Aquitaine : pourquoi le métier de sauveteur en mer attire de moins en moins de candidats ?

Bas salaires, responsabilités importantes, changement des mentalités... Des nageurs-sauveteurs de la SNSM nous livre leurs explications.

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François Loiseau touche du bois. Cette année, il a réussi à avoir une équipe de nageurs-sauveteurs au complet. Chef du poste de secours de la plage de Thiers à Arcachon, il se dit soulagé. Après 40 ans de carrière, il regrette que le métier n'attire plus autant qu'avant. L'an dernier, ils n'étaient que cinq au lieu de sept, et avaient dû faire des heures sup'. 

"Avant, fin juillet, on recevait au moins une dizaine de candidatures, depuis l'année dernière, on ne reçoit plus aucun appel", illustre-t-il. Des candidats qui se font tellement rares que la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer) a lancé une campagne de recrutement exceptionnelle au niveau national. Car toutes les plages de France ne sont pas assurées de disposer de sauveteurs en mer au mois d'août. 

Du côté de l'Aquitaine, la situation est toutefois rassurante. "On a réussi à combler les trous, les effectifs sont au complet sur toutes les plages où on est présents dans la région", assure Arnaud Kurzenne, responsable des centres de formation à la SNSM.

Moins de candidats dans les centres de formation

Mais à plus long terme, le problème reste entier. "Dans plusieurs centres de formation, y compris en Aquitaine, on a moins de candidats qu'autrefois", observe Arnaud Kurzenne. Au centre de formation de Gironde, le nombre d'étudiants diminue. "Cette année, ils étaient une quinzaine dans la promo, les autres années, c'était plutôt autour de 25", témoigne Maéva Lormeau, sauveteuse en mer.

Alors comment expliquer ce manque d'intérêt ? Malgré un cadre "idyllique" sur le bassin d'Arcachon, la jeune femme estime que le travail est exigeant. "C'est un métier passionnant où on apprend beaucoup. Mais on a la sécurité des baigneurs entre nos mains, ça peut être effrayant pour certains candidats", suppose-t-elle. 

Un emploi avec de grosses responsabilités, mais mal rémunéré. Maéva Lormeau, qui exerce la profession depuis trois ans, est toujours payée au SMIC. 

"On n'a pas un salaire très haut, sachant qu'on peut être confronté à des choses assez choquantes. Personnellement, j'ai déjà vu quatre arrêts cardiaques, il faut une certaine capacité à gérer." 

Maéva Lormeau, nageuse-sauveteuse

France 3 Aquitaine rédaction web

Des logements "qui pourraient être améliorés" 

En haute-saison, la sauveteuse travaille de 10 heures à 20 heures, 35 heures par semaine. "Si on n'a pas d'intervention, on arrive à se relayer pour prendre 20 à 30 minutes de pause pour manger le midi", détaille-t-elle. Une fois sa journée de travail terminée, elle rentre à l'appartement fourni par la ville.

Après leur formation, les nageurs-sauveteurs peuvent être envoyés partout en France pour surveiller les plages en saison, le logement est alors pris en charge par la commune. "Si on n'avait pas le logement, on perdrait même de l'argent à venir travailler, explique la jeune femme. Mais malheureusement parfois on nous donne une chambre insalubre, ou alors simplement un emplacement de camping." 

"Etre très loin de chez soi pendant deux mois, et rentrer fatigués du travail, dans un logement qui pourrait être amélioré, c'est sûr que ça ne contribue pas à attirer les candidats."

Maéva Lormeau, nageuse-sauveteuse

France 3 Aquitaine rédaction web

François Loiseau, chef de poste à Arcachon, et directeur du centre de formation de Gironde, note aussi un changement de mentalité depuis la pandémie de Covid19. "Avant, bon nombre de jeunes faisaient deux ou trois mois l'été, maintenant ils veulent surtout travailler en juillet, et prendre des vacances en août."

Préparer la suite

Quand ce ne sont pas les vacances, c'est parfois la recherche d'appartement qui occupe les étudiants. "De plus en plus de facs font leur rentrée fin août, le temps de s'installer, de s'équiper, on a moins de jeunes au mois août", explique aussi Arnaud Kurzenne. "Et puis plus globalement, il y a un manque de saisonnier en France, et la SNSM n'est pas épargnée."

Une perspective inquiétante pour la saison prochaine. "Les CRS ne seront pas présents en 2024 à cause des jeux olympiques [d'habitude, ils aident les sauveteurs à surveiller les plages l'été], donc il faut absolument qu'on recrute", conclue-t-il.

Début juillet, la surveillance des plages avait déjà été mise à mal en Gironde après les violences urbaines qui ont suivi la mort du jeune Nahel, à Nanterre (92). Une quarantaine de nageurs sauveteurs CRS avaient été remobilisés sur le terrain des émeutes, entraînant la fermeture de plusieurs plages surveillées.

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