Hausse de l'énergie et fermeture des piscines : à Périgueux et Bergerac on limite les dégâts avec des solutions écolos

Confrontées à la flambée du prix de l'énergie, les piscines ferment par dizaines. À Périgueux et Bergerac, des solutions adoptées avant la crise et une réduction du thermomètre permettent de limiter les dégâts

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La piscine par nature est très énergivore. Dans ces grandes superficies et ces gros volumes vitrés où l'air et l'eau doivent impérativement être maintenus entre 25 et 30 degrés, les chaudières tournent en continu, jour et nuit, le plus souvent au gaz. Raison pour laquelle tant de piscines préfèrent fermer plutôt que de plomber définitivement les comptes face à la flambée des prix de l'énergie, et notamment des énergies fossiles.

En attendant la piscine positive

La piscine écologiquement correcte existe. Ou du moins va exister. Elle s'appelle Alice Milliat et va ouvrir ses bassins dans quelques semaines à Bourgoin-Jallieu, en Isère. Imaginez, une piscine à énergie positive qui produit donc plus d'énergie qu'elle n'en consomme : le rêve de tout gestionnaire communal.

En attendant que le concept se généralise, à Périgueux comme à Bergerac on fait plutôt mieux qu'ailleurs. Ces deux villes ont adopté un système de chauffage un peu plus écologique et économique qui leur permet de rester à flot pour l'instant et d'éviter autant que possible la fermeture.

Aqualud de Bergerac : la solution vient des profondeurs... et des hauteurs

Un bassin homologué de 25 mètres, un bassin d'apprentissage, un autre de sport collectif, une pataugeoire, ça nécessite de l'énergie. Alors l'Aqualud de Bergerac ouvert en 2020 a misé sur la géothermie. Un forage puise de l’eau à 171 mètres de profondeur, et par échange thermique, cette eau fournit une bonne partie de l’énergie nécessaire pour chauffer l’eau et l’air de la piscine, le complément étant fourni par des chaudières gaz. Résultat, une consommation réduite à trois fois moins de gaz qu'une piscine classique.

L'eau captée à 400 mètres de distance est constamment à 17°4 . Elle circule en circuit fermé. Après avoir traversé l'échangeur thermique et les installations techniques, elle est réinjectée dans le sol en ayant délivré 4 degrés au passage.

Pour faire bonne mesure, côté aérien, c'est l'eau de pluie récupérée des toiture qui alimente les toilettes, et des panneaux solaires chauffent pour moitié l'eau destinée aux douches. En savoir plus sur le site de l'Aqualud.

Périgueux : bois de chauffe

Périgueux avait aussi eu le nez creux en inaugurant dès 2018 sa méga-chaufferie des deux rives à Bertran-de-Born. Certes, deux chaudières sont alimentées au gaz, mais la troisième, la principale, l'est au bois. Et c'est elle qui fournit près de 90 % de l'énergie produite, les chaudières gaz ne servant qu'à soutenir la chaudière bois, en cas d'entretien ou de grand froid.

Un chauffage partiel au bois qui concerne aussi l'Aquacap.

Cette chaudière énorme fournit un réseau de chaleur urbain qui alimente une quarantaine de sites via 5 km de réseau sous-terrain. L'équivalent chauffage et eau chaude de 2 000 foyers. Parmi les bénéficiaires une résidence, la clinique Francheville, la cité scolaire, des HLM, une dizaine de particuliers et donc, la piscine Bertran-de-Born.

La chaudière principale est alimentée par des plaquettes forestières, du bois broyé et séché. Un compromis entre la bûche et le pellet collecté dans un rayon d'une cinquantaine de kilomètres alentours. Valorisation d'un déchet forestier, recyclage des cendres (3% du bois) en engrais agricole, et ressource durable, le trio gagnant.

Quant à la toute récente piscine de Niversac, essentiellement dédiée à l'apprentissage de la natation pour les scolaires, elle a été conçue elle aussi dans un souci d'économie d'énergie et dotée de panneaux solaires. L'idée d'un toit ouvrant, jugée trop énergivore a été abandonnée au profit de baies vitrées. Elle reste néanmoins équipée d'une chaufferie traditionnelle au gaz, très peu dans l'air du temps, qui pourrait repousser son ouverture.

Frileux s'abstenir

Chauffer mieux, c'est bien, mais chauffer moins, ça marche aussi. Autre solution, qui risque de faire frissonner certains nageurs, réduire la température de l'eau et de l'air. À Bergerac, ce n'est pas parce que l'énergie est intelligente qu'on doit la dépenser sans compter. Au lieu des 20 000 €uros de chauffage habituels, la facture risquait de grimper à 60 000. Pour dépenser moins, il a été décidé de fermer (un peu) le robinet d'eau chaude de la piscine, et du chauffage de l'air. L'eau généralement à 28° sera désormais à 26, tout comme l'air. Une habitude à prendre, un fois qu'on est dedans, à condition de remuer un peu, on ne sent plus la différence.

On a voulu baisser notre température de deux degrés par rapport à nos factures qui arrivent, tout en maintenant le service voulu toute l'année dans la piscine. C'était ça ou on fermait. Étant donné que notre piscine n'est pas trop énergivore, baisser de deux degrés ça nous permet de maintenir la piscine.

Jean-Luc Passerieux, gestionnaire technique bâtiments Communauté d'Agglomération Bergerac

L'impact sur la consommation de gaz, utilisé comme appoint pour "booster" la géothermie, va être énorme, se réjouit Jean-Luc Passerieux. Tout en reconnaissant que certains collègues ont trouvé l'eau "un peu fraîche"...

Le reportage sur place de France 3 Périgords - Aurore Trespeux & Pascal Tinon, montage Sophie Giraud

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