Un éleveur de Dordogne s'est lancé dans l'élevage de bovins lowlines, une première en France. Des vaches de petites tailles, qui consomment peu de foin, tout en fournissant une viande de grande qualité.
On est en Périgord noir en Dordogne, à seulement quelques kilomètres seulement du Lot, plus près de Souillac que de Sarlat. La ferme des 4 vents, c'est un cadre campagnard verdoyant et vallonné, bien éloigné des immenses prairies australiennes. C'est pourtant là que s'épanouissent Bill, Scarlett, Suzy et ses autres compagnes, tous bovins australiens de la meilleure souche.
Ce choix, Mathieu Lauvie et sa sœur Audrey l'ont fait pour compléter l'élevage de chèvres angora qu'ils ont lancé en 2011. Un projet ambitieux qui les a conduits à devenir les deuxièmes producteurs français de mohair. Mais depuis la crise du Covid, leur production devenait moins rentable, ils ont cherché à se diversifier, avec une autre idée originale.
Première française
Depuis quatre ans, ils se sont orientés vers cette petite vache australienne prometteuse. Ils sont les premiers en France à le faire. La lowline est une vache sans corne, à la robe uniformément noire. Des caractéristiques qu'elle tient de son ancêtre, le black Angus d'origine anglo-saxonne, lui-même réputé pour l'excellence de sa viande.
La race n'est pas très ancienne. Elle est issue de recherches menées au milieu des années 70 à partir de l'Angus implanté en Australie. Des différents croisements naîtront dans les années 90 la highline et sa petite sœur, la lowline. Une race qui sera désormais reconnue à part entière et dont on préservera la pureté de la lignée.
Vachement avantageuse
Malgré sa petite taille, la lowline possède des caractéristiques exceptionnelles. Les plus gros spécimens ne dépassent guère 110 cm pour 400 kg, mais ils produisent très rapidement une viande d'une excellente qualité. Docile, sociable, résistante et rustique, elle est capable de mettre bas sans aide. Bref, elle cumule les avantages.
Sobriété et efficacité
Sobre, la lowline n'a pas besoin d'apport protéique supplémentaire et consomme deux à trois fois moins de fourrage que les races françaises. Elle prend donc moins de place dans les pâturages tout en "convertissant" mieux le fourrage en viande.
On arrive à avoir plus vite une autonomie.
Mathieu Lauvie, éleveur
"Je suis à six kilos de foin par jour pour un animal, explique Mathieu, ce n'est pas comme mes confrères qui ont besoin de 25, 30, 35 kg de foin journalier. Donc, on arrive à avoir plus vite une autonomie, on a moins de frais engagés sur chaque animal tout au long de leur vie. C'est vrai que c'est beaucoup plus facile à gérer. Par les temps qui courent, avoir des animaux qui consomment moins de ressources, on dort peut-être mieux la nuit que certains qui consomment beaucoup plus !", conclut-il.
La race lowline n'a de valeur que si elle est pure.
Audrey Lauvie, éleveuse
Cet élevage particulier a tout de même ses contraintes. Les Lauvie sont contraints de garantir la pureté de leur élevage pour prouver que leurs animaux sont bien de race lowline. C'est pour cela qu'ils prélèvent régulièrement des poils sur leurs bovins qui seront envoyés au Canada à des fins d'analyse. En retour, la ferme des quatre vents obtient un certificat d'authenticité. Une rigueur qui porte ses fruits : les Lauvie commencent désormais à pouvoir vendre leurs propres taureaux reproducteurs. Si vous traversez la campagne périgourdine, vous pourrez peut-être bientôt croiser ces animaux "exotiques" qui s'adaptent si bien au terroir local.