La cour d'appel de Bordeaux doit se prononcer le 2 mars 2023 pour une réouverture ou non de l'enquête sur l'accident de Puisseguin. Si le Collectif des victimes de Puisseguin garde espoir de comprendre ce qu'il s'est passé, sept ans après l'accident, "cela n'a peut-être plus la même portée qu'avant". "Le temps a fait son effet", soupire l'avocat des victimes.
L’instruction de l’accident de Puisseguin va-t-elle être relancée ? C’est ce sur quoi doit se prononcer la cour d’appel de Bordeaux ce jeudi 2 mars 2023. "On a une réelle chance pour que la cour réforme le non-lieu et que les investigations soient relancées", croit Antoine Chambolle, avocat du Collectif des victimes de Puisseguin, constitué partie civile.
En octobre 2015, un camion s’était déporté à la sortie du village de Puisseguin et avait percuté un car de retraités, arrivant en sens inverse. Aussitôt, le feu s’était déclaré, tuant ainsi 41 passagers ainsi que le chauffeur du poids lourd et son enfant. Seuls sept passagers et le chauffeur du car avaient survécu dans l’accident, le plus meurtrier en France depuis 1982. Depuis, le Collectif des victimes de Puisseguin réclame que la justice mette la lumière sur la responsabilité d’un incendie si rapide et veut obtenir enfin des explications. Les matériaux et l’état du camion sont notamment pointés.
"En sept ans, les investigations complètes n'ont toujours pas été faites"
En octobre 2021, alors que le parquet de Libourne réclamait les mises en examen de quatre sociétés pour homicides et blessures involontaires, le non-lieu avait été prononcé par le juge d’instruction. Si des "manquements dans le suivi du camion" avaient été relevés par le procureur de la République de Libourne, Olivier Kern, le juge d’instruction avait lui considéré que seul le chauffeur du camion, décédé le jour de l’accident, pouvait être mis en cause.
"Les gens étaient très déçus après ce non-lieu, il y avait une certaine colère, se rappelle le président du Collectif des victimes de Puisseguin, Michel Vigier. Nous attendions autre chose." Mobilisé, le collectif a fait appel de la décision, tout comme le parquet de Libourne. En novembre dernier, l’audience à la cour d’appel a abouti à la réquisition, par l’avocat général, de la mise en examen de trois sociétés parmi lesquelles le concessionnaire du camion, la société de poids-lourds et celle ayant effectué le contrôle technique.
"Les normes ont été respectées certes, mais elles ne sont pas suffisantes et il y a aussi une obligation de sécurité de la part des sociétés", relève l’avocat du Collectif des victimes de Puisseguin, Antoine Chambolle. Il réclame des investigations complètes qui "n’ont toujours pas été faites depuis sept ans" et notamment sur la toxicité du matériel. "Si la cour d’appel décide une poursuite de l’instruction, le magistrat n’aura pas d’autre choix que d’aller dans ce sens", déclare-t-il.
Entre détermination et lassitude
Pour le président du Collectif des victimes de Puisseguin, l’espoir est toujours bien présent, même s'il le concède : "Cela n’a peut-être plus la même portée ou importance qu’au début." Car la procédure est longue et "le temps a fait son effet". "Lors de l’audience à la cour d’appel, nous avons entendu des choses qui nous ont soulagés, cela nous a fait du bien", explique-t-il. Une audience déterminante car elle "était aussi la seule et unique pour que les victimes puissent matérialiser tout cela", comme le souligne Antoine Chambolle.
En cas de rejet de la cour d’appel de Bordeaux le 2 mars, la procédure risque de ne pas être clôturée de si tôt. "Le plus simple et rapide serait que ça parte en instruction, indique Antoine Chambolle. Car si l’appel est rejeté, on demandera sûrement le pourvoi en cassation, mais cela risque de nous faire repartir sur trois ans de procédure." Mais si le dossier est relancé, son instruction prendra également du temps. L’épilogue de l’affaire de l’accident de Puisseguin risque de ne pas être pour tout de suite.