Ce jeudi 14 novembre, une cinquantaine de maires girondins se sont réunis pour contester la réforme de collecte des déchets mise en place dans le Libournais. Celle-ci prévoit la fin du ramassage en porte-à-porte et la mise en place de points d'apports volontaires. Une solution que les élus jugent inégalitaire, notamment pour les territoires ruraux.
Elles n'en démordent pas : les communes du Libournais réclament le retour de la collecte au porte-à-porte. La fronde des municipalités s'organise, avec en ligne de mire une réforme jugée "inadaptée aux territoires ruraux".
D'ici à la fin de l'année, huit nouvelles communes de Haute Gironde verront disparaître la collecte des ordures en porte-à-porte, au profit de l'installation de points d'apport collectifs par le Smicval, syndicat mixte qui gère les déchets. Principal objectif : diminuer sa quantité de déchets et donc, par ricochets, les coûts pour les municipalités liés au ramassage des ordures.
"Plus de la moitié des habitants en âge de voter ont indiqué qu'ils étaient contre cette réforme", peste Jean-Luc Desperiez, maire de la commune de Cubnezais, concernée par ces changements. Plus largement, en Gironde, 52 communes s'opposent à la fin du porte-à-porte.
Une réforme injuste
Ce jeudi 14 novembre, les maires de ces 52 communes se sont donc réunis à Saint-Vivien-de-Blaye pour exprimer leur opposition, soulignant les inégalités de réforme, particulièrement dans les zones rurales. Pour Jean-Luc Deperiez, ce nouveau système de collecte "crée une inégalité". "Chez nous, avec plus de 1 500 habitants répartis sur plusieurs hameaux, certains devront parcourir plus de deux kilomètres pour se rendre au point de collecte, ce n’est pas acceptable. "
Ce mouvement ne vient pas de nous, mais des gens qui nous ont élus.
Arnaud Paillaudadjoint au maire dans la commune de Saint-Vivien-de-Blaye
"Ce modèle de points d’apport peut fonctionner en zone urbaine, mais pas dans nos campagnes. Avec ce nouveau système, chaque habitant se transforme en quelque sorte en "camion poubelle" en transportant lui-même ses ordures. Encore faut-il qu’ils en aient les moyens", ajoute Arnaud Paillaud, adjoint au maire dans la commune de Saint-Vivien-de-Blaye.
Du côté du syndicat, on insiste sur la volonté de placer les points d'apport collectif "sur des lieux de passage". "Pour les personnes à mobilité réduite, on est la seule collectivité à proposer un service pour lequel on vient chercher les déchets en porte-à-porte", précise Sylvain Guinandie, président du Smicval.
Insalubrités
Dans un communiqué, les élus insistent et alertent sur un risque d'insalubrité publique. "De nombreux dépôts sauvages aux pieds et aux alentours de ces bornes" ont déjà été observés dans la trentaine de communes où la réforme est effective. "Chaque point d’apport attire des déchets et, malheureusement, des nuisibles comme les rats, prévient Arnaud Pouillaud. Les communes doivent gérer les déchets éparpillés autour des bornes, et le Smicval se décharge de cette responsabilité", accuse-t-il.
"Le recours à la vidéosurveillance et à l’instauration de contraventions, promus par le Smicval, s’avère une solution inefficace, plus particulièrement dans des communes dépourvues des moyens nécessaires, notamment en l’absence de police municipale", pestent les élus dans leur communiqué.
Le porte-à-porte, "un service indispensable"
D'autant plus que les maires reprochent au Smicval d’avoir imposé la réforme sans discussion préalable. "Ce projet a été décidé sans consulter les 220 000 habitants concernés dans la Haute Gironde. Dans notre communauté de communes, cette réforme n’a même pas été mentionnée lors des assemblées générales. Des élus se sont retrouvés à découvrir des bornes installées dans leur commune sans avoir été informés", note Arnaud Paillaud.
Cette réforme n'a pas été adaptée à nos territoires ruraux et elle doit être étudiée selon la configuration des communes.
Jean-Luc Desperiezmaire de la commune de la commune de Cubnezais
Face à ces multiples critiques, les maires des communes s’accordent sur la nécessité de revoir ce système, en adaptant la collecte des déchets à la spécificité de chaque territoire. "Nous pourrions envisager un modèle hybride, avec des points d’apport dans certaines zones, mais le maintien du porte-à-porte est essentiel pour beaucoup de communes rurales, explique Arnaud Paillaud. Nos citoyens veulent conserver ce service public indispensable." Déterminés, les élus font savoir qu'ils ne proposeront aucun terrain pouvant accueillir les bacs des points d’apport volontaire et annoncent un recours auprès du tribunal administratif de Bordeaux.
Le Smicval, quant à lui, se dit "ouvert au dialogue". "Moi, j'invite les maires à venir autour de la table pour discuter, et si nous devons adapter, on adaptera. Mais la seule solution n'est pas le retour du porte-à-porte", répond le président qui insiste sur les bénéfices d'une telle réforme. "Quand les habitants jouent le jeu, on voit que les ordures ménagères diminuent."