Ultime recours des partisans du projet, le Conseil d'État rendra son avis définitif dans 12 jours. S'il est débouté, le Conseil Départemental devra s'exécuter et remettre le site dans son état initial. En attendant, personne ne désarme. Pire : depuis les municipales, la tension remonte.
Quel rapport entre Amazon à Paris, une cimenterie à Toulouse et Beynac en Dordogne ? Réponse, après la pandémie de Covid-19, une opération nationale baptisée Agir contre la ré-intoxication du monde !
À chaque fois, une marche était organisée ce mercredi 17 juin par un collectif de syndicats, associations, et territoires en lutte. Le but est de faire en sorte que "le jour d'après ne soit pas comme le jour d'avant". Comprenez moins de béton, de gaspillage et d'atteinte à la nature qu'auparavant. À Beynac, il s'agissait de rappeler que la justice avait déjà ordonné la démolition du chantier.
Localement, la marche, qui a rassemblé bien peu de personnes, était organisée par le Comité d'Action Non-Violente et Résistance de la ZAD de Beynac/Fayrac. À noter que bien que poursuivant le même objectif, la Sepanso et l'association Sauvons la vallée Dordogne ne s'y étaient pas officiellement associées, préférant attendre patiemment le 29 juin.
Des gens ont décidé de faire une manifestation. Nous on considère que par rapport à une décision de justice et à ce qu'a dit le Préfet, il n'y avait aucune raison de faire quelque chose [...]. Nous, on attend. Patiemment et sereinement.
Pour Michel André, président de la SEPANSO 24 et l'un des plus acharné opposant du projet, il est urgent d'attendre. Il est assuré que le Conseil d'État tranchera en sa faveur, rien ne sert de s'agiter, cela risquerait même d'être contre-productif. Son espoir, que le chantier soit définitivement "enterré", que la remise en état exigée par la justice soit effectuée en temps voulu sous la surveillance du Préfet, et que le site retrouve son état d'origine, voire qu'il soit même amélioré.
Il ne faut pas surtout pas que le département croit qu'à partir du moment même où les opposants ont gagné, on va se laisser faire ! Il est indispensable que cette région retrouve son caractère antérieur !
Philippe d'Eaubonne a été l'un des plus fervents opposants, lui aussi est dans une attente confiante mais attentive. Et il avertit le Conseil Départemental que si la décision de justice leur est favorable, il s'apprête à jouer d'autres cartes pour le forcer à remettre en état "ce joyau historique, environnemental et même économique".
Je suis élu de la commune de Castelnaud-la-Chapelle depuis 37 ans. J'ai été 31 ans maire. Et je sais parfaitement que la population locale est très favorable à la déviation ! [...] Il y a un consensus en Dordogne, pour que ce chantier se termine. Si le Conseil d'État arrêtait la procédure, ça voudrait dire qu'on est dans un pays de fou ! Et ça voudrait dire aussi qu'on n'est plus dans un État de droit !
"Je vais vous dire une chose, ce chantier, il est pas démoli demain. Et nous allons remettre ce dossier au Président de la République !". Plus batailleur et virulent que jamais, Germinal Peiro rappelle que ce sont les services de l'État qui ont donné l'autorisation de débuter le chantier, que le Premier Ministre a donné son autorisation écrite, et qu'enfin en juillet 2018 lors de sa venue en Dordogne, Emmanuel Macron lui-même l'avait assuré de l'issue favorable du projet. En clair, le Département luttera jusqu'au bout pour l'achèvement de ce chantier et renvoie le Gouvernement à ses responsabilités.
On est pour, et on soutient le Conseil Départemental pour achever ces travaux car cette déviation est indispensable pour Beynac, et si elle ne se fait pas maintenant, peut-être que ça ne se fera jamais.
88,33% de participation malgré le Coronavirus, élu à 57, 4 % au premier tour, le nouveau maire de Beynac Serge Parre a bénéficié d'un plébiscit lors des dernières municipales. Et l'un de ses thèmes de sa campagne, c'était justement l'achèvement de la déviation de Beynac, à l'inverse de son prédécesseur Alain Passerieux.