Emmanuelle Ajon, figure politique bordelaise et girondine, est décédée à l'âge de 49 ans. Engagée au sein du parti socialiste, elle a oeuvré pour le rapprochement des écologistes et socialistes pour gagner la mairie de Bordeaux en juin dernier. Les élus lui rendent hommage, les anonymes aussi.
C'était une figure discrète du parti socialiste dans le département de la Gironde. En 2019 et 2020, elle a été l'artisan du rapprochement entre l'équipe écologiste de Pierre Hurmic et le PS pour la victoire historique à la mairie de Bordeaux.
Emmanuelle Ajon était âgée de 49 ans. Elle a été emportée par une maladie "très rapide et incontrôlable" comme l'a décrit Michèle Delaunay qui fut depuis près de 20 ans à ses côtés dans la vie politique. C'est un choc pour ses proches, l'équipe municipale, départementale et tous ceux qui ont travaillé à ses côtés.
L'engagement politique
Emmanuelle Ajon, fidèle à son quartier de la rive droite, Bastide, a connu l'engagement dans l'humanitaire et l'engagement politique avec l'élection présidentielle de 2002 et pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen. Elle l'exprimait ainsi lorsqu'elle a mené campagne l'année dernière sur la liste Bordeaux Respire : "Engagée politiquement au Parti Socialiste depuis 2002 pour faire barrage au Front National, prolongement naturel de mes engagements associatifs pour la construction d’une société bienveillante et égalitaire."
Depuis la victoire de juin dernier, elle était adjointe de Pierre Hurmic, chargée du service public du logement et de l'habitat. Elle a été conseillère municipale de 2014 à 2020 durant le mandat d'Alain Juppé.
Elle est également une figure du département, vice-présidente depuis 2015 du conseil départemental de la Gironde. Elle est notamment en charge du délicat dossier de la protection de l’enfance et de la promotion de la santé. En première ligne pour s'occuper de l'accueil des mineurs non accompagnés qui a pris de l'ampleur ces derniers mois. " Emmanuelle Ajon avait à cœur d’offrir à tous les enfants de Gironde les mêmes chances de s’épanouir dans la vie, elle en avait fait le fil rouge de son engagement militant et politique." témoigne l'équipe du conseil départemental de la Gironde.
Elle a également été la suppléante de la députée Michèle Delaunay de 2007 à 2012 qui lui rend hommage.
Elle a su répondre à des enjeux très difficiles dans ses derniers mandats et elle s’y est dévouée avec une humanité qui lui a valu l’admiration des instances décisionnaires nationales et territoriales, comme de tous ceux qu’elle a aidés et soutenus.
La victoire avec les écologistes
Ces derniers mois, elle a donc oeuvré au rapprochement des écologistes et socialistes pour mener une campagne commune qui a permis de gagner la ville de Bordeaux aux candidats de droite. Elle avait ainsi décrit ses motivations sur le site de Bordeaux Respire "Je sais que le rassemblement des forces de gauche est un préalable pour que Pierre Hurmic et « Bordeaux Respire ! » puissent incarner une alternative à l’équipe sortante. J’y ai œuvré sans relâche, et suis fière de notre projet commun, social, écologique et démocratique pour Bordeaux."
Pierre Hurmic pense "d’abord à sa famille et à tous ses proches qui sont cruellement frappés. Notre équipe municipale perd un maillon précieux, une combattante valeureuse, une humaniste."
Son courage et son engagement resteront pour nous à jamais exemplaires.
"Emmanuelle rayonnait à l’idée de voir bientôt se concrétiser des projets que nous avions soutenus au conseil municipal et au conseil métropolitain." témoigne Michèle Delaunay, l'élue socialiste qui partagea avec elle les bancs du conseil municipal de Bordeaux.
Dans son parcours politique, Emmanuelle Ajon a également été conseillère régionale en 2010. "C'est une terrible nouvelle, un choc pour nous tous, nous perdons tous une femme de grande valeur, d'engagement permanent auprès des plus faibles" souligne Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.
Le maire de Libourne, Philippe Buisson, compagnon de route en politique, ami personnel depuis 20 ans, lui livre un hommage ce mardi. "Fidèle à ses convictions, elle contribua sans faillir à rassembler son camp, la Gauche bordelaise. La maladie qui l’emporte aujourd’hui, aussi brutale qu’injuste, prive les Bordelais de son enthousiasme et de sa capacité à porter de grands projets de transformation sociale au sein de la Métropole. Elle pouvait prétendre sans aucun doute à un avenir ambitieux."
Emmanuelle Ajon, maman de deux enfants, s'était mariée le 4 juillet, et c'est le tout nouveau maire qui avait célébré le mariage de son adjointe.
La Ville de Bordeaux mettra ses drapeaux en berne dès demain, jusqu’aux obsèques.
Retour sur le parcours politique et la personnalité d'Emmanuelle Ajon à travers ses images d'archives de notre rédaction >