Contrôles renforcés, abattages systématiques, rien n'y fait. Depuis des années, le département n'arrive pas à éradiquer la tuberculose bovine, fléau redouté des éleveurs. Une nouvelle vague vient de sévir en Dordogne. Les agriculteurs doivent renouveler leur cheptel en totalité.

Officiellement, il n'y a plus de tuberculose bovine en France.
Depuis 2001, l’Union européenne considère que la France est officiellement indemne de cette maladie. Pourtant, elle n'a pas disparu des élevages français. Elle persiste, et voire même progresse par exemple en Nouvelle-Aquitaine. On dénombre une centaine d'élevages touchés en moyenne chaque année.

De multiples vecteurs de la maladie

Cette maladie infectieuse est causée principalement par la Mycobacterium bovis, une bactérie qui peut infecter de nombreuses espèces domestiques et sauvages, y compris éventuellement l'homme.

Elle se transmet essentiellement par voie respiratoire et prolifère surtout entre bovins réunis au sein d'un même élevage. Mais si son éradication est aussi compliquée, c'est qu'elle utilise de nombreux hôtes pour se maintenir et voyager. Elle peut infecter les cervidés, les sangliers, blaireaux ou renards qui, au contact de bovins dans les pâturages, vont installer le foyer dans un nouvel élevage. La bactérie peut survivre plusieurs mois dans le même environnement, sans que sa présence ne soit identifiée dans un élevage. Son incubation particulièrement longue complique sa détection, et son éradication rapide.

Aucun cas en 31 ans

C'est ce qui est probablement arrivé à Laurent Gawron, éleveur de père en fils à Trélissac, près de Périgueux. En novembre dernier, il s'aperçoit qu'une de ses vaches perd du poids. Quelques temps et quelques analyses plus tard, les résultats tombent. Après le test positif d'une première génisse, petit à petit, plusieurs de ses animaux sont touchés.

Depuis 31 ans, Laurent n'avait jamais eu de cas de tuberculose. Ses animaux ont été achetés sains, et depuis leur arrivée, il n'y a pas eu d'échanges, ni de contacts avec d'autres élevages. Il n'y a d'ailleurs pas d'autres éleveurs à moins de 6 km.
La réglementation est claire, si la tuberculose s'est installée dans l'élevage, tous les animaux doivent être abattus. Le 16 juin dernier, les trente vaches et veaux dont Laurent s'était occupé chaque jour sont abattus. Plus qu'une simple perte financière, un véritable crève-coeur.

Vigilance sauvage

Avant de pouvoir reprendre d'autres animaux, Laurent a dû aussi prendre des précautions imposées par les services vétérinaires. Il a, par exemple, isolé son tas de fumier avec une clôture électrique pour éviter que les sangliers et autres animaux sauvages ne viennent s'y contaminer.
Les services vétérinaires sont particulièrement vigilants à cette infection de la faune sauvage autour des foyers domestiques, dont la surveillance est assurée par dispositif national Sylvatub. Avec l'aide du Groupement de Sanitaire de Défense du Bétail de Dordogne, Laurent est parti à la recherche de traces des éventuels fautifs... en vain

À la base, c'est le blaireau le plus transmetteur. Mais on a fait le tour avec le Groupement de Défense Sanitaire du Bétail, on n'a pas trouvé un passage de blaireau, on n'a pas trouvé une crotte, on n'a pas trouvé un trou, enfin on n'a rien trouvé... Par contre, on a énormément de sangliers. Du cerf, ça commence à arriver, mais c'est minime encore.

Laurent Gawron, éleveur

Un élevage de 583 bêtes abattues

À Thiviers, Jean-Marc Léonard a connu un cas similaire, mais à beaucoup plus grande échelle. Chez lui, ce sont 583 bêtes qui ont été conduites à l'abattoir fin mars.
Et ce n'est malheureusement pas une nouveauté, il y a tout juste 10 ans, en 2011, il avait déjà dû faire abattre tout son troupeau. Il lui faudra des mois pour reconstituer son cheptel, à partir d'élevages soigneusement sélectionnés.

Sept départements concernés en Nouvelle-Aquitaine

La Dordogne fait partie des 21 départements français classés en niveau de vigilance 3, avec mise en place de surveillances programmées sur les blaireaux en zones infectées, et sur sangliers dans l'ensemble des zones à risques. En Nouvelle-Aquitaine, la Charente, Charente-Maritime, la Gironde, la Haute-Vienne, les Landes, le Lot-et-Garonne sont les autres départements concernés.

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