La crise du coronavirus a eu le mérite de faire réfléchir sur notre mode de vie. L'engouement pour le bio, la vente directe, le local et les achats en ligne dèjà amorcés auparavant se confirment dans la durée. Illustration avec le succès de Résio en Dordogne
Le premier supermarché français a 62 ans... l'âge de la retraite ? L'hégémonie tyranique des hypermarchés serait-elle en train de vaciller sur ses bases ? S'inspirant des États-Unis, Goulet-Turpin a inauguré le premier supermarché de France le 15 octobre 1958 à Rueil-Malmaison. Plus de 2 000 articles sur 560 m 2, à une époque où les commerces français ne proposaient guère plus de 600 articles sur 50 m ² en moyenne.
Le règne de l'abondance
Mais 60 ans après sa fulgurante conquête des ménages, la consommation de masse dans des hypermarchés regorgeant de produits standardisés ne fait plus rêver. En tout cas, une chose est sûre, les Français changent leur mode de consommation, et le phénomène s'amplifie notablement depuis le premier confinement.
Bio, local, en ligne
Le Français de demain veut consommer local, de préférence bio, responsable, et si possible en ayant le confort de commander en ligne dans un large catalogue. Un changement de mœurs que Marie-Virginie Esnon a parfaitement saisi. Et pour cause, cette fille d'agriculteurs a travaillé pendant des années au sein du groupe Mulliez (14 enseignes dont Boulanger, Decathlon, Auchan, Leroy Merlin, Kiabi) où elle s'occupait du redressement des sites en difficultés.
On trouve de tout sur place... ou presque
Après avoir fait le tour des possibilités offertes par le département en 2018, elle recueille les coordonnées d'une centaine de producteurs locaux, en sélectionne une cinquantaine et ouvre son site Résio l'an dernier. " Un prestataire de service offrant un transport collectif alimentaire entre les Producteurs, Artisans et Consommateurs particuliers ou professionnels, d’un même territoire : La Dordogne." Le site peut ainsi proposer aujourd'hui 2 800 références, en "trichant" tout de même un peu sur les produits que l'on ne trouve pas en Dordogne comme le gingembre ou les dattes, ou en débordant parfois sur d'autres régions.
Un système complet
6 personnes, une plateforme logistique basé à Eyzerac, des tournées de collecte les mercredis chez les producteurs et artisans, la préparation des commandes dans la semaine, et la livraison s'effectue le jeudi et le vendredi à domicile ou en Amis Relais dans toute la Dordogne. Les commandes se font sur le site Résio.fr ou par téléphone, et Résio garantit des produits locaux agricoles de qualité qu'il a sélectionné "socialement équitables, écologiquement sains et à des prix justes et accessibles."
Un modèle commercial alternatif
Pour autant, pas question de reproduire une coopérative d'achat, et de devenir à son tour une grande surface de distribution. L'enseigne n’achète pas et ne revend pas les produits qui restent la propriété du producteur jusqu’à la livraison et dont il a fixé lui-même le prix. Résio se contente d'offrir la commercialisation et les supports administratifs et logistiques trop lourds à gérer par les producteurs (raison pour laquelles ils étaient jusqu'alors prisonniers des revendeurs).
Particuliers, professionnels, collectivités
Ouvert aux particuliers, Résio s'adresse également aux restaurateurs, épiceries locales, collectivités, aux producteurs et artisans ou aux fermes relais avec l'objectif de créer un réseau en Périgord.