CHU de Bordeaux : la direction active le plan blanc de niveau 2 à l'hôpital des enfants

La direction du CHU de Bordeaux vient d'activer le plan blanc de niveau 2 à l'hôpital des enfants. Rappel de personnel en retrait, déprogrammation de certaines activités... le dispositif est mis en place pour faire face aux tensions relevées en pédiatrie.

Depuis des semaines, le service des urgences pédiatriques du CHU Pellegrin tire la sonnette d'alarme. Entre le manque de personnel et l'arrivée de l'épidémie de bronchiolite,  la situation devient intenable. La direction de l'hôpital réagit ce mardi en déclenchant le plan blanc de niveau 2.

Mobilisation de l'ensemble des moyens

Ce plan blanc permet à l'établissement de mobiliser l'ensemble de ses moyens en cas d'afflux de patients. Le personnel à la retraite va être rappelé, l'intérim mobilisé, certains actes seront déprogrammés. Sont également prévus dans ce dispositif, l'augmentation de l'hospitalisation à domicile, la mise en place d'un renfort grâce à la médecine de ville ou encore la coordination avec d'autres centres hospitaliers de la Nouvelle-Aquitaine ou de l'Occitanie, pour réorienter certains enfants malades, notamment en réanimation. 

En cause selon la direction : l'épidémie de bronchiolite, particulièrement virulente et précoce cette année. "Avant les pics épidémiques étaient plutôt au mois de décembre. Là, on commence déjà à être en phase épidémique depuis le mois d'octobre de manière importante", relate Stéphanie Bui, pédiatre spécialisée en pneumopédiatrie au CHU Pellegrin. Pour expliquer cette précocité, la spécialiste évoque la pandémie de Covid-19 : "Lors des confinements, les enfants, les familles ont rencontré moins de virus, se sont plus protégés. Donc l'immunité collective ne s'est pas faite pendant cette période."  

Un SOS au gouvernement

Combiné à l'augmentation du nombre d'enfants et d'adolescents admis en psychiatrie, et à une activité en néo-natologie importante, les arrivées de petits patients se multiplient. En ce début d'année scolaire, avec 160 passages par jour, l'activité aux urgences pédiatriques, est supérieure à celle des adultes.

Faute de personnel, le service manque de lits pour hospitaliser ces enfants. Habituellement, à cette période, le pôle pédiatrique dédie une unité de 15 lits supplémentaires pour l'accueil des enfants atteints de bronchiolite. "En 2022, nous n'avons plus la possibilité d'actionner ce levier, car il nous manque les ressources paramédicales. À la place de + 15 lits, aujourd'hui je suis à - 30 lits", alerte la cheffe du pôle pédiatrie Brigitte Llanas. Pour elle, ce plan blanc est un SOS envoyé au gouvernement. 

Il faut nous aider à redonner du sens, il faut nous aider à faire en sorte que le personnel médical et paramédical ne quitte plus l'hôpital, il faut qu'on soit entendus et compris.

Dr Brigitte Llanas, cheffe du pôle pédiatrie

à France 3 Aquitaine

 "Pas d'anticipation dans les recrutements"

Pour les syndicats, la réponse n'est pas adaptée à la situation. "Nous sommes consternés qu'il n'y ait pas eu d'anticipation dans les recrutements pour assurer la dimension de notre pédiatrie au CHU, commente Pascal Gaubert, secrétaire général de Force ouvrière au CHU de Bordeaux. Activer le plan blanc , cela revient à prioriser les soins, c'est inacceptable".

Le syndicaliste rappelle avoir alerté la direction sur le manque de personnes, notamment chez les puéricultrices et les auxiliaires de puériculture. "On fait appel à des retraités, où à des étudiants infirmiers qui doivent, assurer les soins en plus de leurs études, souligne-t-il.  Et quand ces derniers arrivent, les équipes doivent les former. Tout cela nuit à la continuité des soins". Il plaide en faveur d'une attractivité renforcée pour le personnel travaillant de nuit :  "aujourd'hui, ils ont droit à une majoration de 1,09 euro par heure de nuit, c'est insuffisant". 

On a la plus grosse pédiatrie de la Nouvelle-Aquitaine, mais on dispose seulement de 80% des effectifs pour le maintenir.

Pascal Gaubert, secrétaire général de Force Ouvrière

à rédaction web France 3 Aquitaine

"Que va-t-il se passer si nos agents s'arrêtent ?"

Lundi 24 octobre, le syndicat avait lancé une alerte à sa direction. "Nous faisons le constat que nos équipes sur le terrain sont en souffrance, autant en termes d’effectifs que de conditions de travail pour prendre en charge nos petits", écrivait-il.
La préoccupation porte désormais sur le rythme de ces soignants. " Ils aiment leur travail, ils aiment leurs petits, mais ils sont à bout. On est très inquiets. Nous allons entrer dans l'automne et les maladies respiratoires vont se multiplier.  Que va-t-il se passer si nos agents s'arrêtent ? On va fermer des lits ?", s'interroge Pascal Gaubert. 

De son côté la direction assure qu'aucun retour sur les congés n'est prévu à ce stade. 

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