Invoquant la politique agricole commune (PAC), Alain Juppé, le marie de Bordeaux, a mis en garde, hier, mercredi soir les agriculteurs tentés par le vote FN, lors d'une réunion électorale dans la Manche.
"Je voudrais lancer un appel à nos amis paysans", a lancé l'ancien Premier ministre devant quelque 500 personnes réunies dans la salle polyvalente de Ducey dans le cadre de la campagne pour l'élection régionale des 6 et 13 décembre.
"Je sais que, par désarroi, beaucoup sont tentés d'aller voir ailleurs et, pour dire les choses clairement, de voter pour le Front national", a-t-il reconnu, avant de s'interroger: "Comment, quand on est agriculteur, comment, quand l'agriculture
française a bénéficié, depuis la création du Marché commun, de la PAC voulue par le général de Gaulle, peut-on aujourd'hui aller voter pour un parti dont le projet est de nous faire sortir de l'Europe?"
Si le candidat à la primaire de la droite et du centre a reconnu "les difficultés" des éleveurs, particulièrement dans ce département rural, il a souligné que les normes imposées à l'agriculture n'ont pas toutes Bruxelles pour origine. "Ce sont
souvent les normes françaises qui en rajoutent", a-t-il lancé.
Reconnaissant que "l'Europe n'a pas la cote" et que "partout les partis anti-européens sont en train de prospérer", M. Juppé s'est fait fort de "recréer un désir d'Europe" et évoqué un projet de "défense commune" dont il n'a pas précisé les contours.
Rappelant la dissolution de 1997, il a confié qu'à l'époque un conseiller en communication avait appelé le président Jacques Chirac à ne pas parler de l'Europe, alors que la France devait absolument se qualifier l'année suivante pour la monnaie unique. "Le résultat c'est qu'on a perdu", a-t-il rappelé.