Trafic de civelles : une filière démantelée du Médoc au Portugal en passant par l'Espagne

Les enquêteurs ont procédé au démantèlement d'un trafic international de civelles, appelées pibales, qui partait du Médoc, transitait par l'Espagne, le Portugal pour aboutir en Asie, friande de cette jeune anguille. Les contrebandiers utilisaient des méthodes dignes des trafiquants de stupéfiants. 

La civelle décidément attire les convoitises et les trafics. Et peut rapporter gros à tel point que " les contrebandiers utilisent les méthodes des trafiquants de drogue " d'après le Colonel Jean-Baptiste Félicité de la section de recherche de la gendarmerie de Bordeaux. 
Mercredi 20 mars, un mareyeur du Médoc, un pêcheur de l'arrondissement d'Arcachon et cinq braconniers sont tombés dans les filets des enquêteurs.

Les gendarmes étaient sur leur piste après que des contrôles des services de ministère de l'agriculture aient révélé des irrégularités dans leurs déclarations depuis l'été 2018. Ils étaient alors question de filières de pêcheurs et de collecteurs exportant illégalement des civelles de la Gironde vers l'Espagne et à destination de l'Asie.
Et c'est en fait toute une filière qui a ainsi été démantelée qui va du Médoc, en Espagne en passant par l'aéroport de Lisbonne et pour finir au Vietnam. 

L'enquête a permis de confirmer deux principales filières de pêche, de collecte et d'acheminement de civelles vers l'Espagne, précise le colonel Félicité.

Cette seconde opération a eu lieu après une première opération le 17 janvier, coordonnée avec les services d'enquête espagnol et portugais. Elle met un terme à une deuxième filière girondine et aboutit à des saisies d'avoirs criminels de près de 150 000€.

Regardez le reportage de Denis Salles, Sylvie Tuscq-Mounet.

 

Voyage en convoi comme dans les trafics de stupéfiants

Depuis le 1er octobre 2018, les investigations ont pris un autre cap. Une cellule d'enquête a été créée au sein de la section de recherches de Bordeaux avec des renforts de la brigade nautique de gendarmerie de la Gironde et de la brigade de surveillance du littoral de la gendarmerie maritime.
Lors d'observations transfrontalières dans la région des Asturies en Espagne, un acheteur asiatique venant du Portugal a même été identifié. Une réunion de coordination opérationnelle a été organisée le 10 janvier en Espagne avec des représentants français, espagnol et portugais. Il est décidé de synchroniser les interpellations en tenant compte des contraintes procédurales de chaque pays.
Une semaine après, la partie française a interpellé, sur un retour de livraison de plusieurs dizaines de kilos en Espagne, trois hommes roulant en convoi. Près de 30 000€ provenant de la vente des civelles sont saisis.

Trois complices ayant participé à des voyages précédents ou fournissant régulièrement des civelles ont également été placés en garde à vue. Les contrebandiers avaient des téléphones dédiés à ce trafic et agissaient en toute discrétion, précise le colonel.

Une collaboration européenne des services d'enquête


Quelques jours plus tard, les services portugais ont interpellé l'acheteur asiatique identifié en Espagne. Ils ont découvert à son domicile des viviers destinés à maintenir en vie les civelles avant leur exportation vers l'Asie.
Plusieurs transporteurs ont été interpellés à l'aéroport de Lisbonne pendant l'opération française.
Mi-février, c'est au tour des enquêteurs espagnols d'interpeller un mareyeur des Asturies destinataire des pêches des girondins interpellés par les gendarmes.
Un autre mareyeur plus important est également arrêté au pays basque espagnol. Des saisies de plusieurs centaines de kilos de civelles destinés au marché asiatique sont réalisées.

Ce type de trafic existe car le marché asiatique exerce une forte pression. Les professionnels arrêtés dans le Médoc ont une activité légale mais donc aussi une partie clandestine. D'après le colonel Félicité, des contrôles réguliers sont opérés dans ce secteur de l'Aquitaine pour surveiller la contrebande. 
 
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