Botulisme à Bordeaux : comprendre la maladie en quatre questions

Une intoxication groupée à Bordeaux a déjà provoqué un décès et l’hospitalisation de douze personnes. Cette situation rarissime est provoquée par une toxine très puissante.

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Après le décès d'une patiente et l'hospitalisation en réanimation de plusieurs personnes, les autorités tentent par tous les moyens de retrouver d'autres clients du restaurant bordelais mis en cause pour cette intoxication. Voici quelques éléments pour comprendre cette maladie. 

Qu’est-ce que le botulisme ?

Le botulisme est une affection neurologique provoquée par une toxine très puissante. Cette toxine est produite par la bactérie Clostridium botulinum. Elle peut se développer dans des aliments mal conservés. La maladie est alors provoquée par une intoxication alimentaire avec des conserves maison, mais aussi parfois de produits artisanaux ou de la grande distribution. Ce botulisme alimentaire ne se transmet pas d’un individu à un autre.

Benjamin Clouzeau, réanimateur médical au CHU de Bordeaux, précise : "C’est une bactérie qui produit une toxine et qui libère cette toxine qui va circuler dans le sang et se fixer sur les nerfs."

On peut distinguer plusieurs formes de botulisme :

  • Le botulisme alimentaire intervient en ingérant un aliment contenant la toxine,

  • Le botulisme infantile touche essentiellement les nouveau-nés avec une colonisation directe de l’intestin,
  • Le botulisme par blessure se transmet à travers une plaie.

Quels sont les symptômes ?

Les toxines botuliques sont neurotoxiques : elles agissent sur le système nerveux. Selon l’OMS, les premiers symptômes ressentis sont une fatigue marquée, une faiblesse et des vertiges. Ils sont habituellement suivis de troubles de la vision, d’une sensation de bouche sèche et de difficultés de déglutition et d’élocution. Des vomissements, de la diarrhée, de la constipation et un gonflement abdominal peuvent aussi se manifester. Il n’y a ni fièvre, ni perte de conscience.

Ces symptômes apparaissent 12 à 36 heures après l’exposition, et durent de quatre heures à huit jours.

Pour Benjamin Clouzeau, il faut communiquer largement sur la situation bordelaise pour identifier au plus vite d’autres personnes touchées : "Les patients ont des symptômes bénins qui peuvent continuer d’évoluer, troubles digestifs, petits déficits neurologiques essentiellement de la face ou des yeux, qui peuvent être amenés à évoluer par la suite vers un tableau respiratoire plus grave et conduire dans certains cas au décès."

Quelle prise en charge ?

Benjamin Clouzeau soigne dans son service les patients hospitalisés à Bordeaux. Il explique : "Le traitement, c’est un antitoxique qui va bloquer la toxine, idéalement avant qu’elle ne se fixe sur les nerfs, parce que c’est ce qui fait la gravité de la maladie."

Dans les cas graves, une aide respiratoire est nécessaire : "L’intubation a pour but d’éviter que la paralysie respiratoire entraîne le décès. Le risque, c’est ce qui s’est passé avec une patiente en Île-de-France, c’est que la paralysie s’installe avant la mise en place cette assistance respiratoire. Ça ne veut pas dire qu’une fois que les patients sont sous assistance respiratoire, il n’y a plus de risque, mais le risque vital immédiat a diminué."

Toujours selon le médecin, les soins peuvent être longs : "Une fois que la toxine est fixée sur les nerfs, elle peut y rester plusieurs semaines, entraînant une paralysie prolongée et toutes les conséquences liées à une prise en charge en réanimation prolongée."

Une maladie rare ?

On compte en France entre vingt et trente foyers par an depuis les années 80 selon l’institut Pasteur, avec à chaque fois entre un et trois malades. C’est le plus souvent l’alimentation qui est en cause. 

Pour Benjamin Clouzeau fait face à une situation inédite pour lui : "C’est juste exceptionnel, c’est une maladie qui est rarissime. On a plus de cas sur cet épisode que de cas annuellement en France."

Mais la toxine botulique est aussi connue du public pour des vertus thérapeutiques. Elle peut être utilisée pour traiter des maladies neurologiques, certaines migraines, ou même des troubles urologiques. 

Le Botox est aussi un dérivé de la toxine botulique. Il permet de limiter la contraction musculaire à l'origine des rides.

Sources : OMS, Institut Pasteur.

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