"Autant de gendarmes et de gens qui arrivent, c'est stressant" : sécurité renforcée pour la manifestation anti-LGV en Gironde

Des milliers de personnes sont attendues les 11, 12 et 13 octobre dans le petit village de Lerm-et-Musset dans le Sud Gironde. Les opposants à la future ligne LGV dans le sud-ouest organisent une manifestation "Freinage d'urgence" organisées par la coordination LGV Non merci et les Soulèvements de la Terre. Les forces de l'ordre sont déjà massivement présentes dans le secteur.

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Le camp des anti LGV commence à se remplir petit à petit ce vendredi. "Pour l'instant, tout se passe bien. Le camp est ouvert depuis 16 heures au public et aux militants. Il y a surtout des habitants du secteur qui se sont présentés pour être bénévoles ce week-end", raconte une des porte-parole de la coordination LGV Non merci.

Ouverture du camp

En cette fin d'après-midi vendredi, l'ambiance est calme et sereine. Le matin encore, les organisateurs rappelaient leur message de "non-violence", cette mobilisation se veut "ludique et vindicative" contre un projet de LGV qui va détruire et artificialiser 4 800 hectares dans le Sud-Ouest.

Le propriétaire qui a prêté le terrain est un élu de la commune, il préfère garder l'anonymat, mais il explique sa motivation. "Cela me paraît évident. On a une LGV qui va massacrer le territoire pour la vie éternelle, et il y a un groupe d'opposants à cette LGV qui propose d'occuper ce terrain durant trois jours. Le choix est vite fait. Les nuisances ne sont pas les mêmes".

Pour l'instant, ils n'ont fait aucun bruit et ne m'ont pas dérangé. Rien. Et grâce à la police, je me sens plus en sécurité.

Le propriétaire du terrain occupé par les manifestants

Deux lignes qui viennent du nord Gironde

Le choix de Lerm-et Musset n'est pas anodin puisque cette petite commune de 500 habitants sera très impactée par le tracé du projet de LGV entre Bordeaux et Toulouse. " Depuis plus de 20 ans, plusieurs collectifs d'habitants se mobilisent ici, confirme Martin, de l'association les Soulèvements de la Terre. Ce projet va saccager leur territoire et pas les servir, ni les aider dans leur vie quotidienne". 


"Ici, on se trouve à quelques kilomètres de la commune de Bernos-Beaulac qui va être fracassée par ce projet de LGV alors que deux lignes qui viennent du nord Gironde. Une qui partira vers Dax et l'autre vers Toulouse. La commune sera détruite et les habitats naturels aussi", d
éplore Stéphanie de l'association Stop LGV Bordeaux Métropole pour les transports du quotidien.

Pour les militants anti LGV, la période est cruciale : les deux enquêtes publiques ont été faites du côté des métropoles de Bordeaux comme de de Toulouse. La commission d'enquête environnementale a par ailleurs donné son feu vert à la réalisation des aménagements. "C'est maintenant qu'il faut se mobiliser pour continuer à porter ce "Non" à la LGV", insistent les manifestants.

"Remue-ménage"

Même si l'ambiance, ce 11 octobre, reste calme, quelques habitants expriment leur inquiétude dans le village. La manifestation n'a pas été déclarée à la mairie de Lerm-et-Musset qui a été visiblement "tenue à l'écart". L'équipe municipale ne l'a découvert que jeudi après-midi et n'a aucune idée de combien de personnes seront présentes ce week-end.
"Il faut savoir que notre commune est contre la LGV, mais on se défend avec nos propres moyens administrativement et juridiquement", explique Stéphane Escuny, adjoint au maire à l'équipe de France 3 Aquitaine sur place, un peu inquiet par rapport à "tout ce remue-ménage".

" La manifestation a lieu sur un terrain privé avec l'accord du propriétaire. Le lieu a été tenu secret jusqu'au dernier moment sans que nous soyons au courant. On travaille avec la gendarmerie et la préfecture, et on espère que tout se passe bien ", poursuit l'élu. 

On espère une manifestation calme et dans la bonne humeur. Cela ne sert à rien de casser et qu'il y ait des violences.

Stéphane Escuny,

adjoint au maire de Lerm-et-Musset (Gironde)

Des habitants inquiets

L'épicière du village a été surprise également de voir hier matin arriver les forces de l'ordre. "C'est l'ouverture de la chasse à la palombe. En ouvrant la boutique hier, on a vu arriver des motards et des moto-cross et plein de voitures de gendarmeries. On a su seulement vers 11 heures qu'il se préparait une grande manifestation", raconte Vanessa Brand, la gérante de l'épicerie. " Contre la LGV, cela me convient, car ce n’est pas chouette d'exproprier des gens et que nos habitations se retrouvent à côté du bruit. 

Dans un tout petit village comme le nôtre, d'avoir autant de gendarmes et de gens qui arrivent, c'est stressant un petit peu !

Vanessa Brand,

gérante de l'épicerie de Lerm-et-Musset (Gironde)

Tout comme elle, un autre habitant, interrogé par France 3 Aquitaine, s'est étonné d'un tel déferlement de gendarmes." Un hélicoptère a tourné toute la nuit et une partie de la journée au-dessus de ma propriété, rapporte-t-il. Je me sens un peu inquiet, car ils annoncent un certain nombre de personnes pas très gentilles sur le territoire, on va dire. ".

Cet habitant d'une soixantaine d'années croisé dans l'épicerie quant à lui trouve les "militants plutôt sympathiques pour l'instant" et s'inquiète surtout pour les prochaines années "et ce qu'il va se passer avec la LGV". Par contre, on ne veut pas que d'autres militants plus violents arrivent. On est un petit village et on veut rester tranquille", insiste-t-il.

Des arbalètes et une carabine confisquées

Tandis que les premiers militants arrivent sur site, les forces de l'ordre procèdent déjà à des contrôles sans interdire l'accès au site. Le préfet de Gironde Etienne Guyot a par ailleurs pris un arrêté le 10 octobre pour interdire la manifestation plusieurs communes de la Gironde, dont Bordeaux et sa banlieue, par crainte de débordements.

À cette heure, une centaine de personnes est présente sur site. Le préfet n'a pas voulu communiquer le nombre exact de policiers et gendarmes présents. "C'est un dispositif qui est proportionné pour faire face aux risques et aux menaces", s'est-il contenté de déclarer lors d'un point presse vendredi après-midi. Des objets ont été confisqués lors de contrôles préventifs comme des arbalètes, des boules de pétanque et une carabine à plomb lors de contrôles de véhicules.

Notre équipe de journalistes a par ailleurs constaté sur place une dizaine de militants portant des cagoules "pour rester anonymes" par rapport aux survols d'hélicoptères et de drones des forces de sécurité qui surveillent l'évènement, ont-ils expliqué.

C'est sur les réseaux sociaux que le préfet affirme avoir découvert l'appel à manifester, sans qu'il n'y ait de déclaration de manifestation en préfecture comme le prévoit la loi. Étienne Guyot a rappelé également la légalité du projet GPSO, ce grand projet ferroviaire de lignes à grande vitesse dans le Sud-Ouest entre Bordeaux et Toulouse, mais aussi entre Bordeaux et Dax, puis vers l'Espagne.

"Le Parlement français s'est prononcé. C'est un projet reconnu d'intérêt européen et financé à égalité entre l'état (40 %) et 24 collectivités territoriales qui ont voté son financement (40 %), et l'Europe à hauteur de 20 %. Ce projet a été confirmé à plusieurs reprises et c'est important de le dire", a-t-il martelé.

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