Le soutien financier pour les théâtres privés prend fin en décembre 2021 et pourtant, certains d’entre eux peinent à reprendre une activité normale. En cause notamment, la baisse de la fréquentation des salles, informe le trésorier de l’association des théâtres privés en régions à Bordeaux.
"Dans le modèle qui est le nôtre de théâtres privés, c’est le nombre de spectateurs qui nous font l’honneur d’acheter des places qui font que tout est couvert : tous les frais du théâtre, artistiques... souligne Xavier Viton, directeur de trois théâtres à Bordeaux. Et là, en l’occurrence, il semble que beaucoup de mes confrères sont en difficultés." Alors que les aides accordées aux théâtres privés par l’Etat pour amortir la crise sanitaire prendront fin d’ici décembre 2021, certains théâtres tirent la sonnette d’alarme : les salles souffrent d’une baisse de fréquentation.
Une double peine pour ces établissements qui n’ont pas eu le temps de renflouer leur caisse face à des salles qui peinent à se remplir. En cause notamment : les mois de fermeture et de mesures restrictives.
Depuis la mise en place du pass sanitaire, ça a été un peu compliqué pour les théâtres. (…) Beaucoup de mes confrères sont en carence de spectateurs par rapport au nombre qu’ils accueillent habituellement.
Deux classes d’âge en particulier peinent à revenir. "Il nous manque la catégorie des seniors, ceux de plus de 60 ans. Et ceux qui sont jeunes parents. Ces deux catégories là manquent, du coup, on a un nombre de fauteuils qui n’est pas occupé et qui d’habitude est occupé", déplore le directeur des théâtres du Trianon, Molière et Victoire à Bordeaux. Un coup dur pour ces salles dépendantes du nombre de spectateurs pour survivre.
"On a une petite crainte (...) un réveil des manifestations sociales tous les samedis"
"La crainte que l’on pourrait avoir, c’est qu’il y ait eu des habitudes de sorties qui ait changé. On le craint un peu, avoue Xavier Viton. Mais en même temps, c’est trop tôt pour pouvoir envisager un changement structurel des comportements. On sort d’un moment stratégiquement dramatique et on n’a plus tellement de ressort, c’est là qu’on craint un peu pour la suite." Et si les théâtres bordelais sont, selon le trésorier, relativement épargnés par cette tendance à la baisse du public, certains sont en grandes difficultés. C'est ce qu'évoque, sans les nommer, le directeur : "Deux théâtres, dans notre région aquitaine, ont de graves difficultés et pour lesquels je suis en train de me battre."
Selon ce directeur des trois théâtres bordelais, la solution "merveilleuse" serait le retour des spectateurs. Autre solution, que l’Etat "pallie pendant un temps à cette déficience des spectateurs qui est due à cette crise essentiellement", selon Xavier Viton. Ce dernier en appelle par ailleurs à trouver un moyen pour que les manifestations "ne mettent pas en péril nos pairs" : "On a une petite crainte, c’est qu’il y ait à nouveau un réveil de manifestations sociales tous les samedis. Il ne faut pas oublier que le samedi est notre journée la plus forte, pour les commerçants en général. Un réveil de ces manifestations le samedi dans le centre-ville seraient une condamnation à mort de beaucoup de commerces et de théâtres et ça seraient contreproductif par rapport à ce qu’attend cette manifestation-là."