Du 22 au 24 septembre, les militants anti LGV organisent le convoi de la Sarabande contre ce projet jugé "d'un autre temps et destructeur" dans le sud Gironde. Le chantier des aménagements ferroviaires du sud de Bordeaux doit débuter en 2024 et les expropriations ont commencé.
Toujours mobilisés et déterminés. Partie de la gare de Bordeaux Saint-Jean vendredi soir, la Sarabande suivra le tracé prévu par la LGV Bordeaux-Toulouse/Dax durant le week-end. Ce samedi matin, ils ont tenu un point presse à Balizac, puis ils se sont retrouvés à Noaillan.
Le convoi festif et militant a prévu de traverser les villes concernées par les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB) avant de terminer sa route dimanche 24 septembre, dans la vallée du Ciron, cours d'eau, symbole du patrimoine naturel pour ces manifestants, qui sera impacté par le projet.
Toujours NON à la LGV
"LGV : 20 min gagnées, 4 000 hectares détruits. Lynchage Géant du Vivant". Les militants sont originaires des Landes, de la Gironde et du Lot-et-Garonne, issus de divers collectifs et mouvements (Extinction Rébellion, LGVEA, LGV Nina, ANV-Cop21, Stop LGV Bordeaux Métropole, Non LGV 33, EELV, LFI). Ils ont perdu tous les recours en justice face à l'État qui "passe en force" selon eux malgré les avis négatifs rendus par les commissaires enquêteurs lors de l'enquête d'utilité publique qui date déjà de 2013.
Les gens sont déterminés à faire échouer le projet. De nombreux élus y sont opposés également. Cinq sénateurs sur six nous soutiennent en Gironde. Même le président de département Jean-Luc Gleyze est solidaire avec nous. Ce projet est totalement destructeur !
Richard Lavin, collectif Non LGV NINAà la rédaction web de France 3 Aquitaine
Les militants poursuivent le combat en Gironde et en Lot-et-Garonne. Et la mobilisation s'organise aussi sur les réseaux sociaux.
"Nous avons organisé cette action Sarabande pour aller vers les habitants, pour les rassembler contre ce projet", explique Richard Savin qui combat le projet de LGV entre Bordeaux et Toulouse, et Bordeaux et Dax. Le projet de LGV concerne vingt-sept communes.
Certaines seront littéralement coupées en deux dans la longueur par la LGV, leur centre-ville sera traversé par les trains à grande vitesse. C'est le cas de Saint-Médard-d'Eyrans ou de Bernos Beaulac.
Richard Lavin, collectif Non LGV NINAà la rédaction web de France 3 Aquitaine
Pas moins de dix-sept viaducs sur le Ciron
Le tracé de la LGV prévoit de passer par Beautiran et Captieux où la ligne se sépare en deux : d'un côté pour rejoindre Toulouse, et de l'autre pour rejoindre Dax, via le triangle de Bernos Beaulac que les anti LGV appellent "le triangle maudit", car la zone est traversée par le Ciron et classée Natura 2000.
"Pour le passage de la LGV, pas moins de dix-sept viaducs seront construits pour enjamber le Ciron. On prévoit des passages pour les animaux et les chauves-souris, c'est la grosse rigolade. Toute une partie du patrimoine va disparaître. Les gens sont très attachés à leur lieu de vie", poursuit le militant.
Cette rivière est très précieuse pour les domaines viticoles du sud Gironde où l'on trouve les célèbres Sauternes. Ces vins liquoreux tirent leur spécificité de la pourriture noble liée aux brumes matinales générées par la présence du Ciron. De nombreux viticulteurs ont rejoint les anti LGV, car ils craignent que le chantier d'aménagement de la LGV perturbe l'équilibre naturel du cours d'eau.
On nous fait payer les travaux
Par ailleurs, le militant pointe du doigt les taxes spéciales équipement (TSE) qui sont des taxes additionnelles perçues au profit des établissements publics fonciers (EPF) d'État et locaux. Elles sont destinées à leur permettre de financer leurs acquisitions foncières et immobilières.
" Quand vous habitez à moins d'une heure en voiture d'une gare LGV, vous payez cette taxe qui est comprise dans la taxe foncière. Quand on habite à Bazas, on paye dix-sept euros ! C'est du racket auprès de la population !", s'agace Richard Lavin qui ne veut payer en plus pour un projet qu'il rejette.
À l'heure où nous publions ces lignes, la mobilisation se passe dans une ambiance calme et conviviale, mais les militants n'excluent pas "des actions plus musclées".
Le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), situé dans les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, s’inscrit dans la continuité de la ligne sud Europe Atlantique (SEA) Tours-Bordeaux, mise en service en 2017. "Il porte sur les axes Bordeaux - Toulouse et Bordeaux - Espagne et répond à la fois aux enjeux de mobilité longue distance, de développement des trajets du quotidien et du fret ferroviaire", selon la SNCF.
Ce projet est soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie. Alain Rousset précisait en 2022 qu'il s'agissait de "la réponse à l’encombrement autoroutier de Bordeaux, un investissement pour un siècle".