Depuis plusieurs semaines, un vent de discorde perturbe le quotidien paisible de la commune des Eyzies-de-Tayac-Sireuil, en Dordogne, entre un restaurateur et la mairie. Au cœur du conflit : des soirées musicales dont le son serait trop fort et perdurerait jusque tard dans la nuit. Le commerçant a décidé de vendre son commerce. La mairie s'explique.
"Ça ne m'amuse plus de venir chaque jour au restaurant avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête", confie amèrement Stéphane Ponsignon, directeur d'un restaurant situé dans la commune des Eyzies-de-Tayac-Sireuil, en Dordogne. Pour cause, depuis plusieurs semaines, le restaurateur reçoit des messages du maire lui indiquant d'arrêter les soirées musicales et festives à répétition, sous peine de fermeture définitive de l'établissement.
Quand il s'est installé dans la région, Stéphane Ponsignon avait une idée très claire du genre de restaurant qu'il souhaitait diriger. "Celui qui propose une cuisine au feu de bois, avec des produits locaux et de qualité, explique le restaurateur. Mais aussi un restaurant qui propose un service de midi à une heure du matin, avec un fond musical joué par des artistes et musiciens." Dans la réalité, si le projet culinaire ne dépend que de sa volonté, l'ambiance du restaurant est soumise au regard du maire de la commune.
Les soirées musicales dans le viseur
Après avoir signé un contrat pour plusieurs soirées de karaoké avec la mairie, comme il est de rigueur, Stéphane Ponsignon s'est vu contraint de les annuler aussitôt. "Le maire m'a dit que la première soirée avait été trop bruyante, alors je n'ai pas poursuivi", raconte le restaurateur.
Puis, ce sont peu à peu toutes les soirées musicales du restaurant, qui ont lieu plusieurs soirs par semaine, qui ont été remises en question par la mairie. Cette dernière avance un bruit trop important, à des heures trop tardives. "Pourtant, ce sont des musiciens qui chantent a capella", précise le restaurateur, qui ne revient toujours pas de cette querelle qui perdure depuis des semaines.
Dans ce village, il faut des animations le soir, sinon il faut construire des Ehpads.
Stéphane PonsignonRestaurateur aux Eyzies-de-Tayac-Sireuil
"Bonsoir monsieur, vous entamez votre troisième soirée musicale en une semaine en dépit de mes arrêtés. Je me vois contraint de faire fermer votre établissement la semaine prochaine pour trouble à l’ordre public. Bon week-end." Ces messages envoyés par le maire de la ville, Stéphane Ponsignon en a reçu quatre ou cinq. Depuis, il s'est résigné et a décidé de vendre son commerce. "Le maire mène une mauvaise politique. Les gens qui viennent en vacances veulent de l'animation. Ici, il n'y en a pas, il n'y a personne le soir", rapporte le restaurateur.
Il fait tout à l'envers, sans autorisations.
Philippe LagardeMaire de la commune des Eyzies-de-Tayac-Sireuil
Dans ce petit village de Dordogne, ces mauvaises relations entre la mairie et les commerçants sont aussi une première pour le maire (SE), Philippe Lagarde. "Il y a une quinzaine d'établissements dans le bourg et dès qu'ils veulent organiser des soirées, ils demandent l'autorisation. Lui ? Il ne le fait pas", regrette le maire Philippe Lagarde. Il n'est pas harcelé, on lui demande juste de respecter les règles."
Des soirées musicales encadrées ?
Un arrêté municipal, envoyé par courrier aux commerçants des Eyzies-de-Tayac-Sireuil, précise qu'une seule soirée musicale est autorisée par semaine, en extérieur. "La musique est autorisée jusqu'à 23 h 30, en diminuant le son à partir de 22 h 30, relate Philippe Lagarde. Aussi, pour la musique d'ambiance, elle est tolérée chaque jour de la semaine jusqu'à 21 h 30 et doit être basse."
Dans le département, un arrêté préfectoral est, quant à lui, en vigueur depuis le 2 juin 2016. Il établit : "Sur les terrasses des cafés ou restaurants, ne doivent pas être émis des bruits susceptibles d’être gênants par leur intensité, leur durée, leur répétition ou par l’heure à laquelle ils se manifestent."