Le sort d'une quarantaine de personnes dont une vingtaine d'enfants, qui vivent actuellement dans un bidonville quai de Brazza à Bordeaux inquiète les associations. La justice a ordonné une expulsion du terrain, qui appartient à la mairie de Bordeaux.
La décision est tombée le 19 octobre. Le tribunal administratif de Bordeaux, saisi par la mairie de Bordeaux, a ordonné l'expulsion sans délai du bidonville situé au 31 quai de Brazza à Bordeaux.
C'est ici que vit une quarantaine de personnes, dont une vingtaine d'enfants, depuis 2020 et l'expulsion du squat situé rue Lajaunie, adjacente au quai de Brazza.
Un comité de soutien aux familles
Le terrain est la propriété de la mairie de Bordeaux, qui seule, peut signifier l'ordonnance d'expulsion aux occupants.
Un comité de soutien aux familles a donc adressé un courrier au maire de Bordeaux. "Nous vous demandons de ne pas demander le concours de la force publique tant qu'il n'y a pas de solution de logement", écrivent les associations ATD Quart Monde agir tous pour la dignité, Collectif Bienvenue, Réseau Education sans frontières, Association fondation étudiants pour la ville et Médecins du Monde.
Une expulsion immédiate aurait pour conséquence de porter un traumatisme terrible à ces familles déjà durement éprouvées par leur précarité, de décourager leurs efforts d'insertion et de remettre en cause la scolarisation de leurs enfants.
Collectif de soutien aux familles installées au 31 quai de Brazzadans une lettre ouverte à Pierre Hurmic
Pas d'expulsion programmée, selon la mairie
Si les associations se disent inquiètes de cette menace d'expulsion, la municipalité assure de son ôté qu'elle n'aura pas lieu.
Dans l’attente des échanges à venir avec ses partenaires dans le cadre de la plateforme territoriale de résorption, la Ville ne prévoit pas de signifier l’ordonnance du tribunal aux occupants ni de solliciter le concours de la force publique.
Mairie de Bordeauxà France 3 Aquitaine
"Nous travaillons à la résorption du bidonville avec la plateforme mise en place par le gouvernement, explique la mairie de Bordeaux. L’inscription sur la plateforme exige le lancement d’une démarche juridique d’évacuation", se justifie-t-elle. Ladite plateforme vise à suivre et faciliter la réinsertion des personnes à la rue ou mal logées, en centralisant les demandes, offres et informations des différents acteurs de terrain.
Pas de quoi rassurer le collectif, qui insiste sur la nécessité de trouver des logements à la fois pérennes et adaptés. "Ces familles sont bulgares, elles font partie de la communauté européenne et sont donc là en situation régulière", rappelle Bernie Calatayud, du Collectif Bienvenue.
Mais ces personnes travaillent de façon saisonnière et ne sont pas toujours ici, elles ne viennent que pour les vendanges, très peu sont des résidents permanents.
Nous avons observé que quand il y a résorption de squat et proposition de logements, ceux-ci peuvent être pérennes mais ne sont pas forcément adaptés au mode de vie saisonnier. Or ils auraient besoin d'un logement qui ne soit que saisonnier, et où le bailleur accepte les contrats en CDD.
Bernie Calatayud, du Collectif BienvenueFrance 3 Aquitaine
Le collectif de soutien demande donc à ce qu'une solution convenant à tous soit trouvée, d'autant plus que les conditions de vie dans le bidonville sont extrêmement précaires. Il propose notamment le recours à des bungalows à Mérignac en tant que logements temporaires d'insertions.