À la mi-mars, les militaires quittent définitivement Savignac les Églises pour s'installer à Saint Martial d'Albarède. L'opération était prévue, mais le départ des militaires créé l'inquiétude dans la commune.
On n'arrête pas le progrès... ni la diminution des services publics en zone rurale. Postes, écoles, mairies, centres des impôts, ajoutez à cela la disparition des petits commerces et des médecins, et vous avez le tableau des petites communes de campagne présentes ou à venir. Savignac-les-Églises vient de rejoindre la longue liste des bourgs qui se désolent de perdre un service public de première importance, la sécurité, les familles, l'activité et les revenus qui vont avec.
La caserne de gendarmerie se vide peu à peu
Savignac-les-Églises, à 21 km de la préfecture, fait partie de la communauté d'agglomération du Grand Périgueux depuis 2017. La commune et son petit millier d'habitants possédaient leur propre gendarmerie depuis plusieurs décennies. Particulièrement utile pour un village qui accueille également une école hôtelière forte de 450 étudiants dans la force de l'âge. La caserne a été occupée par 26 personnes, mais ces derniers temps, il ne restait plus que six gendarmes présents sur place.
Un "luxe" qui permettait aux habitants d'avoir une réponse immédiate à des réclamations généralement urgentes. Au mois de mars, le départ de tous les gendarmes sera définitif, il avait été planifié par le gouvernement depuis 2015, au motif de la vétusté des locaux. En théorie, le secteur de gendarmerie qui comprend Savignac, Excideuil, Hautefort et Thenon gardera les même effectifs militaires, mais il n'y aura plus que trois unités distinctes au lieu de quatre.
Depuis 30, 40 ans on a toujours eu des gendarmes. Quand on allait les voir, on était toujours servis, et là il faudra aller à Excideuil pour essayer de voir ce que l'on pourra faire !
Un habitant de Savignac-les-Églises
Les commerçants aussi regrettent le départ des militaires, alors qu'ils commencent à déplorer des tapages nocturnes et des cambriolages dans les environs. Une caserne plus éloignée, c'est un temps de réaction proportionnellement rallongé s'il y a besoin d'intervenir en urgence.
L'impuissance des maires
"Nous n'avons pas beaucoup de moyens, nous les maires, pour s'opposer à cela", déplore Évelyne Roux, maire de Savignac-les-Églises. La commune absorbée par le Grand Périgueux n'est plus chef-lieu de Canton et l'édile pense que ce changement a pu peser dans la décision prise par l'État. Évelyne Roux espère que les relations avec la gendarmerie seront toujours aussi suivies, malgré la distance, et elle attend la permission de la Préfecture pour pouvoir installer une quinzaine de caméras de vidéo-surveillance afin de rassurer la population.
Effacement en douceur
La disparition, programmée depuis 6 ans, s'est faite en douceur. Ces derniers temps, les locaux n'accueillaient plus le public que trois jours par semaine. Pendant ce temps les urgences se traitaient en "télétravail" à Périgueux, via un interphone placé devant l'établissement. À terme la caserne de Savignac sera rasée, à charge pour Périgord Habitat et la commune de reprendre leur terrain pour d'autre usages.
Les gendarmes ont été délocalisés à Saint-Martial d'Albarède, près d'Excideuil, dans de nouveaux logements. Les habitants de Savignac qui voudront aller les voir devront faire au minimum 12 kilomètres pour les y retrouver. Les autres choix sont Hautefort, à 24 kilomètres, ou Thenon, à 26 kilomètres. Faire entre 25 et 50 kilomètres pour signaler un délit ou effectuer une formalité va certainement compliquer la vie de la population locale et surtout des personnes les moins mobiles, ou les moins motivées.
"On a fait 30 kilomètres pour arriver à trouver des gendarmes qui étaient prêts à recevoir notre plainte, ça, c'est pas normal !" se plaint déjà cette administrée.
Ubiquity, la proximité autrement
Consciente du problème, mais bien obligée de se plier aux directives, la gendarmerie de Dordogne voit dans la fermeture d'une caserne l'opportunité de déployer plus de personnel sur le terrain. Parallèlement, elle teste actuellement sur le secteur le dispositif "Ubiquity". Un terminal sécurisé qui permet à une équipe mobile d'enregistrer les plaintes directement auprès des usagers, à leur domicile ou dans un lieu public. Une manière de maintenir le contact malgré tout.