Charles III en visite à Bordeaux. Pourquoi le roi tient-il tant à passer par la Gironde ?

Du mercredi 20 au vendredi 22 septembre, le couple royal sera en visite d'État en France. Si Charles III et Camilla arriveront à Paris, ils feront également un détour par Bordeaux et la Gironde. On vous détaille leur programme et les raisons de leur venue dans le département.

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Existe-t-il une relation particulière entre le Royaume-Uni et la Gironde ? Compte tenu du détail du programme chargé du couple royal lors de sa venue en France, la question est légitime.

Leur première visite, initialement prévue au printemps dernier, a été reportée en raison de manifestations contre la réforme des retraites. Le roi Charles III et la reine Camilla se rendent cette fois sur le territoire en pleine Coupe du monde de rugby, "pour célébrer l'histoire, la culture et les valeurs communes du Royaume-Uni et de la France", indique La Royal Family sur X (ex-Twitter). Ils ont tenu à faire un détour de quelques heures par Bordeaux, ce vendredi 22 septembre.

Quel programme pour Charles et Camilla ?

Le couple royal arrivera de la capitale vendredi en début d'après-midi et se dirigera ensuite vers l'hôtel de ville. Charles III et Camilla feront également étape à la frégate HMS Iron Duke, navire de guerre du roi qui accostera au port de la Lune dès mercredi 20 septembre. Le pont Chaban-Delmas se lèvera donc entre 10 h 54 et 12 h 27, engendrant des coupures à la circulation. De même lors de son départ le dimanche 24 septembre entre 12 h 29 et 14 h 57.

Dans l'après-midi, "Leurs Majestés" devraient déambuler sur la place de la Bourse avant de rendre visite à l'association caritative Le Pain de l'Amitié. Les déplacements entre chaque visite dans le centre-ville devraient se faire à pied, ou en tramway. Toute la journée, un important dispositif de sécurité est prévu avec plus de 3 000 policiers mobilisés sur place.

Bordeaux sous la couronne anglaise

Les liens entre la capitale girondine et la couronne britannique sont ténus. Déjà en juin 1992, la reine Elizabeth II s'était rendue à Bordeaux deux jours durant, accueillie par le maire de l'époque Jacques Chaban-Delmas. "Elle avait dormi sur le yacht royal Britannia et avait jeté l’ancre dans le port de la Lune, une réception avait été organisée", rappelle Philippe Chassaigne, professeur d'histoire moderne à l'université Bordeaux Montaigne et spécialiste de la Grande-Bretagne.

"Si le roi a tenu à venir à Bordeaux, c'est sûrement pour faire un clin d'œil à la visite de sa mère il y a trente ans", abonde-t-il. Lui-même était d'ailleurs déjà venu dans la région, en 1977 lorsqu'il était encore prince de Galles, pour l'ouverture d'une exposition consacrée à la peinture britannique.

Mais la venue du couple royal à Bordeaux ne peut s'expliquer sans un bond dans le passé qui permet de mieux éclairer les liens qui unissent la capitale girondine au Royaume-Uni. "On dit souvent que Bordeaux était anglaise, mais en fait, au départ, c’est seulement le duc d’Aquitaine, comte d’Anjou qui, en épousant Aliénor d'Aquitaine, a reçu tout le duché en dot [qui recouvre le Bordelais, la Charente et l'Agenais, entre autres, ndlr]. Deux ans plus tard, il est sacré roi d’Angleterre, sous le nom de Henri II", et Bordeaux devient alors véritablement anglaise. 

La ville de Bordeaux ne redeviendra française qu'après la bataille de Castillon en 1453. Pour autant, le roi de France "avait parfaitement conscience que les Bordelais regrettaient le roi d’Angleterre car comme il était loin géographiquement, évidemment, ils avaient plus de liberté, d’autonomie et une plus grande marge de manœuvre", souligne Philippe Chassaigne, spécialiste de la Grande-Bretagne.

Le vin de Bordeaux servi à la noblesse britannique

Le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri II a également servi de tremplin à la commercialisation du vin bordelais. L'Angleterre est alors devenue un débouché naturel pour les vins de la région qui partent de Bordeaux ou de La Rochelle et finissent "sur les tables de la noblesse britannique". Le "French Claret", vin rouge plus clair que des Bourgogne ou des Provence, est très apprécié. "Aujourd'hui encore, ce terme est toujours utilisé en Angleterre et désigne seulement les vins bordelais", précise Philippe Chassaigne.

"C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles les Bordelais s'opposaient à Napoléon. Il avait mis en place un blocus intercontinental qui interdisait tout commerce entre l'empire français et la Grande-Bretagne", ajoute-t-il.

 Les Français se retrouvaient avec leur baril sur les bras !

Philippe Chassaigne

rédaction web France 3 Aquitaine

La capitale de la région la plus britannique de France

"La Nouvelle-Aquitaine est la première région de France en termes de résidents britanniques", souligne Philippe Chassaigne. En effet, selon les derniers chiffres de l'Insee, qui datent de 2020, 43 % des Britanniques installés en France résident dans la région. La majorité d'entre eux vivent dans des zones rurales, en Dordogne, en Charente ou en Haute-Vienne, par exemple. "Ce sont bien souvent des Britanniques à la retraite, qui sont venues s’installer ici dans la deuxième partie de leur vie active", détaille Philippe Chassaigne. 

Ils profitent du climat, de la bonne chère, et sont à la recherche du calme, avec un prix foncier bien moins élevé qu’en Grande-Bretagne.

Philippe Chassaigne, historien spécialiste de la Grande-Bretagne

à France 3 Aquitaine web

Cette importante communauté britannique exacerbe naturellement les liens privilégiés qu'entretient la Grande-Bretagne avec la région. D'autant plus que des échanges culturels se sont développés entre les deux territoires, notamment par le biais du jumelage entre Bordeaux et Bristol en 1947.

Montrer son attachement aux questions climatiques

La visite du roi Charles III est aussi vue comme l'occasion de montrer son intérêt pour l'écologie. En témoigne son rendez-vous prévu à la forêt expérimentale de Floirac, un site qui permet aux scientifiques de mesurer les évolutions de la forêt et des arbres face aux changements climatiques.

"Il veut montrer son attachement à ces questions en se rendant dans le château Smith Haut Laffite, placé en culture biologique. De la même façon qu’il voulait se rendre dans la forêt de Landiras, un an après les incendies de 2022", complète Philippe Chassaigne.

Le roi Charles et son épouse Camilla devraient repartir de Bordeaux en fin de journée, aux alentours de 17 h 45.

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