Deux jeunes ont été blessés au couteau ces deux derniers jours. Pris pour cible par d'autres jeunes. Hypothèse : une rivalité entre deux quartiers de Bordeaux seraient à l'origine des faits qui se sont déroulés sous les yeux des élèves et profs. Ils ont suspendu les cours ce vendredi matin.
Les élèves et les professeurs sont encore sous le choc au collège Edouard Vaillant. Deux rixes en deux jours. Alors les enseignants ont décidé de débrayer ce vendredi matin 2 avril, et de se retrouver entre eux pour évoquer la situation.
Hier, jeudi 1er avril à 12 h15, c'est un élève de troisième, Osé, qui a été blessé sous les yeux de jeunes de l'établissement.
"Les jeunes du quartier Saint-Louis l'ont pris en chasse, armés d'un couteau. Ils l'ont blessé à deux endroits. Les forces de l'ordre et les pompiers sont intervenus rapidement. On était devant le collège. On a rapatrié à l'intérieur". Cet enseignant qui raconte la scène aux abords du collège est prof de maths au sein d'Edouard Vaillant, établissement situé en face la tour de Chantecrit. Il a une entaille à la cuisse droite et "la blessure est très grosse psychologiquement" précise un autre membre de l'équipe du collège.
Il s'est fait attaqué parce qu'il venait entre guillemets du mauvais quartier. Je l'ai en classe, il travaille bien, il est respectueux, il réussit bien sa scolarité. Il est investi. Il est victime de cette rivalité, c'est dur parce qu'il n'est pas dans les affaires, les histoires.
"On est extrêmement choqués." appuie Emilie Geay, professeur de français. "On est dans un état de sidération totale, suite à l'agression d'un élève sans histoire, brillant qui quittait notre établissement pour aller déjeuner chez lui et qui a donc été victime d'une agression, une fois de plus. Une troisième agression en trois mois. Horrible."
Osé, le jeune adolescent victime des coups de couteau, vient du quartier des Aubiers, à une courte distance de là. Ces deux quartiers sont sujets à des rivalités.
Côté enquête, "c'est un adolescent de 16 ans faisant vraisemblablement partie d'un groupe de trois qui aurait porté des coups de couteau dans la cuisse du jeune collégien." nous indique le parquet de Bordeaux qui a confiées les investigations à à la sûreté départementale.
Interpellé et placé en garde à vue, le présumé auteur a indiqué avoir agi pour venger son cousin victime la veille d'une agression par des jeunes.
L'adolescent est toujours en audition ce vendredi matin au commissariat de Bordeaux.
La peur d'aller au collège
Mercredi 31 mars, c'est un ancien élève de troisième qui s'est fait agressé par plusieurs individus dans le secteur de Chantecrit, toujours devant le collège. Un ancien élève du professeur de maths. Il a été blessé à la tête.
" Il y avait du sang, les élèves ont assisté à ça. Ca me touche. parce que ce sont mes élèves. Du coup, on se sent loin et proche. " D'où cette décision de ne pas faire cours ce vendredi matin "Pour manifester le mécontentement et le soutien aux victimes." témoigne l'enseignant.
Les enfants sont inquiets, les parents aussi à l'image de Josiane Himmelberger, parent d'un élève de sixième.
Il y a des enfants qui ont dit qu'ils ne voulaient plus revenir très clairement parce qu'ils habitent aux Aubiers et qu'ils savent que ce sont des guerres de quartiers. Donc, ils ne veulent pas revenir à St-Louis.( Chantecrit NDLR ). Il y a des enfants qui nous ont demandé mais moi là où j'habite je fais partie de quel clan. Il y a des enfants qui ont peur d'aller en cours. C'est leur précocupation essentielle. Du coup ils sont complétement désorientés.
Là aussi, l'enquête est en cours mais sans suspect repéré pour l'heure ce vendredi matin selon Laure Vuitton. "Il ( la jeune victime NDLR ) n'a pas pas donné des informations sur ses agresseurs qui n'ont pu être encore identifiés à ce stade." nous informe le parquet de Bordeaux.
L'équipe de France 3 Aquitaine à la rencontre des parents et professeurs du collège, tous sous le choc >
Une escalade entre les quartiers
La tension ne retombe pas à la cité Chantecrit/Saint-Louis de Bordeaux, entre Chartrons et Bassin à Flots où ont lieu des rixes depuis plusieurs mois.
La rivalité entre ces quartiers éloignés d'une poignée de kilomètres prend de l'ampleur depuis quelques mois. Voilà environ deux ans et demi que les premières tensions entre Chantecrit, Grand Parc et les Aubiers ont débuté, à-priori à cause d’un clip de rap selon le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de la Gironde qui s'est déjà exprimé sur le sujet ces dernières semaines. « A partir de là, on a eu à gérer des rixes avec battes de base-ball, bâtons et autres objets de ce type-là, il y a un an et demi environ. Et petit à petit c’est monté en gamme malheureusement », résume Patrick Mairesse.
Le samedi 2 janvier 2021, il y a même eu un mort, Lionel, tué par balle à l'arme automatiqueau pied d'un immeuble des Aubiers. Quatre jeunes majeurs ont été déférés au parquet jeudi 7 janvier. Ils nient leur participation aux faits.