Des sages-femmes mobiles pour pallier le manque de médecins : toujours pas d'accouchement possible dans cette maternité

À Sarlat, la maternité n’assure plus les accouchements depuis le 25 juillet. Face aux alertes, l’ARS s’est rendue ce vendredi 4 octobre à l’hôpital de Dordogne pour notamment présenter l’unité Koala, qui assurera le suivi des femmes enceintes. Une annonce qui ne satisfait pas les soignants et les parturientes, en attente du recrutement de médecins.

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À l’extérieur de la maternité de Sarlat, le comité de défense de l’hôpital a tenu, une nouvelle fois, à faire entendre ses craintes, ce vendredi 4 octobre. En effet, depuis le 25 juillet, les accouchements y sont suspendus faute de médecin. “Ça fait onze ans que, tous les jeudis, nous sommes là pour alerter la population sur le fonctionnement de l’hôpital. En un an, la maternité n'a été ouverte qu’un jour sur deux”, constate amèrement Nicole Marty, la présidente du comité de défense.

De l’autre côté des fenêtres de l’hôpital, le directeur de l’ARS, Benoît Elleboode était en réunion pour annoncer la création d’une nouvelle unité de sages-femmes mobiles, nommée Koala.

Disponibles 24h/24 et 7j/7

L’objectif de l’Agence régionale de santé (ARS) est clair : éviter coûte que coûte la fermeture de la maternité de Sarlat. “Ce dispositif complète une stratégie globale qui vise à pérenniser la maternité”, explique Benoît Elleboode, son directeur. “Pour cela, il faut quatre éléments : une autorisation administrative que nous avons pour cinq ans, un plateau technique performant, réunir des conditions de sécurité pour les parturientes pour éviter tout incident qui mènerait à la fermeture de la maternité et enfin, retrouver la confiance de la population du Sarladais.”

Si 20 millions d’euros ont déjà été annoncés pour “rénover et renforcer” le plateau technique, l’agence régionale de santé vient d’acter la mise en place d’une équipe de sages-femmes mobiles “disponibles 24h/24 et 7j/7” pour accompagner les femmes enceintes et les jeunes mamans. “Seront proposés des apprentissages sur le bébé, la préparation à la maternité, des diététiciens, des activités de nesting”, énumère Benoît Elleboode. Ces actes seront réalisés à domicile par les sages-femmes.

Le programme ferait ainsi office de tampon, en attendant de pouvoir recruter de nouveaux médecins et permettre la réouverture du service accouchement de la maternité sarladaise. “Il faut que l’on puisse fidéliser la population pour que quand le plateau rouvre, la confiance soit toujours là”, promet Benoït Elleboode.

Stress, retards

Un palliatif insuffisant pour les équipes médicales et les futures mères qui témoignent du stress permanent. “On a des retards de prise en charge, beaucoup de mamans stressées, angoissées avec des effets collatéraux sur leur grossesse”, illustre Cindy Sanna, une infirmière libérale. 

Il y a des femmes qui ont accouché sur la route.

Cindy Sanna,

Infirmière libérale, membre du comité de défense de l'hôpital

L’infirmière dénonce une prise en charge dégradée de ces femmes. “Lorsque les femmes accouchent, on met en place la délivrance placentaire dirigée. Il s’agit de l’injection d’un produit qui améliore la contraction de l’utérus et qui réduit de 60% les risques d’hémorragie. Sauf que ce doit être fait dans les cinq premières minutes”, soupire l’infirmière, qui s’inquiète que ces femmes n’aient pas accès à ces pratiques.

Envoyées aux maternités de niveau 2 de Brive-la-Gaillarde ou Périgueux, à une heure de route de chez elles, ces mamans suivent la même procédure que les grossesses à risque. “On prépare leur arrivée à la maternité en amont, la Sécurité sociale leur propose même des nuits d’hôtel à proximité une semaine avant le terme, voire plus si l’accouchement a du retard”, précise le directeur de l’ARS.

Certaines femmes ne sont pas véhiculées et encore une fois, on va engorger les pompiers pour faire taxis.

Cindy Sanna,

Infirmière libérale, membre du comité de défense de l'hôpital

Faux, pour les équipes médicales qui craignent la désertification de la maternité. “Généralement, les futurs parents aiment déjà connaître les locaux, les soignants avant l’accouchement. Il n’y a donc aucune raison qu’ils acceptent d’être suivis à Sarlat pour accoucher ailleurs”, regrette Cindy Sanna, la voix nouée. 

Recruter des médecins

De son côté, le comité de défense de Sarlat regrette que l’accent ne soit pas mis sur le recrutement de médecins, au cœur, aujourd’hui, des fermetures régulières de la maternité. “On demande que soient embauchés les médecins qui le souhaitent. Nous avons leur nom et nous savons qu’ils souhaitent venir. Ce sont des médecins d’une soixantaine d’années, issus de gros centres hospitaliers”, assure Nicole Marty.

Si des candidatures ont déjà été présentées, ces dernières auraient été retoquées par le comité médical en charge du recrutement. “Il y a eu des candidatures de médecins avec des diplômes hors Union européenne qui entraînent la présence obligatoire d’un praticien senior lors des gardes pour les encadrer, ce qui n’est pas du tout l’objectif recherché”, avance de son côté Benoît Elleboode, qui refuse une “sélection” d’urgence, sans tenir compte des compétences ou des antécédents du médecin.

Une maternité de la région a dû fermer parce qu’un praticien, recruté alors qu’il avait des problèmes d’alcoolisme connus, a provoqué un incident grave.

Benoît Elleboode,

Directeur général de l'ARS de Nouvelle-Aquitaine

Pour le directeur de l’ARS, le nombre de médecins disponibles devrait “exponentiellement” augmenter à partir de 2030, avec l'ouverture du numerus clausus. “D’ici là, il faut que ceux qui ont des compétences techniques se concentrent sur celles-ci, et laisser aux sages-femmes notamment les autres types d’acte”, avance Benoît Elleboode. Une attente insoutenable pour les équipes médicales qui craignent que ces six années supplémentaires sonnent définitivement le glas de la maternité sarladaise.

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