La semaine dernière, des perquisitions ont eu lieu à la mairie dans le cadre de deux affaires. L'une portant sur des emplois "douteux", l'autre sur des soupçons de "détournement de fonds publics et recel". Maire depuis 2020, Michaël Delafosse s'en défend dans un long communiqué de presse. Attaqué par son opposition, il ne retient pas ses coups non plus.
À un an et demi des élections municipales, les appétits s'aiguisent et les coups fusent. Les récentes perquisitions à la mairie de Montpellier sont une première occasion de croiser le fer entre le maire et ses opposants au Conseil municipal.
Ce mercredi 20 novembre, près d'une semaine après les perquisitions menées par la police judiciaire à l'hôtel de ville de Montpellier, le maire socialiste Michaël Delafosse a tenu à s'exprimer, au travers d'un long communiqué de presse.
Deux affaires, une défense
Les policiers enquêtent sur deux affaires distinctes : 300 emplois "douteux" pointés dans un rapport de la Chambre régionale des comptes, d'un côté. De l'autre, une enquête préliminaire pour "détournement de fonds publics et recel" concernant l'ancien directeur de cabinet du maire et sa rémunération.
Déclaration de Michaël Delafosse, maire de Montpellier.https://t.co/tTOmWnC1M1 pic.twitter.com/2D6G0ytPii
— Ville de Montpellier (@montpellier_) November 20, 2024
Concernant la première affaire, le maire de Montpellier explique dans son communiqué de presse que le "rapport de la CRC et l’enquête qui en découle concernent la période 2015 à 2021 et donc la gestion de la mandature précédente".
Il poursuit : "Non seulement je ne suis pas responsable de la situation que j’ai découverte en 2020, mais j’ai au contraire œuvré pour régler une grande partie des difficultés qui sont aujourd’hui soulevées par la CRC et par la presse. Un engagement qui est continu depuis le début de mandat et que j’entends poursuivre pour une gestion RH sécurisée et transparente".
L'opposition prise à partie
Le socialiste en profite également pour répondre à son opposition, et plus particulièrement à un nouveau groupe récemment né au sein du Conseil municipal, baptisé l'Alliance Progressiste & Républicaine Pour Montpellier. À sa tête, Patricia Miralles, Bernard Travier ou encore Luc Albernhe, "élus d’opposition aujourd’hui, mais adjoints au Maire de l’époque, entre 2015 et 2020" assure Michaël Delafosse sans pour autant les nommer. Il s'en indigne : "Il est profondément choquant [qu'ils] puissent s’en offusquer ; ils étaient des membres importants de l’exécutif".
‼️ Voici ci-dessous le communiqué envoyé à la presse concernant la perquisition qui a eu lieu à la mairie de Montpellier 👇
— l'Alliance Pour Montpellier (@allianceprpm) November 17, 2024
L’Alliance PRPM, les Montpelliérains, les agents & les élus méritent une totale transparence de la part de leur Maire, car il s’agit d’argent public. pic.twitter.com/Nerf7ZzChv
Mais ce groupe nouvellement né, n'est pas le seul à placer ses attaques sur le maire. Alenka Doulain, candidate aux municipales de 2020 sous l'étiquette "Nous Sommes" au premier tour avant de fusionner avec la liste de Mohed Altrad au second tour, dénonce une "gestion désastreuse du personnel par le maire et son équipe". Sur l'enquête préliminaire pour "détournement de fonds publics et recel", celle qui a rejoint les rangs de la France Insoumise, presse le maire de publier l'organigramme de son cabinet ainsi que le niveau de rémunération de ses collaborateurs.
Après avoir claqué la porte de la majorité et quitté son poste de vice-présidente de la Métropole à l’aménagement durable, l'élue écologiste Coralie Mantion réclame également que "la lumière [soit] faite sur ces dossiers". Dans un post sur le réseau social X, elle liste deux points d'interrogation, issus de l'enquête : "8 % d'effectif sans affectation" ainsi que le "détournement de fonds au profit de l'ex directeur de cabinet". Sur ces deux interrogations, elle invite le maire à "s'expliquer auprès de la police judiciaire, mais aussi des Montpelliérains".
"Parler d'emploi fictif est donc diffamatoire"
Toujours dans le même communiqué de presse, Michaël Delafosse justifie un contrat de travail et une rémunération "parfaitement légaux" concernant son ancien directeur de cabinet, "pleinement investi" dans des dossiers majeurs en lien avec le CCAS. Le maire de citer : " la résorption des bidonvilles de Montpellier (Beaux-arts, Courts circuits, « camps des Syriens à la Mosson », bidonville de Celleneuve…). Encore une situation héritée en 2020 qui a pleinement mobilisé mon équipe ces dernières années".
Il ajoute : "Parler d’emploi fictif sous mon mandat est donc diffamatoire. Fidèle à mes valeurs, je ne laisserai pas jeter l’opprobre aujourd’hui sur mon équipe et les agents de la ville alors que nous avons au contraire œuvré pour une meilleure efficacité du service public depuis 4 ans."
Le travail des enquêteurs se poursuit dans une ambiance de défiance mutuelle. En toile de fond, les élections municipales de 2026 semblent bien avoir commencé.