Depuis peu, les pharmacies peuvent se doter d'un dispositif de reconnaissance de lésion cutané,e élaboré par une start-up de Dordogne. Un premier dépistage dans les officines qui permet de s'orienter vers un spécialiste en cas de doute.
Clic-clac, trois petites photos et on a déjà de quoi être renseigné. Dans cette pharmacie de Ribérac, en Dordogne, on ausculte à l'Intelligence Artificielle. Un petit appareil permet de prendre des photos qui seront analysées automatiquement pour établir si un bouton suspect, un grain de beauté, doit être mis sous surveillance, ou s'il est bénin.
Les photos suspectes sont ensuite envoyées chez un dermatologue et en 48h, vous savez si vous avez besoin d'aller consulter. "Comme j'ai été exposé pas mal de temps au soleil parce que je vis en Nouvelle-Calédonie, c'était une opportunité. Ça m'évitera d'attendre les six mois pour un rendez-vous chez le dermato.", explique Philippe, un patient de passage.
80 000 cas par an
Selon une étude menée par la Société Française de Dermatologie (SFD), 16 millions de Français de plus de 15 ans, soit une personne sur trois, serait touchée par une des multiples maladies de peau. L'une des plus redoutées est bien sûr le cancer de la peau. Ce cancer est l'un des plus fréquents en France. Chaque année, 80 000 cas sont diagnostiqués. Contrairement à d'autres cancers dont les campagnes de détection ont permis de ralentir l'expansion, le cancer de la peau s'est accru depuis les années 80. En cause, le changement des mœurs qui a conduit à beaucoup plus s'exposer au soleil dont les UV seraient à l'origine des deux tiers des cas de cancer de la peau.
Détection précoce
Le cancer de la peau est dit « à bon pronostic ». Pris en charge correctement, il offre la probabilité d'une guérison à long terme. Et comme pour les autres cancers, cette guérison est largement augmentée par une détection précoce. Un diagnostic que la baisse du nombre de médecins généralistes et de dermatologues ne favorise évidemment pas. Selon les zones, un rendez-vous chez un dermatologue peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, d'un temps précieux.
Quinze euros la détection
C'est la start-up Skinmed basée à Ribérac, en Dordogne, qui a conçu cet appareil capable "d'ausculter" les endroits suspects. Bien sûr, il ne remplace pas l'expertise d'un spécialiste, mais il permet d'ôter un doute rapidement. Il a déjà été déployé dans les pharmacies d'une vingtaine de départements. Depuis février, la pharmacie de Ribérac a ainsi réalisé plus de 150 dépistages qui ont permis, le cas échéant, d'orienter les patients vers un spécialiste. Le prix de la détection avoisine les 15 euros selon les pharmacies. L'avantage est bien sûr dans la disponibilité du test pour les patients, mais aussi pour les professionnels. "Là, ils n'ont pas besoin en plus d'aller "embêter" un dermatologue pour rien" explique Sophie Bonneau, la cogérante de la pharmacie.
Multiples détections
"En 5 secondes, vous avez l'IA qui vous donne un diagnostic et son indice de confiance. Aujourd'hui, elle est capable de détecter neuf types de lésions différentes, des malignes, mais aussi des bénignes et aussi l'indice de malignité" détaille Jennifer Gauthier, présidente de la start-up Skinmed de Ribérac. Carcinome (type de lésion le plus courant), mélanome (le plus à surveiller), kératoses solaires, on peut imaginer que les progrès permettront à l'avenir aux appareils d'augmenter encore leur fiabilité et leur facilité d'utilisation pour les rendre encore plus accessibles au grand public. Mais pour une question de fiabilité, rien ne remplace encore l'expertise d'un médecin spécialisé. Lorsqu'il est disponible.