CARTE. SMIC, inflation, salaires, où vous situez-vous ? Comparez vos revenus à celui des autres habitants de Nouvelle-Aquitaine

Inflation, smicardisation, les revenus sont au coeur des annonces politiques et des préoccupations des Français. En Nouvelle-Aquitaine, la moitié des salariés gagnent moins de 1963€ par mois. Comparez votre salaire et votre niveau de vie grâce à nos outils.

Les nouvelles ne sont pas bonnes : le pouvoir d’achat des Français s’est de nouveau contracté. D'autant plus que sur l'année 2024, l'inflation annoncée est de 3,1% . Et les salaires ne suivent pas.  “Jusqu’à la crise pandémique, on avait des salaires moyens qui progressaient plus vite que l’inflation. Les Français voyaient donc leur pouvoir d’achat augmenter. Mais cette dynamique s’est inversée avec une inflation plus importante”, explique Nicolas Hérault, professeur à l’université de Bordeaux et chercheur au laboratoire Bordeaux Sciences Economiques.

Outre l’inflation, en France, un phénomène de “smicardisation” devient également visible. Il a été évoqué par le Premier ministre le 31 janvier :  le SMIC concerne aujourd’hui 17,3 % des Français, contre 12 % en 2021. “Ce sont ces ménages à bas revenus qui sont les plus sensibles aux augmentations des prix alimentaires et énergétiques”, détaille Nicolas Hérault. Deux secteurs qui ont vu les prix s’envoler en trois ans.

Un Français sur deux gagne moins de 1 963 €

Si en France le salaire médian s’établit à 2 091 €, dans notre région la moitié des Français gagne moins de 1 963 € par mois. La Nouvelle-Aquitaine se place ainsi à la 11ᵉ place du classement des régions aux salaires médians les plus élevés.

Dans la région, les salaires peu élevés relèvent aussi de la contraction, visible sur tout le territoire national, des salaires. L’augmentation du SMIC, seul salaire indexé sur l’inflation, n’a pas été répercutée sur les autres salaires, qui ont donc été rattrapés par ce minima. “On se retrouve aujourd’hui dans une trappe à bas salaires dont il est difficile de sortir. Soit, on baisse le SMIC, mais ce n’est pas envisageable, soit il faut augmenter les autres salaires”, envisage Nicolas Hérault.

Pour le professeur en économie, cette augmentation arrive généralement à retardement. “Il y a souvent un ajustement tardif des salaires sur l’inflation. Tout cela va être débattu lors des prochaines négociations collectives par les syndicats”, assure-t-il, même s'il nuance "cela ne prend traditionnellement pas des années". Pour l’heure, de nombreuses entreprises ont préféré augmenter les primes, plutôt que de rehausser les salaires.

10 % gagnent moins de 1 433 €

Parmi les plus bas salaires, un Néo-Aquitain sur dix gagne moins de 1 433 €, soit 3 € de moins que la moyenne nationale. Seules la Bourgogne, l’Occitanie, la Corse, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et le Grand-Est affichent des salaires moyens minimaux inférieurs à ceux de notre région.  

Si vous gagnez plus de 3 478 €, vous faites partie des 10 % des habitants de la région qui perçoivent les plus hauts salaires. La Nouvelle-Aquitaine figure ainsi dans les dernières places des régions qui possède les plus hauts salaires.

Pour autant, le salaire seul ne permet pas de déterminer le niveau de vie ou le pouvoir d’achat des ménages. “Il faut aussi prendre en compte le volume horaire, et le nombre de salaires au sein du ménage”, ajoute Nicolas Hérault.


Sur ces aspects, les évolutions ont également été visibles. “Il n’y a pas eu d’augmentation significative de la précarité”, rappelle tout de même le professeur de l’Université de Bordeaux. Lui, pointe plutôt un marché du travail favorable. “Il y a une baisse constatée du chômage, du fait de la pénurie de main d’œuvre après la covid. Ces tensions ont permis aux travailleurs d’obtenir des contrats plus rémunérateurs, même si ce fut moins que ce à quoi on pouvait s’attendre”, indique Nicolas Hérault. “Ce sont surtout les conditions de travail qui ont été au cœur des négociations, avec des salariés qui ont changé leurs priorités.”

Riches métropoles, pauvres campagnes

Dans la région, les richesses se concentrent dans les grandes agglomérations. C’est le cas dans les métropoles bordelaises, paloises ou limougeaudes. À Bordeaux, le niveau de vie médian s’établit donc à 24 870€.

Dans les départements ruraux comme la Dordogne, le Lot-et-Garonne ou encore la Creuse et la Corrèze, une grande partie du territoire affiche des revenus médians inférieurs à 20 000€. Si sur tout le territoire régional, le niveau de vie est inférieur à la majorité des autres régions, il affiche une plus grande homogénéité : entre les plus hauts revenus et les moins élevés, la région affiche un écart de 18 110 €.

Loin de s’expliquer par les salaires, ces écarts, pour l’économiste bordelais, s’illustrent par les revenus. “Les écarts entre les salaires est une tendance de fond présente jusqu’en 2008. À la pandémie, elle s’est interrompue et depuis, ce sont plutôt les hauts revenus, via notamment leur patrimoine, qui creusent les inégalités”, explique le chercheur au laboratoire BSE. 

Vote sanction

À quelques mois des élections européennes et à trois ans des présidentielles, ces données revêtent également un aspect plus politique, avec la possibilité d'un vote sanction, en faveur du Rassemblement national.

Pour ces hypothèses, il faut s'appuyer sur la carte des résultats du second tour et la comparer à celle du niveau de vie. Dans la région, les zones les moins favorisées, comme le Médoc ou encore le nord de la Vienne, ont majoritairement voté pour Marine Le Pen. Ce vote pourrait en effet afficher la volonté des électeurs, insatisfaits de leur niveau de vie, inférieur à la moyenne nationale, de se détourner du parti présidentiel. 

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