Ce jeudi 15 juin, le tribunal de Bordeaux vend aux enchères l'immense parc abandonné depuis quinze ans. Mise à prix : 600 000 euros. Le Grand Périgueux est sur les rangs pour en faire un refuge de biodiversité
Le domaine Brantôme, du nom de la commune touristique toute proche, s'étale sur trois communes. Environ 157 hectares sur Château- l'Évêque, 20 sur Agonac et trois sur Biras. Il y a une quinzaine d'années, c'était l'un des endroits les plus fréquentés de Dordogne, de jour comme de nuit. Une ferme, trois étangs, des plages, un restaurant, trois discothèques, un centre équestre, un parc, des forêts, le tout dans un cadre naturel exceptionnel, entre Périgueux et Brantôme.
Histoire hors norme
Ce domaine hors norme a une histoire également peu commune. Il a été créé en 1982 par Georges Barre, vétérinaire et homme d'affaires. Un personnage public qui a défrayé la chronique judiciaire dans les années 70. Il a été au cœur d'une des plus grandes crises agricoles et alimentaires de son temps, le scandale de la viande de veau dopé aux hormones, accusée de causer la stérilité masculine.
Projets avortés
Après avoir connu ses heures de gloire, le domaine a été racheté en 2005 par un promoteur qui souhaitait lancer un projet de résidences de vacances, de village d'artisans et de parc de loisirs. Le projet ne verra pas le jour, et la société du promoteur finira par être placée en liquidation judiciaire six ans plus tard. C'est ainsi que le domaine se retrouve une nouvelle fois mis aux enchères au tribunal judiciaire de Bordeaux ce jeudi 15 juin à 15 h. Les deux mises aux enchères précédentes n'avaient pas permis de trouver preneur.
Un site vandalisé
Une vente hors du commun, car le domaine est immense et la vente se fera en un seul lot. Depuis son abandon, les bâtis ont été vandalisés et partout ailleurs la nature a repris ses droits. C'est donc une immense friche où les travaux seraient considérables pour redonner au site sa vocation initiale. Le cabinet d'avocats bordelais et parisiens Lexia chargé de la vente ne cache d'ailleurs pas l'état de décrépitude du millier de mètres carrés de bâtiments. Sur son site, il propose de nombreuses photos peu flatteuses.
Projets multiples
Reste que l'emprise immobilière pourrait faire envie à de multiples repreneurs, que ce soit pour des projets de loisirs touristiques, mais aussi pour de l'exploitation agricole, sylvicole, ou tout simplement pour un particulier qui souhaiterait s'offrir un domaine exceptionnel dans un cadre naturel unique, au cœur du Périgord vert.
L'idée verte du Grand Périgueux
Localement, les élus ont une autre vision. La communauté d'agglomération du Grand Périgueux a mis le dossier sur la table la semaine dernière lors du conseil communautaire. Il souhaiterait se porter acquéreur non pas pour rebâtir les lieux, mais au contraire pour tout raser et y laisser se développer un refuge de biodiversité. Une idée dans l'air du temps soutenue par l'élu en charge de la biodiversité Yannick Rolland, qui a fait l'unanimité. La somme que souhaite y consacrer l'Agglo serait de 750 000 euros.
Bombina Variegata et consorts
Idée d'autant plus défendable que le Conservatoire des Espaces Naturels a trouvé dans la richesse du site des orchidées, des loutres, des amphibiens et une pépite,
Autre avantage qu'y voit l'agglomération, cet immense espace vert protégé permettrait de compenser les projets d'urbanisation sur d'autres secteurs. On saura dès jeudi soir ce qu'il adviendra de ce projet vertueux.