Cycliste violemment interpellé à Bordeaux : la version de la police contredite par de nouvelles vidéos

Lundi 21 octobre, un jeune cycliste était violemment maintenu au sol et interpellé sur les quais de Bordeaux, après avoir circulé sur un trottoir. Les policiers avaient dénoncé un outrage et réfuté les accusations de violences. Des vidéos montrent pourtant l'usage de la matraque par les forces de l'ordre.

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"Les policiers n'ont fait que leur travail et de façon très professionnelle". Après la publication d'une vidéo de l'interpellation d'un jeune cycliste quai des Chartrons à Bordeaux, Bruno Vincendon, représentant d'Alternative police était formel : il n'y avait là rien de plus qu'une "interpellation un peu musclée", justifiée par l'attitude du jeune homme contrôlé. 

Les faits remontent au 21 octobre. Une première vidéo avait été postée sur X, et cumule près d'un million de vues. Elle montre l'interpellation violente, en marge d'un rassemblement pour Gaza, d'un jeune homme de 19 ans, accusé d'avoir circulé à vélo sur un trottoir. Yassine, à l'origine de ces images, avait fait part auprès de France 3 Aquitaine de son indignation devant ce qu'il qualifie de "violences policières". Mais sa version des faits était réfutée par Alternative police. Selon le syndicat, le jeune cycliste avait refusé le contrôle, puis avait bousculé les policiers avec son vélo. "Il y a eu outrage et c'est pourquoi il a été amené au sol", déclarait Bruno Vincendon, qui ajoutait que les policiers "n'avaient pas sorti leurs matraques". 

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"Il n'a rien fait, pourquoi vous lui dites de fermer sa gueule ?" 

Dans de nouvelles vidéos, partagées par les nombreux témoins de la scène, on peut voir l'échange entre le cycliste de 19 ans et les policiers avant que le jeune homme ne soit plaqué au sol.

Dans les premiers instants, le contrôle se déroule dans le calme. Le cycliste est descendu de son vélo. Entouré par les policiers, il semble échanger avec eux. S'il n'est pas possible de distinguer les propos tenus, un manifestant à proximité s'insurge.  "Comment vous lui parlez ! Il n'a rien fait, pourquoi vous lui dites de fermer sa gueule ? ", lance-t-il à un policier. 

durée de la vidéo : 00h03mn15s
Dans de nouvelles vidéos de l'arrestation du cycliste, on aperçoit les policiers faire usage de leur matraque. ©Education avec Gaza

S'ensuit un mouvement entre les protagonistes, sous les protestations des témoins. "Pourquoi tu me prends mon téléphone ?" , interroge le cycliste qui se penche vers le policier, le bras levé. C'est alors qu'un membre des forces de l'ordre sort une matraque, le frappe sur les jambes. Le jeune homme est ensuite maintenu allongé sur le sol, puis menotté et conduit dans le camion de police. Son T-shirt est déchiré, un policier tient à la main ses lunettes, cassées.

"Particulièrement choquant"

D'après les différents témoins que nous avons pu contacter, le cycliste ne participait pas à ce rassemblement pour Gaza. "Il passait par là à vélo, il roulait tranquillement, sur le trottoir", détaille David. Cet enseignant à Bordeaux, membre du collectif Education avec Gaza présent au rassemblement, décrit des policiers "énervés". "J'ai vu passer le cycliste, mais je n'y ai pas particulièrement prêté attention, raconte-t-il. J'ai juste remarqué quand ils l'ont arrêté. On était surpris, on a dit aux policiers qu'il n'était pas avec nous, on ne comprenait pas la raison de son arrestation".  

Ils l'ont fait descendre de vélo, ont cassé ses lunettes, son téléphone et ont déchiré son t-shirt. Ça n'a aucun sens. 

David

Enseignant, syndicaliste FSU

Si la raison de l'interpellation le surprend, c'est qu'il assure avoir vu de nombreux vélos emprunter le même trottoir sous les yeux des policiers, ou circuler à contre-sens sans être inquiétés. "Les policiers ont, d'abord, commencé à dire, en riant, qu'il était contrôlé pour excès de vitesse. Ensuite, ils lui ont reproché d'avoir pris un sens interdit", dénonce-t-il.

"Il ne les a pas insultés, il ne comprenait pas pourquoi il était immobilisé et disait "lâche-moi", à plusieurs reprises. C'était particulièrement choquant". Très remonté, David s'interroge sur la gestion des faits par les policiers. "Ils sont venus sécuriser une manifestation, et ce sont eux qui ont provoqué l'incident et l'attroupement qui a suivi". 

Convocation devant la justice

Le jeune cycliste a ensuite été placé en garde à vue. Contacté, le parquet de Bordeaux indique que le cycliste interpellé roulait "à contresens à vélo".  "Contrôlé par les effectifs en sécurisation devant le consulat des Etats-Unis, il refusait le contrôle et tentait de porter un coup de poing à un agent", ajoute Frédérique Porterie, procureur de la République.  Il a, dès lors, été interpellé et placé en garde à vue".

Il a fait l'objet d'une procédure pour outrage, rébellion, violences sur dépositaires de l'autorité publique.

Frédérique Porterie

Procureur de la République de Bordeaux

"Il a été déféré le  23 octobre à 15 h 30 au parquet et a fait l'objet d'une convocation par procès-verbal avec contrôle judiciaire", précise le parquet qui ajoute que le cycliste n'a pas souhaité porter plainte. 

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