À nouveau menacés d'expulsion, 500 Roms saisissent la justice : "ces gens viennent pour travailler", rappelle leur avocat

Évacuée à plusieurs reprises de différents endroits de Bordeaux, 500 Roms de Roumanie se sont récemment installés derrière le parc des Expositions. Mais ils font de nouveau l’objet d’une ordonnance d’expulsion. Cette fois, ils ont décidé de porter leur voix en justice.

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27 mai. La date résonne dans toutes les têtes. Celle d’une audience primordiale pour ces quelque 500 Roms de Roumanie. Eux, sont de nouveau sous la menace d’une expulsion après l’ordonnance sur requête accordée à Bordeaux Métropole, propriétaire du terrain où ils ont trouvé refuge, derrière le parc des expositions. 

Aidés par Léonard Velicu, président de l’association Eurrom, ils ont fait appel à un avocat pour demander un débat contradictoire devant le juge. “On prie pour que ce lieu soit pérennisé et qu’on puisse gagner le procès”, clame Gabriel, l’un des habitants du bidonville.

Trois expulsions en huit mois

Au devant de sa caravane, les mots de ce père de famille sonnent comme un appel à l’aide. Et pour cause. Depuis août 2023, la communauté a été délogée trois fois, brinquebalée de Villenave d’Ornon, dans la métropole bordelaise, à la rue Dangeard, jusqu’au Matmut Atlantique, leur dernier lieu de vie.

Ma famille n'est pas en sécurité. C'est très difficile de me concentrer sur mon travail.

Gabriel

Habitant du bidonville

 

Expulsés en vue des Jeux Olympiques, les voici désormais installés au-dessus de Bordeaux Lac. “Invisibles depuis la route ou le parc des expositions”, selon Léonard Velicu. Je ne vois pas l’intérêt de ne pas les laisser habiter ici, ils ne dérangent personne.” Dans sa requête, notifiée par huissier aux habitants du bidonville, Bordeaux Métropole évoque en fait une “occupation illicite” qui “crée également un risque pour la sécurité publique.

Mais pour ces travailleurs, pour la plupart employés dans les vignobles de la région, la menace d’une nouvelle expulsion est insoutenable : “Faire des allers-retours en sachant que ma famille n'est pas en sécurité, c’est très compliqué pour me concentrer sur mon travail”, explique Gabriel, embauché chaque été dans le même domaine.

Pas d'accès à l'eau

D’autant que les conditions du bidonville sont particulièrement compliquées. Aucun d’entre eux n’a aujourd’hui accès à l’eau courante. Schukarina a trois enfants, elle doit faire avec le minimum. Un seau dans les mains, elle montre : “Regardez, je suis obligée de récupérer l’eau pour faire la vaisselle. On se lave très peu alors qu’il fait très chaud.” A l’autre bout du terrain, un autre homme tente de se raser la barbe. Un sourire dans la voix, le rasoir dans la main, il décrit : “Il n’y a pas presque pas d’eau, je ne peux pas le faire tous les jours.

Même son de cloche pour l’électricité. Certains alimentent machine à laver et plaques de cuisson grâce à des groupes électrogènes. Mais pour beaucoup, impossible de cuisiner régulièrement : “On n’a pas de frigidaire, donc on conserve les aliments à l’extérieur, lance Schukarina sous le auvent de sa caravane, qui lui sert de cuisine. Mais il faut les consommer très rapidement.” 

Des conditions difficiles, favorables au développement de certaines maladies, surtout à l’égard des enfants.

"Il faut une volonté politique"

La majorité d’entre eux ne sont pas scolarisés à cause des évacuations successives. “Il faut que les médiateurs scolaires puissent continuer leur action, de manière continue. C’est le cas également pour pérenniser les démarches de logement social”, note le président de l’association Eurrom, Léonard Velicu.

Stabiliser leur lieu de vie, c’est aussi ce qu’espère leur avocat, maître Paul Cesso. Si la justice ne peut pas organiser l’établissement des intéressés sur place, lui pense à “une intervention politique pour mettre en place, par exemple, un système de convention précaire”. Elle pourrait permettre à la communauté de s’installer pour quelques temps sur le territoire.

Ces gens viennent pour travailler. Ils ont besoin de stabilité.

Paul Cesso

Avocat



Contactée pour évoquer la situation, Bordeaux Métropole n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Selon les associations, elle devrait néanmoins installer l’eau d’ici la fin de semaine. Un peu de répit avant d’être enfin fixés, le 27 mai prochain.

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