Un millier d'heures de travail et trois ans d'attente entre chaque pièce. En Dordogne, un jeune armurier fabrique, de bout en bout, des fusils et carabines de luxe uniques pour des clients fortunés. Un travail d'orfèvre et un savoir-faire pratiquement disparu
"- Mais, note, hein, faut en avoir l'usage. Sinon, ça, au prix actuel, on n'amortit pas. - Bah, le prix s'oublie, la qualité reste. C'est pas l'arme de tout le monde..."
Armurier d'élite
Le délicieux aphorisme d'Audiard, ce pourrait être la devise de Geoffrey Couderc. Le jeune Artisan Armurier de 38 ans est installé à Marcillac-Saint-Quentin, petite commune de l'est de la Dordogne. Un "fabricant d'armes fines", comme il se présente lui-même, qui ne travaille que l'excellence. Son travail d'orfèvre produit des armes d'élite. Des outils dont l'usage ne peut être équivoque. Mais devant ces délicats petits bijoux, l'esthétique prend le pas sur l'éthique. Un peu comme lorsqu'on oublie la sécurité routière en regardant une Ferrari.
Reportage de France 3 Périgords avec Nicolas Bidard & Anne-Laure Meyrignac :
Et Geoffrey, c'est un peu le Enzo Ferrari des carabines et des fusils. En plus complet. Car l'artisan se fait livrer les pièces brutes : canons, boîtiers, lunettes, crosses, des éléments de base qu'il va découper, percer, graver, sculpter, assembler et patiner, pour en tirer ses pièces uniques. Le tout est fait à l'ancienne, à la main et à partir des meilleures pièces disponibles. Dont le chêne du Périgord, la matière qu'il préfère pour réaliser ses crosses.
Les armes dans le sang
La passion des armes remonte à l'enfance pour Geoffrey. Voire avant, car dans la famille, les chasseurs ne manquent pas. Pas question de changer son fusil d'épaule, à 20 ans, il est déjà diplômé de l'école d'armurerie Léon Mignon de Liège. Le passeport pour vivre de sa passion. Ce qu'il ne manque pas de faire en 2010, en ouvrant son propre atelier et en garnissant ses propres râteliers.
Je crée de mes mains, c'est une grande satisfaction ! Comme c'est un rêve de gamin qui devient réalité... Je souhaite ça à tout le monde, c'est génial !
Geoffrey Couderc, fabricant d'armes
Patience et longueur de temps
Le travail se fait à la demande, et le client a intérêt à préparer sa commande à l'avance et à s'armer de patience. Chaque arme est unique et demande en moyenne un millier d'heures de travail. Trois ans au bas mot. Ce qui explique que Geoffrey soit l'un des seuls survivants de son espèce, l'un des derniers en France à concevoir et réaliser son fusil de A à Z en partant d'une feuille blanche. Il cherche d'ailleurs un salarié qualifié pour lui transmettre son savoir et l'épauler dans son travail.
Attention au coup de fusil
Pour le client, le temps d'attendre sa commande peut lui permettre de mettre de l'argent de côté. Car l'excellence a un prix. Difficile de donner une moyenne tant les finitions peuvent varier et chaque arme étant très spécifique. Mais avec une fourchette XL de 20 à 80 000 euros, vous pouvez raisonnablement envisager un achat dans l'armurerie Lamartel de Geoffrey Couderc. Certes, on est loin des 1000 à 2000 euros que coûte le fusil industriel de monsieur tout le monde qu'on trouve en armurerie. Mais qu'est-ce que vous voulez, le prix s'oublie, la qualité reste.