L'ex-chef militaire d'ETA adresse les regrets de l'organisation séparatiste basque aux victimes

L'ancien chef de l'appareil militaire, Garikoïtz Aspiaru Rubina alias "Txeroki", comparaît ce lundi  au côté de neuf autres etarras à Paris.

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" Semons la graine d'une paix juste et durable. Tel est l'engagement de l'ETA ",a dit en préambule à son procès devant la cour d'assises spéciale de Paris Garikoïtz Aspiaru Rubina alias "Txeroki", 39 ans, ex-chef de l'appareil militaire, qui s'exprimait "au nom" de son organisation.


ETA regrette les dommages aux victimes


Depuis plusieurs jours, les milieux séparatistes basques avaient fait savoir que cet homme réputé tenant d'une ligne dure, allait délivrer un message important. Il comparaît aux côtés de neuf autres etarras notamment pour l'enlèvement et la séquestration en 2007 d'un couple d'Espagnols et de leur enfant de quatre ans.

"L'ETA souhaite dire à ces habitants de Orio (ndlr: la commune d'où les victimes étaient originaires) qu'elle regrette le dommage qui leur a été causé", a-t-il déclaré en français. "Ces mots peuvent s'étendre à tous les citoyens, qui comme eux, sans aucune responsabilité dans ce conflit, ont subi un dommage du fait de l'activité de l'ETA", a-t-il ajouté.


Une déclaration importante pour la paix


"Txeroki" a réitéré l'appel de l'organisation séparatiste au gouvernement français afin qu'il "s'investisse dans cette résolution" du conflit, "apporte ses propositions à la table de négociation" et "ne ferme pas la porte à cette opportunité pour la paix".

Si les prisonniers basques ou la gauche indépendantiste s'étaient déjà exprimés dans ce sens, c'est semble-t-il la première fois qu'un ancien dirigeant de l'ETA de ce niveau se prononce aussi clairement.

Le porte-parole de Batasuna, parti dissous en début d'année, Xabi Larralde, a salué à la sortie de l'audience une " déclaration très importante " et " très positive par rapport aux perspectives d'avancées du processus de paix " au Pays basque.


829 morts


L'ETA, dont le dernier attentat meurtrier en Espagne remonte au 30 juillet 2009, est classée organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis. Elle a annoncé le 20 octobre 2011 qu'elle renonçait à la violence, après plus de 40 années de lutte armée pour l'indépendance du Pays basque et de la Navarre. L'ETA est tenue responsable de la mort de 829 personnes durant ces années.

Depuis cette annonce, plusieurs pas ont été franchis :  
  • Le 3 janvier, le parti nationaliste basque Batasuna, considéré comme proche d'ETA, interdit en Espagne, a annoncé sa dissolution en France, tout comme avant lui, le mouvement de défense des prisonniers basques Askatasuna (Liberté), interdit en Espagne depuis 2002
  • Le mouvement de jeunesse radicale basque Segi, considéré comme la pépinière de l'ETA, a annoncé qu'il s'était dissous en juin.
L'Espagne comme la France exigent le démantèlement complet de son arsenal et sa dissolution sans conditions, tandis que l'ETA réclame régulièrement un dialogue avec les gouvernements espagnol et français et entend faire de ses prisonniers, au nombre d'environ 700 dispersés dans des prisons des deux pays, le levier d'une éventuelle négociation.

Arrêté en France en novembre 2008, "Txeroki" a été condamné en 2011 en Espagne à 377 ans de prison pour 21 tentatives d'assassinats et actes terroristes. Il est soupçonné d'avoir participé à la préparation de l'attentat qui avait tué deux personnes à l'aéroport de Madrid en 2006, mais n'a pas encore été jugé pour ces faits.

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