Le gouvernement a débloqué 76 millions d'euros d'aides supplémentaires pour la viticulture, déjà éprouvée avant la crise liée au coronavirus. Un plan partiellement suffisant pour Bernard Farges. Le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux réclame des exonérations de charges.
"La viticulture boit la tasse" écrivait Bernard Farges au Président de la République le 15 juillet dernier.
Un appel à l'aide pour une filière durement touchée. En fin d'année dernière, les exportations avaient déjà ralenties. En cause, la concurrence chinoise et la taxe Trump en vigueur depuis octobre dernier sur les vins de moins de 14 degrés (hors vins à bulles), en représailles à un différend commercial entre Airbus et Boeing.
La crise du coronavirus a accentué les difficultés des viticulteurs. Au total, ils estiment que la crise sanitaire a engendré un manque à gagner d'au moins 1,5 milliard d'euros.
"La viticulture a continué à travailler" a rappelé Bernard Farges. Le président du CIVB, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux était l'invité du journal de France 3 Aquitaine hier soir.
D'autant que, si les restaurateurs et les bars ont rouvert, "la reprise est très lente" depuis le déconfinement. L’évènementiel est toujours à l'arrêt et "on pense qu’il reprendra très difficilement à l’automne" complète Bernard Farges.Il a fallu continuer à travailler pour préparer la récolte. Les salariés ont travaillé, les exploitants ont travaillé. Il a fallu financer ce travail. Pour autant, nous n’avions pas les recettes de la commercialisation de nos vins en grande surfaces en partie, dans la restauration, dans l’événementiel et le tourisme. C’est une perte de notre chiffres d’affaires importante en France mais aussi à l’étranger.
Le 11 mai dernier, le gouvernement avait accordé 170 millions d'euros. Un plan de relance critiqué à l'époque par la profession.
Mercredi, le Premier ministre, Jean Castex était en visite dans le Cher. Il a annoncé un effort de solidarité supplémentaire avec une rallonge de 78 millions d'euros. Ce qui porte à presque 250 millions le montant total dégagé pour la viticulture.
"Des aides qui devront être distribuées le plus rapidement possible"car "les besoins en trésorerie (...) sont forts" s'est engagé le Premier ministre.
Mais les viticulteurs ne sont toujours pas satisfaits. "Le plan est partiellement suffisant" juge Bernard Farges.Si les vignes s'épanouissent à Sancerre et à Menetou-Salon, c'est grâce à la terre du Val-de-Loire mais aussi, et surtout, grâce à ceux qui la cultivent.
— Jean Castex (@JeanCASTEX) August 7, 2020
Mercredi, j’étais à leurs côtés pour leur adresser un message simple : ils trouveront appui et soutien dans le #PlanDeRelance. pic.twitter.com/fg82xOjj19
Il vient renforcer les premières aides à la distillation de crise et au stockage du vin. Mais les exonérations de charges pour les PME et TPME en grande difficulté ne concernent que celles qui ont enregistré une baisse d'activité de 80%. Seule une minorité de viticulteurs y est éligible selon le président du CIVB.
Maigre consolation pour la profession, les vendanges pourraient se faire avec "une avance remarquable" note le ministère de l'agriculture dans une note publiée ce vendredi. La production viticole française "se situerait en 2020 entre 44,7 et 45,7 millions d'hectolitres, soit un niveau supérieur de 6% à 8% à celui de 2019" d'après des estimations établies au 1er août indique le ministère de l'Agriculture.Ce dispositif n’est pas accessible à la plupart des viticulteurs puisque nous avons eu quelques ventes même si elles sont insuffisantes pour alimenter notre trésorerie.
"Les récoltes précoces sont généralement de bonnes récoltes" affirme Bernard Farges.
"Cette récolte sera très précoce. Elle fera partie des récoltes les plus précoces que nous ayons connues depuis trente ans. C’est plutôt un gage de réussite et de qualité. Pour autant, il faut attendre que les vins mûrissent, que les vendanges soient finies et que nous vinifions ces vins pour que nous soyons en mesure de dire quelle sera la qualité. Aujourd’hui, tous les indicateurs ont au vert".
Dans le Bordelais, les viticulteurs pourraient vendanger avec, au moins, quinze jours d'avance.