"Ça pollue quand même pas mal", électrifiés et repoussés hors du centre-ville, les paquebots désormais non grata dans Bordeaux

Chaque année, une quarantaine de navires accoste sur les quais de la capitale girondine. Certains ont à leur bord près d'un millier de passagers. Le maire de Bordeaux envisage de les faire accoster sur la rive droite pour des raisons environnementales.

C'est un véritable immeuble flottant de neuf étages. Ce paquebot venu d'Angleterre a fait étape deux jours dans Bordeaux. À quai sur la rive gauche de Bordeaux, le "Spirit of Discovery" va déverser son lot de touristes britanniques au cœur de la ville. "C'est très utile, car en sortant du bateau, on arrive directement dans le centre-ville sans avoir à prendre le bus", explique l'un d'entre eux. "Et ce n'est pas non plus une longue marche. C'est idéal." 

Retombées économiques

Ce Bordelais se promène souvent sur les quais. Il apprécie la vue de ces géants des mers implantés temporairement au cœur de la cité. "Ce sont des bateaux superbes", dit-il. "Et puis cela apporte quand même une activité au Port de Bordeaux et à la ville de Bordeaux. Il y a énormément de gens qui viennent donc c’est bien".

Même son de cloche du côté des commerçants du centre-ville. Les 60 000 touristes et membres d'équipage qui débarquent chaque année dépensent au total plus de trois millions d'euros. "Cela dépend des pays, mais cela peut vite monter sur les bouteilles de vin", explique Jean Simon, épicier et caviste. Les croisiéristes descendus de ces paquebots représentent 1,5% du tourisme annuel. 

Le panier moyen se situe entre 40 euros et 60 euros selon les touristes.

Jean Simon,

commerçant

Pollution

Julien Illien vit, lui,  à quelques mètres des quais et cette cohabitation avec les paquebots le dérange. "Quand il y a des bateaux, je le vois directement", dit-il. "Je trouve que cela pollue quand même pas mal le visuel qu'on peut avoir sur l'autre côté de la rive. Et en termes d'écologie, ce n'est pas terrible non plus". 

En ligne de mire de cet habitant : les moteurs qui tournent non-stop lorsqu'ils sont à quais afin d'avoir en permanence de l'électricité à bord. Si depuis mars dernier,  la mairie de Bordeaux a lancé l'électrification des quais pour les navires de croisière en créant des bornes pour que les bateaux puissent se brancher et couper leurs moteurs, pour l'instant, ces transformateurs sont seulement destinés aux bateaux fluviaux et petits navires maritimes. 

Pour les paquebots, le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, souhaite délocaliser leur accueil en dehors du centre-ville, réduisant ainsi la pollution. "Les accueillir un peu plus loin sur la rive droite", est son intention. "Dans un endroit où l'électrification des quais sera tout à fait possible".

Les moteurs ne tourneront plus. C’est-à-dire qu'ils seront entièrement électrifiés.

Pierre Hurmic

durée de la vidéo : 00h01mn55s
Chaque année, les bateaux de croisières amènent plus de 60.000 personnes dans Bordeaux. Une manne financière pour certains, une gêne pour d'autres… Au point que le maire de la ville réfléchit à faire accoster les bateaux un peu plus loin et en les reliant à des générateurs électriques afin de diminuer la pollution. ©France 2

Composer avec le périmètre classé Unesco

Ces installations conséquentes, techniquement et visuellement, n'ont volontairement pas été implantées rive gauche dans le cadre du projet d'électrification des quais de Bordeaux. "La problématique ce sont les transformateurs", nous expliquait en mai dernier Laurent Hodebar, directeur du tourisme et des équipements fluviaux à la Métropole. "Il faudrait créer un bâtiment immense sur les quais de Bordeaux. Cela serait évidemment très cher et très compliqué d'un point de vue architectural dans un périmètre classé à l'Unesco". 

Une nouvelle étape dans ce processus environnemental pourrait donc voir le jour de l'autre côté de la rive en aval de la Garonne. Chaque année, une quarantaine de navires accoste sur Bordeaux. Certains ont à bord près de mille passagers.

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