un poste essentiel pour le fonctionnement de son établissement haut de gamme.
J’ai zéro réponse. J’ai pourtant posté mes annonces sur plusieurs sites internet comme Relais &Châteaux, Pôle emploi, Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie. Aucun retour pour l’instant.
Beaucoup de salariés sont partis vers d’autres métiers
Selon lui, le secteur a toujours eu, depuis une vingtaine d’années, plus ou moins du mal à trouver des bras mais la crise sanitaire a accentué ce phénomène à cause des dates de réouverture des établissements qui ont sans cesse été modifiées.
Les gens pensaient à tort qu’on aurait l’embarras du choix après la crise. On s’est trompés. De nombreux employés restés chez eux durant le confinement ont eu le temps de réfléchir et ont décidé de changer de vie. Car cette branche professionnelle est très particulière.
A tel point que certains se sont reconvertis dans d’autres secteurs. Et d’ajouter :
Comme les employés de l’hôtellerie-restauration ont en principe bonne réputation, ils n’ont pas eu de mal à trouver des postes.
Difficile de concilier vie privée et professionnelle
Le gros problème de ce métier, analyse- t-il, c’est le décalage énorme par rapport aux autres en terme de salaire et temps de travail. De plus en plus de candidats nous demandent de faire des horaires continus pour pouvoir concilier plus facilement vie privée et vie professionnelle. Malheureusement, nous ne pouvons pas accéder à leurs demandes. Ce n’est pas possible ! » regrette-t-il.
Même constat pour Bruno Marien, propriétaire du restaurant O ! Plaisir des sens à la Roque-Gageac en Dordogne. Lui aussi peine à recruter du personnel pour son établissement chic et classique.
Durant le confinement, trois de mes employés qui étaient au chômage partiel ont carrément démissionné : un apprenti, un pâtissier et un chef de partie (cuisinier confirmé). Je les comprends tous ces jeunes : ils n’avaient plus rien à faire alors ils ont préféré rentrer chez eux et ils ont saisi de nouvelles opportunités ».
Pour faire face à la reprise d’activité, il n’a donc pas d’équipe complète : un pâtissier et un chef de partie manquent toujours à l’appel. Bruno Marien a déposé une annonce il y a deux semaines et il n’a eu que deux retours. Deux candidats qui ne correspondaient pas aux profils recherchés.
Une situation inquiétante pour le secteur alors que la Dordogne fait partie des destinations privilégiées des touristes chaque été.
On risque de manquer de personnel
« Depuis l’annonce du déconfinement, on sent que les clients sont impatients. On croule sous les demandes de réservations. Le problème, c’est qu’on risque de manquer de personnel pour les accueillir correctement. Certes, on aura bien quelques étudiants pour des jobs d’été mais ils n’ont pas la formation adéquate, ils ne sont pas assez qualifiés et nous aurons très peu de temps pour les former » reconnaît Vincent Arnould.
Une chose est sûre : les hôteliers-restaurateurs vont devoir mettre les bouchées doubles pour reprendre le travail le 19 mai avec des Français qui ont hâte de retrouver les terrasses et une vie sociale.