Michel Duchène a été adjoint au maire d'Alain Juppé. A Bordeaux, il a géré l'arrivée du tramway, l'aménagement des quais, le débat enflammé sur la création d'un nouveau pont sur la Garonne, il porte un regard très critique sur l'attitude du département de la Dordogne dans le dossier Beynac.
Depuis le confinement, Michel Duchène a investi sa maison de vacances de Castels. Cet ancien libraire bordelais qui avait participé à la création du parti écologiste "Les Verts" s'était pourtant juré de ne plus retomber dans le débat politique. En 2018, il avait publié un livre "La Grande Métamorphose de Bordeaux". Aujourd'hui, il prend position sur le dossier de Beynac en "contribuable excédé" et "citoyen en colère" n'en pouvant plus de "la conduite consternante" de cette affaire par le Conseil Départemental de la Dordogne.
"Il faut s'en sortir par le haut !"
"En politique, on ne gagne pas toujours, et quand on perd, il faut s'en sortir par le haut" affirme t'il. Il se souvient du dossier du projet du pont Chaban à Bordeaux. Alain Juppé avait voulu le placer en premier lieu au droit de la place des Quinconces. Finalement après un âpre débat ce dernier a été implanté bien plus loin. "Alain Juppé m'a indiqué quelques temps plus tard, heureusement qu'on avait perdu" se souvient l'ancien vice-président de Bordeaux Métropole.
C'est donc une tribune qu'il publie aujourd'hui. La voici
"Pour le contribuable de Dordogne, la conduite du dossier de l’ex-contournement de Beynac par le Conseil Départemental est consternante.
Le Président de cette instance, représentant élu de milliers de citoyens, ne respecte pas et n’applique pas les décisions de justice concernant la démolition d’un chantier public et la remise en état du site impacté.
A l’heure où notre société peine à faire respecter le droit, la loi, la république, où il semble nécessaire de restaurer l’état de droit dans certains territoires, ici, en Dordogne, c’est l’un des représentants élus, et pas le moindre, le Président du Département, qui enfreint la justice et, dans une attitude de non-exemplarité totale, prend la figure du hors-la-loi.
Avec cette inversion hallucinante des rôles, où la loi est piétinée par ses représentants, les décisions de ce même département transforme le contribuable périgourdin en victime.
L’argent public dépensé pour le contournement, pour les actions en justice, pour les prochaines démolitions des ouvrages réalisés, pour la future remise en état des lieux, le manque à gagner pour l’économie locale des déviations mises en œuvre pendant le chantier et le coût des milliers de kilomètres supplémentaires parcourus, tout cela me donne réellement le tournis : un immense gaspillage de millions d’euros d’argent public, d’argent des particuliers … Au moment où notre Département s’enfonce dans la dépression économique et sociale accélérée par la crise sanitaire, nul doute que cette immense somme aurait pu être sollicitée pour des besoins autrement plus vitaux.
En plus de ce gâchis financier direct, et sans évaluer la perte de biodiversité subie pas les écosystèmes détruits, un nombre d’accidents de la route conséquent est survenu sur la départementale 25 entre St Cyprien et Sarlat lors des multiples déviations décrétées en raison d’abord du chantier, puis récemment du bitumage de la traversée de Beynac.
A présent, le dernier épisode de la chute de quelques pierres d’un muret à Beynac fournit un nouveau prétexte à de nouvelles dépenses et à la fermeture d’un axe vital. D’où une nouvelle déviation sur des routes où la circulation des poids lourds n’est pas prévue et se révèle puissamment accidentogène. Cet incident mineur relance toute la machinerie du Conseil départemental qui brandit le danger des falaises qu’il faudrait absolument contourner sous peine de mort ! Tous les prétextes sont bons désormais pour faire croire que sans le contournement de Beynac il n’y aura pas de salut !
J’assiste, contribuable excédé, citoyen en colère, à tous les épisodes d’une mauvaise série B produite par une administration captive d’un scénariste devenu fou. Des techniciens aux ordres, une universitaire complaisante et commanditée, interviennent régulièrement dans ce feuilleton dont la justice a pourtant écrit le mot « fin ».
Car la question actuelle n’est plus d’être pour ou contre le contournement de Beynac mais de respecter la décision de justice comme tout contrevenant ou délinquant se doit de le faire."