"300 euros de salaire par mois, on n'arrive plus à vivre !" La colère des agriculteurs se fait à nouveau entendre

Les Jeunes Agriculteurs de Gironde manifestent à nouveau pour ne pas être oubliés. Les accords obtenus lors du dernier mouvement n'ont pu être mis en application, une nouvelle mobilisation nationale est annoncée pour le 15 novembre par la FNSEA.

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Des mannequins suspendus au bout d'une corde et des panneaux bâchés porteurs de messages de colère. Les Jeunes Agriculteurs de Gironde manifestent ces 23 et 24 octobre, en plusieurs lieux de Gironde. Ils parlent d'un "ras-le-bol général face à l’absence d’écoute et de considération de la part du Gouvernement" et dénoncent "des promesses non tenues, des demi-mesures et une indifférence flagrante à l’égard de la réalité du monde agricole".

À Sauveterre-de-Guyenne, les jeunes agriculteurs ont investi la Porte Saubotte de la bastide historique, le temps d'y installer leur message de colère pour rappeler au grand public comme au gouvernement qu'ils sont toujours en crise. Sur la banderole, en haut de la tour on peut lire : "Mangez Français. Sauvez vos paysans".

Il faut dire que la grande colère paysanne a déjà un an. Un an que les agriculteurs attendent l'application des réponses à leurs interrogations et manifestations, qui avaient abouti sur des accords en février dernier. Des promesses "soufflées par la dissolution de l’Assemblée Nationale".

Le statu quo aggrave, selon eux, la situation déjà précaire des agriculteurs. C'est pourquoi, ils lancent "un nouvel appel urgent au gouvernement : soit il agit immédiatement et de manière tangible, soit il devra faire face à une nouvelle vague de mobilisation".

300 euros de salaires

Un mauvais moment à passer... qui ne passe pas. Les temps sont difficiles pour les agriculteurs installés qui ne peuvent plus faire face aux charges ni dégager un revenu correct, mais aussi pour les jeunes agriculteurs qui ont du mal à s'installer, à investir.

Lucas Berthomieu fait partie de la mobilisation. À 22 ans, le céréalier est membre du bureau des JA33 et témoigne également de sa précarité. "Je ne tire que 300 euros de salaire par mois : on n'arrive plus à vivre !' Un état de fait qui hypothèque tant sa vie professionnelle que personnelle. 

Je ne peux pas créer de famille, ni avoir une maison... Je ne peux pas me projeter !

Lucas Berthomieu

Agriculteur céréalier (JA33)

"Moi j'ai 22 ans, je viens de m'installer. Je suis un des plus jeunes agriculteurs de France. Je ne sais même pas si je vais tenir...", déplore le jeune Girondin.

Ce céréalier dénonce les conditions de la politique agricole commune (PAC) : "des gens dans des bureaux qui décident des choses que l'on doit faire aux champs et n'y connaissent rien". En ce moment, explique-t-il en exemple, "on devrait être en train de labourer pour préparer les terres du printemps l'année prochain, et on ne peut pas".

Non au Mercosur

La colère, c'est aussi l'accord du Mercosur, de commerce et coopération entre l'UE et quatre pays d'Amérique latine (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), qui implique une concurrence des produits français avec des produits du nouveau monde, qui n'ont pas les mêmes coûts de production ni les mêmes contraintes phytosanitaires notamment. "Aujourd'hui on essaie de produire à des prix corrects alors que tous ces produits entrent avec d'autres normes que nous et des prix défiant toute concurrence !" insiste le jeune agriculteur.

Dans sa voix, c'est un peu l'avenir de l'agriculture française qui est en jeu et sa faculté de créer des vocations, de maintenir des emplois. Mais pour l'heure, les jeunes agriculteurs sont désespérés et le font savoir par ces mannequins pendus qui symbolisent l'urgence et représentent leurs collègues qui ont mis fin à leurs jours.

Un impact sur la vie quotidienne

Viticulteur à Sauveterre, Laurent Duval n'est pas plus optimiste. Les prix du vin rouge n'ont jamais été aussi bas, faute de consommateurs notamment. Une crise de marché qui s'ajoute à la concurrence des produits étrangers, mêmes européens.

On est le pays le plus strict d'Europe mais pas avec les mêmes normes, pas les mêmes prix, pas les mêmes salaires, pas les mêmes taxes... On se retrouve avec un coût de revient deux à trois fois plus cher que l'Espagne,ou l'Italie.

Laurent Duval

Viticulteur à Sauveterre-de-Guyenne

Comme ses collègues, jeunes agriculteurs, il se dit prêt à retourner bloquer les routes, des magasins, s'il ne se passe rien."Ce sera plus costaud que l'année dernière", prévient-il.

 "C'est une crise économique qui a un impact sur le commerce, la vie des services publics, les administrations, la vie quotidienne de Sauveterre" , déplore Christophe Miqueu, le maire de Sauveterre-de-Guyenne. L'élu alerte sur le fait que cette crise est "un enjeu local, mais également social pour l'avenir du territoire".

70 mesures historiques

Les agriculteurs avaient obtenu une moisson historique de 70 engagements de la part du précédent gouvernement de Gabriel Attal. Des mesures devant notamment alléger les contraintes environnementales et la fiscalité sur leurs exploitations. Le nouveau gouvernement de Michel Barnier est sur la même ligne et le projet de loi, interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale, devrait pouvoir être enfin présenté au Parlement. 

La FNSEA comme les JA 33 appellent à une forte mobilisation des agriculteurs dans toute la France à partir du 15 novembre.

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