L'ancien navigateur Yves Parlier, désormais ingénieur à la Teste-de-Buch, a conçu une voile de kite capable de tracter des navires. Sa bonne idée écologique sera testée sur des bateaux de la Marine nationale cette année.
Dans les bureaux de l'entreprise d'Yves Parlier, on cherche, on teste, et on pense l'avenir à coups de voiles de kite surf. L'aile "SeaKite" déployée en grand dans l'atelier fait 50 m2 ; les prochaines seront bien plus grandes, "100 à 400 m², jusqu'au 1600 m² pour les plus gros cargos du monde", espère l'ingénieur.
Son défi depuis des années : tracter des navires de grande envergure à la force de ces ailes de kite. Déjà utilisées par plusieurs bateaux de plaisance et de course, elles vont désormais être testées sur des bateaux remorqueurs de la Marine nationale, une nouvelle étape dans le développement de l'entreprise testerine, Beyond the sea.
Une voile, des moteurs
Le système est simple : "On déroule les lignes et un pilote automatique prend en charge le vol de l'aile ; c'est lui qui remplace le kitesurfeur", explique Yves Parlier. Le Néo-Aquitain, ex-navigateur ayant participé au Vendée Globe, a fait de l'invention, son cheval de bataille. Une autre manière de naviguer, plus verte, et plus libre.
"L'homme est libéré de la fonction de pilotage, insiste-t-il. On peut changer de cap sans besoin de changer les réglages." Un vrai avantage pour les navires professionnels de la Marine nationale.
Le système est orienté pour l'économie d'énergie, pour aider le moteur à moins consommer.
Yves ParlierIngénieur et fondateur de Beyond the sea
Objectif décarbonation
Les remorqueurs Abeille et Jason en bénéficieront pour une phase de tests, à compter de cette année. Un partenariat qui court sur quatre ans, avec un objectif : "permettre d'économiser jusqu'à 20% de carburant", selon Yves Parlier. L'un des enjeux majeurs pour la Marine nationale.
"Nous devons participer à ces études techniques pour réduire la consommation d'énergie des navires, explique la capitaine de frégate Julie Doumas. Et réfléchir à d'autres modes de fonctionnement." La voile de kite en fait partie.
Même si Yves Parlier est conscient des difficultés : "Le kite aime le vent, mais la Marine nationale travaille parfois dans des conditions difficiles. On ne pourra pas tout le temps l'utiliser."
"Un marché mondial"
La voile sera placée à l'avant des navires, la meilleure place pour tracter l'habitacle. Et constitue une véritable étape pour la société girondine. À l'échelle mondiale, le transport maritime émet prêt de 5% des émissions de CO2 produites chaque année.
"Une problématique et un marché mondial", selon Yves Parlier. À terme, lui aussi, souhaite équiper un maximum de bâteaux, des remorqueurs "aux bateaux militaires, qui ont un large rayon d'action et qui ont besoin d'une grande autonomie en mer."