En Gironde, 90 % du vignoble est touché par le mildiou. La récolte 2023 est sérieusement compromise. Pour les exploitants qui enchaînent les crises depuis 2017, "c'est l'évènement de trop". La sénatrice de la Gironde, Nathalie Delattre, qui est aussi viticultrice, demande en urgence un état des lieux sanitaires pour déclencher des aides financières.
Après les épisodes de gel en 2017 et en 2019, la grêle en 2018, les années de crise Covid puis la fermeture des marchés américain et chinois en 2020 et 2021, la sécheresse l'été dernier, une nouvelle catastrophe affecte massivement les viticulteurs, cette année : le mildiou. 90 % des parcelles tests de vigne en Gironde sont touchées par le champignon. La sénatrice Rassemblement démocratique et social européen de la Gironde, Nathalie Delattre, n'y va pas quatre chemins. "C'est l'évènement de trop".
Avec les élus de la vigne et du vin, elle demande un diagnostic rapide des dégâts par l'État et le déclenchement du nouveau dispositif assurantiel pour aider financièrement les vignerons à surmonter cette énième crise.
La sénatrice appelle le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, "à venir sur place constater lui-même les dégâts".
La situation des viticulteurs affectés par le champignon est d'autant plus critique que les maladies cryptogamiques comme le mildiou ne sont pas prises en charge par les assurances.
Tous les exploitants touchés
La sénatrice note, en revanche, que "l'excès d'eau est assurable". Or, la Gironde a subi de fortes précipitations de pluies ces dernières semaines.
"Entre 20 et 50 % des dégâts, ce sont les assurances qui payent et, à partir de 50 % de la récolte, c'est l'État qui prend le relais, explique la sénatrice. Le dispositif assurantiel permet d'assurer des prix par hectolitres avec une valeur à l'hectare, on assure un chiffre d'affaires basé sur les hectolitres produits à l'hectare".
Il faut aller vite pour indemniser rapidement les viticulteurs.
Nathalie Delattre, sénatrice de la GirondeRédaction web - France 3 Aquitaine
L'ampleur des dégâts est particulièrement significative. La sénatrice appuie sur le fait que la "Gironde est très très touchée". Mais elle n'est pas le seul département affecté par le mildiou. "Il y a aussi la Dordogne, le Lot, le Lot-et-Garonne, le Gers et les Pyrénées-Atlantiques, il faut aller vite pour indemniser rapidement les viticulteurs."
Traiter plus ?
Malade, la vigne nécessite toujours des heures de travail pour la préserver des maladies les prochaines années. "Ce sont de nouvelles dépenses pour traiter et couper, poursuit la sénatrice qui demande officiellement "à l'État de reconnaître cette vague de mildiou comme calamités agricoles".
La situation de la filière est critique et un choix s'impose désormais aux exploitants qui travaillent avec le label HVE (Haute valeur environnementale). "Les normes européennes et la demande des consommateurs exigent la réduction des produits chimiques (CMR1) pour traiter la vigne. Or les produits utilisés dans le cadre du label HVE, les CMR2, sont moins toxiques, mais aussi moins puissants, donc moins efficaces. Avec les nombreuses pluies, il fallait traiter plus souvent. À un moment donner, on ne peut pas tout avoir. Les attaques du mildiou augmentent avec le changement climatique. Alors, soit, on perd la vigne, soit on traite plus fréquemment et avec des produits efficaces. Le ministre doit aussi comprendre la situation".
Catastrophe humaine
En plus de l'enchaînement des mauvaises années, certains vignerons ont commencé la saison avec des stocks importants. Comme la récolte s'annonçait bonne, "ceux qui avaient beaucoup de stock ont distillé ou vendu à bas prix pour rentrer des fonds et faire de la place dans les cuves en prévision des vendanges. Aujourd'hui, ils n'ont plus rien".
Le coup au moral est violent. "Nous sommes en alerte sur l'aspect psychologique, car c'est une profession dans laquelle il y a des suicides. La MSA Gironde a ouvert une cellule d'écoute et de soutien. Nous devons être très vigilants."