Une semaine après la fin du confinement, il est trop tôt pour faire un bilan de la circulation du virus. Le faible nombre de contaminations nouvelles ( 7 cas seulement le lundi 18 mai en Nouvelle-Aquitaine) présage t-il une fin de l'épidémie ? Pour les spécialistes, tout se joue maintenant.
Le confinement a joué son rôle. Les services hospitaliers, autres que ceux de réanimation, retournent à leurs chères maladies. Le nombre de patients hospitalisés en France baisse sensiblement, 19 015 hier. Et surtout le respect des consignes sanitaires a permis de freiner la circulation du virus dans les régions faiblement touchées, la Nouvelle-Aquitaine au premier titre.
Les données épidémiologiques confirment ce que l'on observe sur le terrain. Mon service ,consacré aux maladies infectieuses et tropicales, a repris son activité normale avec presque pas de patients atteints du Covid-19, nous dit le professeur Didier Neau, chef de service au CHU Pellegrin de Bordeaux. Par contre, nous voyons arriver des malades avec des maladies infectieuses graves comme des endocardites (infection du coeur, NDLR) à cause de retard dans les diagnoctics.
Le coronavirus a donc marqué le pas grâce aux huit semaines de confinement. Mais la guerre est loin d'être gagnée. Avec la reprise progressive des activités économiques et scolaires, la circulation du Covid-19 s'en trouve facilitée.
Les clusters récents dans des abattoirs ( trois foyers infectieux sur les 26 recensés depuis le déconfinement ) ou les cas détectés dans les écoles le prouvent. Mais il est trop tôt pour savoir si les dépistages des malades et de leur entourage suffisent à prévenir une dissémination massive du virus dans la population.
Des traitements compliqués à tester et un virus qui mute
C'est presque devenu une lapalissade. Mais les gestes barrières et le port du masque, quand la distanciation sociale est impossible, freineront la maladie avant qu'un traitement efficace ou qu'un vaccin ne soit trouvé. Cette rigueur dans les relations sociales permettra de diminuer le nombre de porteurs asymptomatiques qui propage la maladie.Car les recherches scientifiques doivent surmonter de nombreux obstacles.
Il est difficile de tester l'efficacité d'un traitement quand 80% des malades guérissent tout seul. Et certains programmes comme l'ambitieuse étude européenne Discovery ont même du mal à recruter des patients.
La polémique sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine illustre parfaitement les difficultés auxquelles font face les chercheurs (les études les plus récentes tendent à disqualifier la molécule dans le cadre d'un traitement contre le Covid-19).
Quant au vaccin, il n'en existe aucun pour les autres coronavirus. Des mutations du Covid-19 ont déjà été décrites rendant encore plus complexe la mise au point d'un sérum préventif.
La question de l'immunité n'est pas tranchée non plus. Les malades guéris du nouveau coronavirus sont-ils immunisés ? Pour combien de temps ? L'immunité développée par l'être humain contre les coronavirus est, en règle générale, de 12 à 24 mois. Elle n'est, à ce jour, jamais définitive.
Le Covid-19, une maladie saisonnière comme la grippe ?
Tous les cas de figure sont possibles. Le Sras, syndrome respiratoire aigu sévère, en 2003 a disparu sans que les experts ne sachent vraiment comment. Même si l'isolement des malades semble avoir fonctionné à l'époque.
D'autres coronavirus, responsables pour certains de rhumes hivernaux, réapparaissent chaque année.
De trop nombreuses questions scientifiques demeurent aujourd'hui sur le Covid-19. La réponse pour éviter sa propagation ne peut être que sociétale. En changeant, provisoirement ou durablement, nos interactions sociales. C'est à cette condition que le déconfinement sera un succès.
Si les chiffres des nouveaux contaminés à la fin du mois de mai restent faibles, nous pourrons entrevoir la fin du risque épidémique. La Nouvelle-Aquitaine resterait alors la région la moins touchée de France.