Biodiversité : aidez-les à recenser des insectes en Nouvelle-Aquitaine !

Un programme de grande envergure, appelé "Entomo-NA", vient d'être lancé. L'objectif : recenser les insectes de Nouvelle-Aquitaine pour éviter leur disparition. Organisés en réseau, les chercheurs et associations naturalistes de la région comptent sur une collaboration avec le grand public.

Blattes, phasmes, coléoptères coprophages, punaises, mantes, papillons de nuit,... Rampants, volants, piquants ? Ils sont mal-aimés même s'ils sont souvent peu visibles dans la nature. Délit de sale gueule ? Sans doute :  on en sait plus sur les papillons multicolores, les gracieuses libellules, ou les abeilles, décidément très photogéniques ! En revanche, quid des bousiers ou des perce-oreilles ? Des insectes méconnus, mais qui, en plus d'être à la base de la chaîne alimentaire, ont un rôle dans le recyclage des déchets.

Plus de 10 000 espèces inventoriées en Nouvelle-Aquitaine

Le programme qui a été lancé a pour vocation de recenser, répertorier les espèces présentes en Nouvelle-Aquitaine, connaître leurs milieux de prédilection, pour évaluer si ces populations sont en présence suffisante ou considérées en déclin. "Les insectes disparaissent dans une certaine indifférence et la Nouvelle-Aquitaine ne fait pas exception" expliquent les entomologistes néo-aquitains. "Sauf pour les papillons de jour et les libellules, les connaissances sont lacunaires !" 

Il s'agit donc d'un programme de suivi et de sensibilisation sur les insectes piloté par Cistude Nature. Ce partenariat de grande envergure entre plusieurs structures naturalistes* va permettre une meilleure connaissance et un maillage sur tout le territoire de Nouvelle-Aquitaine. Un programme ambitieux qui va, pour commencer, recenser près d'une trentaine d'espèces d'insectes parmi les 10 553 inventoriées en Nouvelle-Aquitaine. 

Quelle urgence ?

Dernièrement, une étude allemande avançait des chiffres inquiétants. Certaines régions d'Allemagne auraient perdu jusqu'à 80 % de leurs insectes au cours des trente dernières années ! On parle ici d'individus, non d'espèces. Mais d'ores et déjà ces chiffres donnent le vertige, sachant que l'Allemagne et la France ont des similarités dans leurs territoires, modes de vie ou d'agriculture. Ce déclin est dû aux activités humaines et notamment l'usage de pesticides.

Les insectes sont présents sur Terre depuis près de 300 à 400 millions d'années. Leur nombre est estimé à entre 6 et 7 millions d'espèces... Mais ces populations sont loin d'être toutes identifiées ou répertoriées. L'inventaire établi actuellement par les scientifiques s'élève "seulement" à 1,1 million d'espèces d'insectes dans le monde. 

Ce programme "au chevet des insectes" mobilise plusieurs organisations naturalistes sur cette étude qui a débuté en 2022 et se poursuivra jusqu'en 2027. Un réseau chargé donc de cette prospection ciblée, dans un premier temps, sur deux insectes : le gros bousier et le perce-oreille. On connaît 11 espèces chez le premier, 16 chez le second.

Coléoptères coprophages

Akaren Goudiaby, entomologiste à Cistude Nature et coordinateur du programme, présentait ce 15 novembre ce programme, conjointement avec Pierre-Yves Gourvil du Conservatoire d’Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine, Sébastien LABATUT, de la SEPANSO, et Céline PAGOT, de Charente Nature; tous trois également entomologistes.

Akaren est enthousiaste devant cette synergie collaborative. Et ce, malgré l'ampleur de la tâche. Mais la démarche passe également par l'information, le partage, la pédagogie. On ne peut préserver que ce que l'on connaît. 

Les coléoptères coprophages comme le bousier sont des acteurs essentiels dans la nature, explique-t-il. Comme leur nom l'indique, ils se nourrissent de matières organiques ou plus exactement, de matières fécales d'origine animale, telles des bouses de vaches par exemple. Ainsi, ils recyclent ces matières.
Si leur population diminue, les bouses ne seront éliminées que par les eaux pluviales. Celles-ci feront ruisseler la matière et surtout ses bactéries, qui viendront ensuite contaminer les nappes souterraines. Des bactéries potentiellement nocives pour les organismes des mammifères telles que, par exemple, l'escherichia coli (E. coli)...

Ces 11 espèces de bousiers vont donc être étudiées comme les perce-oreilles ou forficules.

On saura ainsi dans quelle proportion ils sont présents en Nouvelle-Aquitaine, de façon par la suite à organiser leur préservation si nécessaire.

Contribuez !

Mais pour cela, nous ne disposons pas de milliers d'entomologistes en Aquitaine. C'est pourquoi ce programme a développé un outil participatif permettant, via un formulaire sur le site Entomo-NA, de partager, après identification du specimen (grâce au guide sur le site), une photo, une géolocalisation ainsi que des observations. Ainsi, vous pourrez apporter votre pierre à l'édifice de cet Atlas collaboratif.

Les spécialistes compilent les données transmises grâce à un maillage du territoire et les cartes ainsi complétées rendront compte des connaissances acquises et des enjeux de conservation à soutenir.

Une démarche qui peut accompagner vos parcours de randonnée seul ou en famille ou simplement vos observations au jardin. Des documents en ligne permettront d'identifier les différentes espèces. Aussi, tenez-vous prêts, Cistude nature, qui pilote le programme, explique qu'un appel à bénévole sera lancé dès 2023. Sans attendre, vous pouvez déjà manifester votre intérêt à information sur le site cistude.org.

Cistude Nature est une association loi 1901 de Nouvelle-Aquitaine qui a pour objectif la protection de notre patrimoine naturel, tout en ayant une démarche pédagogique de sensibilisation à la nécessité de préserver la biodiversité.

Actuellement, Cistude Nature travaille avec ses partenaires sur plusieurs actions à l'échelle de la Nouvelle-Aquitaine et notamment les sentinelles du climat, ou le programme Biodiversité grâce au soutien de l'Union Européenne (FEDER) et de la Région Nouvelle-Aquitaine, notamment.

EN SAVOIR PLUS sur ENTOMO-NA (pour Entomologie de Nouvelle-Aquitaine)

*Le programme est conduit en partenariat avec Vienne Nature, le CPIE de Corrèze, le CEN Nouvelle-Aquitaine, Deux-Sèvres Nature Environnement, la Société Entomologique du Limousin, Vincent Nicolas, la SEPANSO, Charente Nature. Il est financé par le FEDER, la région Nouvelle-Aquitaine, le département de la Gironde et le département de la Dordogne.

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