Le restaurant-auberge Chez Camy, situé au cœur de Carresse-Cassaber dans les Pyrénées-Atlantiques, fête cette année ses 104 ans. Véritable institution dans le Béarn, il est tenu par la même famille depuis quatre générations.
Une année de plus pour cette auberge du Béarn. Au cœur du village de Carresse-Cassaber, dans les Pyrénées-Atlantiques, l'institution Chez Camy fête cette année ses 104 ans. Plus d'un siècle entre les mains d'une même famille, qui la dirige depuis quatre générations.
Enfant de bistrot
Voilà onze ans que Lily a repris les manettes de cette auberge, construite en 1920. "Un jour, des grillades étaient organisées dans le village, à Carresse-Cassaber, se souvient la maîtresse des lieux. J'entendais des anecdotes sur l'histoire de l'auberge, des mariages ou des baptêmes qui s'y sont tenus, raconte-t-elle. Puis beaucoup de déception à l'annonce du départ à la retraite de ma mère, Josiane, qui a tenu l'auberge pendant cinquante ans."
Je suis fière du travail accompli par mes aïeux. Si le restaurant est toujours là, c'est grâce à eux.
Lily SauvageGérante du restaurant-auberge Chez Camy
Cette reprise, Lily ne l'a jamais regrettée. Préserver ses souvenirs était bien trop important. "Cette auberge, c'était notre maison. Notre cuisine était celle du restaurant et notre salon était dans les pièces communes, raconte-t-elle, le sourire aux lèvres. Il y avait toujours de l'ambiance. Et pour une fille unique comme je l'étais, c'était sympa." Un style de vie singulier, celui "d'enfant de bistrot", qui n'aurait jamais vu le jour sans le travail de sa mère Josiane. Elle le reconnaît : "Ma mère a beaucoup travaillé pour maintenir cette auberge."
Ouvriers, routiers et riverains
Posées sur la table, devant la mère et la fille, des dizaines de photographies ravivent des souvenirs chaleureux. "Celle-ci, par exemple, a été prise en 1968. C'était notre premier comptoir, se souvient Josiane. On l'avait retapé puis on y a installé deux étagères pour mettre les bouteilles. Et c'était parti !" Elle aussi a repris l'auberge des mains de sa mère, avec l'aide de ses deux sœurs et de son frère au tout début. Une époque où la clientèle était en majorité composée d'ouvriers qui travaillaient dans les carrières de plâtre de la commune béarnaise.
"Aujourd'hui, je suis fière que ça perdure, sourit la retraitée. Ce n'est pas souvent que des endroits comme celui-ci tiennent sur quatre générations". Pour elle, la clé de cette longévité est l'amour de l'autre. "On en a aidé des gens, à les nourrir, à les loger et à les écouter", liste-t-elle. Des clients avec qui elle passait des soirées inoubliables : "Je me souviens des parties de belote avec 'Bilou', un client et ami. On se marrait bien, on formait tous une équipe. C'était le bonheur."
Moments de vie
Son frère, Serge Camy, se souvient aussi de son enfance passée au bar avec Josiane et leurs deux sœurs. "Quand on était petits, on chantait avec des basques espagnols dans le restaurant, rapporte le retraité, ancien champion du monde amateur de cesta punta, en 1970. On avait aussi créé un théâtre pour jouer devant les ouvriers. La reprise assurée par ma nièce Lily me fait chaud au cœur, confie-t-il, avant de conclure : Mes parents auraient été très contents."
J'entends depuis là-haut les rigolades et les bons moments de vie.
Laurentclient de l'hôtel-restaurant Chez Camy
En dehors de la famille, les clients aussi ont vécu, ici, des moments gravés dans leur mémoire. "Quand j'étais petit, explique Laurent, mon père m'emmenait ici pour boire un Orangina. Puis, dès 14 ans, j'y venais avec des amis en scooter." Aujourd'hui, il vit dans l'une des chambres, à l'étage. "Mon installation devait être provisoire, mais ça fait déjà quatre ans que je vis ici."
À l'occasion des 104 ans de l'auberge, une soirée est organisée ce samedi 17 août avec un concert du groupe de reggae basque Xiberoots.