Le gel a touché les arboriculteurs de plein fouet. À Bergerac, on constate les dégâts

Des gelées historiques, après une grande douceur, le scénario catastrophe s'est reproduit pour la deuxième année consécutive, touchant notamment les pruniculteurs de Dordogne

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

En avril, la récolte est en péril. La vague de douceur de la semaine dernière avait fait sortir les fleurs des pruniers, pommiers ou poiriers. Une floraison précoce liée au réchauffement global de plus en plus souvent observée. La gelée qui s'est abattue pendant trois jours, et surtout dans la nuit de samedi à dimanche a fait des ravages chez la centaine de pruniculteurs du Sud du Périgord. La nuit la plus froide pour un mois d'avril depuis 1947 selon les météorologues. Sur les parcelles de Bergerac, la température est descendue sous les - 5 degrés par endroit, un triste record local pour un mois d'avril.

Mêmes les gelées inhabituelles du printemps dernier, pratiquement à la même époque, n'avaient pas été aussi fortes. Les deux tiers des prunes avaient brûlé, la récolte 2021 n'avait donné que 15.000 tonnes de pruneau contre 45.000 en année normale. Mauvaise récolte, qui impacte tout le secteur.

Le gel a fait des ravages sur les pruniers de Dordogne, pour la deuxième année consécutive, une de trop pour la profession qui aura du mal à s'en remettre ©France 3 Périgords - Vanessa Fize & Anne-Laure Meyrignac

Moins 4,5 ° sur un verger de pruniers, vous avez 90% des prunes qui sont brûlées. [...] L'an dernier on a fait 15 000 tonnes, là on est entre 10 et 15 000 tonnes. On pense que l'impact a été encore plus fort que l'an dernier. Donc ça va être dur pour la filière de se relever.

Nicolas Mortemousque, Pdt Bureau interprofessionnel du pruneau

Un "petit séisme" dans la filière

Une deuxième année sans récolte, ce sont des charges qui courent et une trésorerie qui ne rentre pas. Les mesures anti-calamité agricole ne font que transformer un grand déficit en un déficit réduit, déplore Nicolas Mortemousque qui parle d'un véritable petit séisme dans la filière. Un coup dur pour ces entreprises locales spécialisées, mais aussi pour les 10 000 emplois directs en Dordogne et dans le Lot-et-Garonne qui en dépendent. La filière attend des pouvoirs publics une aide en conséquence.

Panoplie anti-gelée

Quand et comme ils l'ont pu, les producteurs ont protégé les fleurs fragiles, notamment avec le principe de l'Igloo. Paradoxalement en températures négatives, l'irrigation précoce et en surface des arbres permet de former une couche de gel protégeant les bourgeons, les fleurs et les jeunes fruits des gelées nocturnes.
D'autres ont disposé des bougies chauffantes au pied des arbres. Par endroit, on a créé un brouillard artificiel en projetant dans l’atmosphère un mélange à 40° d’eau, d’huile végétale et d’oligo-éléments utilisables en agriculture biologique. Le brouillard obtenu empêche le soleil de brûler les bourgeons pris dans la glace quand le jour se lève.
Par endroit, certains utilisent l’éolienne ou tour anti-gel. Le mécanisme très simple (bien qu'assez onéreux) se déclenche lorsque la température descend sous les 2°. En pulsant l'air des hauteurs vers le bas, on réchauffe le sol et on assèche l’air. Il est même possible d'adjoindre un brûleur pour réchauffer l'air. Des techniques déjà employées en viticulture.

Méthodes exigeantes aux résultats incertains

Autant de parades très mobilisatrices en moyens énergétiques, humains et financiers, mais à l'efficacité inégale. Les dégâts ne se constatent vraiment que dans les jours suivants, et différemment selon les parcelles ou les variétés cultivées. Fruits perdus, tachés ou déformés, il faudra encore attendre avant d'avoir des chiffres précis à avancer, mais les professionnels ne sont pas optimistes.

Et à long terme ?

Les périodes de gel printaniers, jusqu'alors phénomènes décennaux exceptionnels, tendent à se généraliser et interrogent la profession sur les scénarios d'anticipation possibles.
Faut-il privilégier d'autres variétés plus tardives, repenser les implantations des parcelles ? Faut-il maintenir les mêmes productions avec les mêmes méthodes et utiliser des techniques toujours plus pointues pour lutter pied-à-pied contre chaque menace, humidité, orage, grêle, gelée, sécheresse ?
Faute d'avoir attaqué le problème du dérèglement climatique à la source et à temps, les agriculteurs et les pouvoirs publics vont devoir en assumer les conséquences... comme nous aurons tous à le faire, tôt ou tard.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information