Les 1350 exploitations nucicoles de Dordogne sont en pleine saison de récolte. Les aléas climatiques ne semblent pas avoir affecté la production 2021, mais le danger vient plutôt de la concurrence d'importation. Plus que jamais, la noix du Périgord doit défendre sa qualité pour faire la différence
"Cette année, on a la chance d'avoir une belle récolte !". La parole de Pierre Delaire, nuciculteur de son état, est rare chez les agriculteurs, surtout depuis que les aléas climatiques se précipitent, et elle mérite d'être soulignée. L'été a été pluvieux, et les noyers ont apprécié. Beaucoup plus que les gels et les sécheresses des années précédentes. La période de récolte des noix a débuté, elle devrait durer tout le mois et Mr Delaire est satisfait. Satisfait de la récolte, mais inquiet de l'avenir.
Les prix ont chuté d'un tiers ces dernières années, quasiment, suite à des importations. Alors on espère. Si le prix se maintient, ça devrait aller quand même
Noix du bout du monde
Les importations dont parle Pierre Delaire, ce sont celles des États-Unis et du Chili. Des monstres industriels en terme de production de noix. 5 pays se partagent 90% du marché mondial de la noix, la Chine, les États-Unis, le Chili, l'Iran et l'Ukraine. Et dans cette guerre des géants, la France ne représente qu'1% de la production mondiale. Les français, qui consomment de plus en plus de noix excellentes pour la santé sont donc un débouché de plus pour ces très gros producteurs. Et les petites exploitations familiales françaises ne peuvent pas faire face en terme de productivité et de coûts. La différence doit donc se jouer ailleurs,
Jouer la qualité bio
Pour se différencier, la noix du Périgord, comme les autres noix françaises, doit jouer la qualité et séduire une clientèle heureusement de plus en plus regardante sur ce qu'elle consomme et sur son empreinte carbone. Pour la proximité, le Périgord est imbattable en France, et pour la qualité, les recherches se poursuivent pour des vergers les plus vertueux possible. Les stations d'expérimentation aident les producteurs à établir des protocoles évitant au maximum le recours aux produits chimiques pour lutter, par exemple, contre le carpocapse ravageur de la pomme et de la noix.
Déphy noix Dordogne pour "déphytosanitariser" les noyers
Depuis 2017, 12 agriculteurs répartis sur l’ensemble de la zone nucicole représentative de la production départementale et régionale se sont constitués en un Réseau Fermes DEPHY Noix Dordogne. Les exploitations conduites en agriculture biologique représentent 25% du groupe et le but est de partager les expériences avec l'ensemble de la profession pour évoluer vers des techniques de production plus respectueuses des hommes et de l’environnement. Un savoir-faire partagé qui pourrait inspirer l'ensemble de la profession sur tout le territoire français.
On s'aperçoit que ceux qui utilisent ces méthodes alternatives obtiennent des résultats tout à fait corrects, en se passant pour la plupart totalement de produits chimiques.
Bien meilleures, mais un peu plus chères
Reste un frein, souvent le même, au déploiement immédiat de ces méthodes : le coût qui reste supérieur si l'on veut se passer de chimie dans les noyers. Pour dépasser l'obstacle, il faut convaincre le consommateur d'accepter de dépenser un peu plus pour un produit de qualité, qui ne risque pas de lui faire avaler de produits toxiques et qui n'a pas traversé la planète pour arriver en grande surface. C'est tout le changement de mentalité qui occupe la société française en ce moment, de plus en plus exigeante pour sa santé et inquiète pour le sort de la planète. Dans ce contexte, si elles arrivent à maintenir le cap, les noix bio du périgord devraient avoir de beaux jours devant elles