Centre de rétention de Bordeaux et Hendaye : des étrangers toujours plus nombreux et pour plus longtemps

Toujours plus de monde dans les centres de Bordeaux et d'Hendaye à la frontière avec l'Espagne et des durées de rétention qui s'allongent. Un effet de la loi entrée en vigueur en 2019 avec des conséquences pour ceux qui séjournent, dénoncées par la Cimade qui accompagne les demandeurs d'asile.

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Confinement et crise sanitaire, les personnes arrêtées en situation irrégulière continuent d'être enfermées sans pour autant que l'administration les renvoie. Effectivement, les frontières des pays concernés sont fermées. Les juges prennent la décision de les remettre en liberté. 
Aux yeux de la Cimade, qui intervient pour aider les étrangers dans leur demande de droit d'asile, la durée de séjour dans ces établissements s'allonge.
C'est aussi le cas pour l'année 2019 : l'association a dressé son bilan sur l'ensemble du territoire français. Il ressort que 445 personnes ont séjourné au centre de Bordeaux, uniquement des hommes. Dans 30% des cas, les étrangers sont interpellés sur la voie publique lors d'un contrôle de police, principalement dans le quartier de la Gare ou le centre-ville.
Mais il y a aussi les arrestations directement au guichet de la préfecture. 27,8 % des personnes interpellées l'ont été alors qu'elles se rendaient dans les locaux de l'administration, convoquées pour leur demande d'asile.
Certaines viennent de la grande région, de Limoges ou La Rochelle se retrouvent placées en rétention sans leurs affaires personnelles ou leur traitement médical. 

Pour presque 22 % des étrangers, ils sont arrêtés à leur sortie de prison. 


La durée moyenne du séjour dans ce centre bordelais est de 13 jours. Il peut accueillir 20 personnes. C'est le plus petit de France, il est situé dans les sous-sols du commissariat central de Bordeaux. 
L'entrée en vigueur en 2019 de la nouvelle loi "asile et migration" visait à allonger la durée de rétention en augmentant le nombre de placements. Non sans conséquence pour les intervenants de la Cimade.

Ce qu'on a constaté au centre de rétention de Bordeaux, c'est que cette augmentation du nombre de personnes enfermées, couplée avec une durée de l'enfermement rallongée s'est soldée par davantage de violences, des actes d'automutilations, des actes de désespoir et également des émeutes et des altercations avec l'administration.

Mélanie Maugé - Cimade Bordeaux -

Au final, sur les 445 personnes ayant séjourné dans ce centre pour l'année 2019, 180 ont été libérées soit par les juges, soit par la préfecture. Et 213 ont été "éloignées", soit renvoyées dans leur pays d'origine soit envoyées vers un pays membre de l'Union européenne. 
Un nouveau centre disposant de 140 places doit voir le jour en 2022 dans le secteur de l'aéroport de Mérignac.  

Hendaye : deuxième site de la région

C'est l'autre centre de rétention de la région, à la frontière avec l'Espagne, route migratoire s'accentuant depuis quelques années. Le centre a accueilli 355 personnes en 2019. Des hommes, des femmes et des jeunes considérées comme mineures par la Cimade, 7 au total, mais considérées comme majeures par l'administration. Les étrangers sont comme à Bordeaux de nationalité algérienne, marocaine, guinéenne ou tunisienne, ces origines représentant près de la moitié des personnes ainsi retenues.
Dans ce centre particulier car aux porte de l'Espagne, des interpellations ont lieu lors de contrôles à la frontière. Par ailleurs, le site couvre les préfectures des Pyrénées-Atlantiques, Landes et Lot-et-Garonne.
La Cimade s'est toujours affichée contre les centres de rétention en France.  
 
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