Trois mois après l'intoxication et le décès d'une cliente grecque, le patron du restaurant, responsable de la préparation, a été déféré ce 6 décembre en vue de sa mise en examen par un juge d'instruction pour "homicide involontaire". Le parquet a requis une interdiction d'exercer toute activité en lien avec la restauration.
Le restaurateur mis en cause dans la succession de cas de botulisme à Bordeaux avait été placé en garde à vue le 5 décembre. Il avait servi, entre le 4 et 10 septembre, des sardines avariées à sa clientèle. Seize personnes, pour l’essentiel de nationalités étrangères, avaient été victimes d'une intoxication alimentaire très grave. Une d'entre elles est décédée et quinze autres ont été atteintes de pathologies diverses.
Mis en examen et une interdiction de restauration requise
Ce 6 décembre, l'homme a été "déféré en vue de sa mise en examen par un juge d'instruction" pour "homicide involontaire, blessures involontaires par manquement délibéré à une obligation de prudence imposée par la loi ou le règlement, mise en danger de la vie d’autrui, non-assistance à personne en péril et mise en vente de denrées corrompues ou toxiques", précise ce mercredi 6 décembre Frédérique Porterie, la procureur de la République de Bordeaux.
Le parquet a requis son placement sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer, en qualité de dirigeant ou d’exploitant toute activité en lien avec la restauration. Les peines encourues oscillent entre deux et cinq ans de prison et 45.000 à 600.000 euros d'amende.
L'enquête, qui s'était "attachée à reconstituer la prise en charge médicale des patients sur la région bordelaise et parisienne", se poursuivra sous l'autorité du magistrat instructeur.
Mauvaise odeur et absence de vide
En ce début de mois de septembre, cette affaire d'intoxication alimentaire, à la toxine botulique avait eu des retentissements bien au-delà de l'Aquitaine. Alors que Bordeaux accueillait des épreuves de la coupe du monde de rugby, seize personnes étaient victimes d'une intoxication alimentaire, suite à la consommation de sardines, dont les conserves avaient été confectionnées par l’exploitant de l’établissement.
L’une des victimes, de nationalité grecque, ne survivra pas à cette intoxication et décédera à son domicile de Vincennes le 12 septembre 2023. Les quinze autres victimes développaient des pathologies diverses. "Rapidement, une intoxication alimentaire par botulisme était suspectée", rappelle le parquet. Une alerte internationale était lancée intention des médecins et des hôpitaux, afin de déceler au plus vite de nouveaux cas et retrouver au plus vite de potentielles victimes. Interrogé, le restaurateur avait reconnu d'emblée avoir détecté une mauvaise odeur à l'ouverture et une absence de vide sur certains bocaux, dont il dit avoir jeté le contenu. En revanche, d'autres, dont la préparation était visuellement intacte, avait été servie aux clients.
Manquements aux règles sanitaires
Le parquet de Bordeaux a ouvert immédiatement une enquête confiée à une cellule d'enquêteurs de l’Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique, la police judiciaire et la direction départementale de la protection des populations. L'enquête s'appuyait, entre autres, sur l'exploitation des tickets de carte bleue, des réservations et des numéros de téléphones de la clientèle de l'établissement.
"Les expertises et examens techniques réalisés, ainsi que les multiples et minutieuses investigations diligentées sur la région bordelaise, ont permis de mettre en évidence divers manquements aux règles d’hygiène sanitaire par le responsable de l’établissement, notamment quant à la confection des conserves artisanales vendues à la clientèle", souligne le parquet.