Dans le Périgord, la commune de Champagne-et-Fontaine ne veut pas d’éolienne sur son territoire

À Champagne-et-Fontaine, petit village de 400 habitants en Dordogne, le maire se bat aux côtés de nombreux riverains contre l’implantation de cinq éoliennes. Courrier au président de la République, mais également au PDG de la société sud-coréenne en charge du projet : il multiplie les actions pour défendre son territoire.

Il ne veulent pas voir le paysage de ce coin du Périgord ressembler à celui de la Charente voisine, envahi d'éoliennes. À Champagne-et-Fontaine (Dordogne), les opposants au projet d’implantation d’un parc éolien ne désarment pas.

Retoqué par la justice, le projet, qui prévoit l’installation de trois éoliennes à Champagne-et-Fontaines et deux à La Rochebeaucourt-et-Argentine a fait la navette au tribunal administratif. Les opposants ont déposé un recours contre la dernière décision prise par la cour d’appel de Bordeaux, qui autorise l'installation de ces cinq éoliennes de 165 mètres.

L’espoir d’être entendu jusqu’en Corée du Sud

Fâché, le maire, Pascal Devars, a pris sa plume. En septembre 2021, il a écrit au président de la République Emmanuel Macron pour l’alerter de "l’acharnement d’une multinationale ainsi que vos services de l’Etat à vouloir à tout prix implanter un champ éolien sur notre commune". Mais cela n’a pas suffi. Alors, le 11 janvier dernier, il écrit au président de la société sud-coréenne Hanwha, qui vient de racheter l’entreprise française en charge du projet et qui souhaite implanter 5 aérogénérateurs. Objectif : défendre son territoire et empêcher l’arrivée des pylônes.

"Je voulais lui présenter le parc éolien qu’il s’apprête à racheter, tout simplement", explique Pascal Devars, maire de Champagne-et-Fontaine. L’édile ne parle pas coréen, mais il a pu trouver un traducteur. Dans ce courrier, il rappelle l’historique du projet et surtout, l’importance de préserver le patrimoine. La menace d'un pylône à proximité de la maison de vacances de la famille du général De Gaulle, à Fontaine, est mal perçu.

"On se bat avec les moyens que l’on a !", justifie Pascal Devars. "On fait du lobbying comme le font ces grosses sociétés !"

L'inquiétude des riverains

Quant aux riverains, ce projet industriel ne passe pas. "Je ne pense pas que cela soit très utile ici, je ne suis pas d’accord du tout", se désole Marie-Françoise, habitante de la commune. "Ici, il n’y a pas vraiment de vent. Un peu de temps en temps, mais pas suffisamment pour y installer des éoliennes !"

L’implantation du parc éolien ne rassure pas non plus Patrick de Laplane, propriétaire du château de Clauzuroux, classé monument historique depuis 1947. Il a aménagé sa propriété en chambre d’hôtes et en gîtes. Il craint que les éoliennes dans les champs environnants ne fassent fuir ses clients. "Quand on sort de la maison, on aura une vue directe sur l’une des éoliennes", explique Patrick de Laplane. "Et depuis le jardin, qui sera bientôt ouvert aux visiteurs, on aura les deux autres en plein devant nous."

Avec l’Association Citoyenneté Environnement Périgord, il se bat depuis 2014 pour que le projet ne voit pas le jour. "C’est vraiment un déni de démocratie totale, la décision vient de Paris, qui l’impose à la préfecture ! Et nous, on doit subir le mépris de la province. Tout ça, c’est fait pour engraisser de gros groupes assis dans leur fauteuil à Paris et en Corée du Sud."

"C’est un passe-droit que l’État s’octroie"

Très contesté, ce projet est aujourd'hui en passe de se faire alors qu'une nouvelle règlementation empêche toute construction de hangars. Dans le cadre du récent plan local d’urbanisme, la zone agricole a en effet été classée ACE (Assistance continuités écologiques), ne permettant pas la délivrance de permis de construire.

"C’est un passe-droit que l’État s’octroie, je ne le comprends pas", dénonce le maire Pascal Devars. Avant de poursuivre : "On va accorder des permis de construire à ces promoteurs immobiliers sur des surfaces de 2000m2 alors que des agriculteurs, qui sont sur leur propre terrain, se retrouvent avec des refus de permis de construire pour des bâtiments agricoles liés à leur métier !"

CARTE. Champagne-et-Fontaine (Dordogne)

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