LGV Bordeaux-Toulouse : la commission d'enquête donne son feu vert, les opposants dénoncent "un manque total d'objectivité"

À l’issue d’une consultation organisée cet été, la commission d’enquête publique a donné son feu vert à une autorisation environnementale des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux pour la construction de la ligne à grande vitesse vers Toulouse. Et ce malgré plus de 90 % d'avis défavorables. Les opposants dénoncent des conclusions "orientées" et la volonté du préfet de Gironde "de passer en force".

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"Quand on lit les conclusions de la commission d'enquête, tous les éléments de discours sont alignés sur celui du préfet et de la maîtrise d'ouvrage". C'est une grosse déception et surtout "une grande colère" pour les membres de la coordination LGV NON MERCI qui rassemble plusieurs associations opposées au projet de ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse.

Cette enquête publique environnementale des aménagements ferroviaires du sud de Bordeaux (AFSB) était pour ces opposants "la dernière étape légale avant le démarrage des travaux tels que défrichage, abattage, destruction de nids dans des bâtiments".

Manque d'objectivité

Le collectif girondin écrivait dans un communiqué, le 21 septembre dernier, qu'il y avait une volonté "d'un passage en force pour construire une infrastructure déconnectée des enjeux de mobilité et des aspirations des habitant.es du territoire. Dans ce contexte, un avis favorable à l’autorisation environnementale des AFSB (Aménagements Ferroviaires au Sud de Bordeaux) sera reçu comme une provocation. "

Hier, justement et malgré les avis défavorables, la commission d'enquête a donné son feu vert. "On va étudier en profondeur les documents avant de prendre position, mais déjà, on constate que les contributions des élus, des habitants et des associations n'ont pas été prises en compte par la commission d'enquête. On est très déçus par ce manque d'objectivité", regrette le collectif LGV Non Merci.

On est toujours dans le déni, les conclusions sont très orientées.

Un membre du collectif LGV NON MERCI,

opposition à la LGV Bordeaux-Toulouse

Cet avis favorable aux aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux est d'autant plus inacceptable pour les opposants que le résultat de l'enquête publique environnementale est sans appel. " Le résultat est écrasant : c’est plus de 90% d’avis défavorables, soit aux AFSB, et/ou à la LGV Bordeaux Toulouse, et/ou au GPSO tout entier. L’opposition des citoyens et des communes périurbaines et rurales, notamment de Gironde, est générale". Un chiffre qui n'aurait "même pas été mentionné par la commission d'enquête", selon le collectif.

Plus de 90 % d'avis défavorables

L'enquête d'utilité publique s'est déroulée du 15 juillet au 28 août 2024. Sur les 2 800 avis déposés au total, plus de 92% étaient défavorables au projet. "De nombreux avis défavorables proviennent de toutes ces communes hors métropole. Le président du Département, Jean-Luc Gleyze, est également opposé au projet et remet en cause le fond sur une troisième voie des AFSB. Ce ne sont pas que des avis d'associations environnementales", explique Stéphanie, de la coordination de LGV NON MERCI qui ne décolère pas. Les favorables, eux, au nombre d'une centaine proviennent principalement de la métropole bordelaise.

Ce projet de LGV bordeaux-Toulouse est massivement rejeté par les populations et les élus des communes périurbaines et rurales.

Stéphanie,

Membre de la coordination LGV NON MERCI

Autre point qui attise la colère des opposants : le bruit, les problèmes sur l'eau, les aspects de non-compensation, notamment des habitats des animaux comme la tortue Cistude, la loutre et le vison, sont "balayés par la commission". "Comme si rien ne s'était passé. Alors oui, il y a une très grande colère à la coordination du collectif". 

