Une nouvelle suspension des accouchements à la maternité de Sarlat a soulevé la colère des habitants, qui craignent de plus en plus pour l'avenir de leur établissement public.
Une centaine de manifestants réunis afin de demander plus de moyen pour le centre hospitalier Jean Leclaire de Sarlat : nous ne sommes pas en 2024, mais en 2014, le 19 mars. Il y a dix ans, l'hôpital était déjà en grève suite à la fermeture du service de chirurgie, un mouvement qui durait depuis plus de deux ans et qui avait abouti à la création du comité de défense de l'hôpital.
Dix ans plus tard, ce mardi 13 février 2024, le collectif de défense de l'hôpital public de Sarlat porte toujours les mêmes revendications, pour les mêmes motifs et avec les mêmes craintes, qui malheureusement se confirment années après années. "Si vous laissez fermer une maternité, c'est l'hôpital qui disparaît" prophétise cette fois Jean Sève, membre du collectif de défense de l'hôpital."On sait très bien qu'à partir du moment où on tire un fil, c'est tout le reste qui va venir !"
Une population inquiète
C'est assez inquiétant, parce qu'on se demande si on va pouvoir continuer à vivre ici
Une habitante de Sarlat
"Si l'hôpital ferme et qu'on ne peut pas aller se faire soigner, ça commence à être un peu inquiétant", confirme cette jeune Sarladaise, dont les amies sont en âge d'avoir des enfants, et sont donc susceptibles de devoir aller accoucher à Brive ou Périgueux. "On voit que ça se dégrade au fil des années", déplore-t-elle.
Maternité fermée jusqu'à dimanche, dans l'incertitude à partir de mars
Il faut dire que les Sarladais assistent, année après année, à cette dégradation progressive des services, à un fonctionnement en pointillés de plus en plus marqués. La maternité multiplie les fermetures parce qu'elle n'arrive plus à assurer le service simultané du gynécologue, de l'anesthésiste et du pédiatre. Les urgences restreignent leurs capacités d'accueil, le personnel et les lits font défaut. Ce mardi, la maternité est à nouveau fermée faute de gynécologue. Elle ne rouvrira que dimanche matin, jusqu'à la fin du mois. Et ensuite, en mars-avril, la situation devrait à nouveau se compliquer.
La faute aux praticiens absents
"Je crois que c'est une inquiétude légitime face aux inquiétudes qui peuvent se faire jour", reconnaît le maire de la ville, en ajoutant que son hôpital est victime du contexte national et des effectifs médicaux sous tension. En dehors de la question des moyens, la faute revient, selon lui, à ces personnels médicaux qu'on n'arrive pas à conserver. Trop peu de médecins, peu de volontaires pour intégrer l'hôpital comme titulaires et des intérimaires trop coûteux.
" Le problème de l'intérim, c'est d'abord qu'ils sont bien payés !", plaide Jean-Jacques de Peretti. "On a tenté de mettre des plafonds, mais on les a déjà explosés avec l'accord des autorités de tutelle.
En quinze jours, les intérimaires gagnent trois fois ce qu'on gagne en un mois.
Jean-Jacques de PerettiMaire de Sarlat
"Ensuite ils retournent chez eux, ou bien, ils vont ailleurs, il y en a qui vont en Suisse..." On fait comme on peut faire, pour le mieux, "poursuit l'élu. "Malheureusement, on n'est pas responsables du numérus clausus qui date d'une quinzaine d'années. La situation, elle n'est pas due à Sarlat, ce n'est pas un problème de finances, c'est un problème de praticiens". Et le maire de pronostiquer un retour à une situation plus stable à partir de 2026-2027, lorsque l'arrêt du numérus clausus portera ses fruits.
On commencera dans les années 2026-2027 à bénéficier de la levée du numérus clausus.
Jean-Jacques de PerettiMaire de Sarlat
Dans l'attente des millions
Jean-Jacques de Peretti rappelle aussi l'engagement de l'ex-ministre de la Santé, Aurélien Rousseau qui avait annoncé en août dernier, lors d'une visite sur place, le déblocage d'une enveloppe de 17 millions d'euros pour la modernisation du centre hospitalier de Sarlat. De quoi rendre l'hôpital plus attractif pour les praticiens.
En décembre 2021, le Ségur de la Santé avait déjà promis une enveloppe de 40 millions pour le même objectif, mais les élus se désespéraient de voir cette somme arriver. De son côté, l'ARS affiche aussi son soutien à l'établissement dans l'avenir duquel elle dit croire. Mais les faits sont là, têtus, et la population a de plus en plus de craintes pour l'avenir.