Un passage en force 

Des membres de la coordination LGV NON MERCI avaient analysé les résultats de l'enquête dans un document daté du 21 septembre. "Bien que cette enquête se soit déroulée en plein été, elle a rencontré un vif succès de participation. Les avis émis étaient massivement défavorables et couvrent
tous les aspects abordés dans le dossier. Un avis préfectoral favorable serait reçu comme un énième déni du rejet massif dont le GPSO fait l’objet ", écrivait la coordination. En effet, si la commission a donné son feu vert, le dernier mot revient au préfet de la Gironde, Etienne Guyot.

Alors que va décider celui qui s'est, par le passé, prononcé en faveur au projet ? "J'y crois fortement ", avait-il déclaré lors de sa prise de fonctions en janvier 2023. La préfecture indique que sa décision devrait être rendue fin octobre. "Dans le contexte politique actuel, c'est dangereux de ne pas tenir compte de ces territoires, s'inquiète l'opposante.

Le préfet s'apprête à passer en force. Il ne faudra pas s'étonner de la montée du vote RN dans ces territoires !

Stéphanie,

membre de la coordination de LGV NON MERCI

Avant toute décision de la préfecture, les opposants au projet donnent rendez-vous les 11, 12 et 13 octobre prochain pour une opération "Freinage d'urgence" qui devrait se dérouler en Gironde. Le lieu n'est pas encore connu.

12 km au sud de Bordeaux

Le projet se situe sur les communes de Bègles (siège de l'enquête publique), Cadaujac, Saint-Médard-d’Eyrans et Villenave d’Ornon.

Les Aménagements Ferroviaires au sud de Bordeaux visent à améliorer le réseau actuel afin de faciliter les transports du quotidien et les transports longue distance. Ils correspondent aux aménagements de la ligne ferroviaire existante au sud de Bordeaux sur environ douze kilomètres entre Bègles et Saint-Médard-d’Eyrans. Comme l'indiquent les Aménagements Ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB) qui ont proposé l'enquête en ligne.

Cette ligne Bordeaux-Toulouse s'inscrit dans le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), un chantier pharaonique de 14,3 milliards d'euros, avec le soutien de l'Europe, et des régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie.

Autre coup de massue pour les anti LGV, le 19 septembre dernier, le rejet du tribunal administratif de Toulouse de leur demande de suspension des travaux. Le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), les Amis de la terre, Alternative LGV 82 et France Nature Environnement avaient enclenché un recours contre les travaux d'aménagement dont l'impact environnemental a été minoré selon eux.

Référendum local

Dans un contexte politique et budgétaire très tendu, cinq élus girondins, les députés Nicolas Thierry (Les Écologistes), Loïc Prud’homme (La France insoumise), Sophie Mette (Mouvement démocrate), Mathilde Feld (La France insoumise) et la sénatrice Monique de Marco (Les Écologistes) ont écrit au premier ministre Michel Barnier le 27 septembre pour lui demander la mise en place d’un moratoire et l’organisation d’un référendum local sur ce projet contesté."Face à cette impasse, nous croyons fermement qu’une consultation démocratique directe est la seule issue. À l’instar du référendum organisé pour le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, nous vous demandons d’initier un référendum local sur le GPSO", écrivent-ils dans ce courrier.

Les habitants des 2340 communes concernées par la Taxe Spéciale d’Équipement (TSE) doivent pouvoir s’exprimer directement.

Nicolas Thierry, Sophie Mette, Monique de Marco, Loïc Prud'homme, Mathilde Feld

Députés et sénatrice de Gironde

Environ 5000 hectares d'espaces naturels seraient en effet détruits, dont près de 2000 hectares de forêts. "De plus, les émissions de CO2, estimées à plus de 15 millions de tonnes, viennent contredire nos engagements écologiques". Les élus rappellent que "des alternatives existent, plus économiques et plus respectueuses de l'environnement", comme la modernisation des lignes ferroviaires existantes.

Selon les élus girondins, ce serait l'occasion de réaliser en même temps plusieurs milliards d'euros d'économies en annulant le projet de LGV entre Bordeaux et Toulouse au profit d'une rénovation de la ligne existante.

Une pétition est aussi en ligne contre la construction de la ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse

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