Pour éviter les embouteillages, les automobilistes, guidés par des applications GPS, se retrouvent à traverser des petites communes, peu habituées à cette densité de trafic. C'est le cas à Yvrac, en Gironde, où circulent en moyenne plus de 14 000 véhicules par jour.
À peine plus de 2 800 riverains habitent la commune d'Yvrac, en Gironde. Et pourtant, plus de 14 000 véhicules la traversent chaque jour. Sur l'un des carrefours, intersection majeure entre l'A9 et l'A89, le flot de voitures est incessant, au grand dam de la municipalité qui assiste impuissante à l'engorgement de la voirie.
Dégradation de la voirie
"Normalement, ces deux voies de circulation devraient se raccorder sur la rocade de Bordeaux, explique le maire Olivier Lafeuillade. Mais aujourd'hui, la circulation est tellement compliquée qu'avec des GPS comme Waze ou Google Maps, les voitures sont détournées à l'endroit où ça bloque et prennent des itinéraires autres pour contourner le bouchon et venir saturer les petites communes en périphérie."
Lorsque les axes principaux sont bouchés, les applications de navigation orientent les automobilistes vers des itinéraires alternatifs. Ainsi, la départementale qui traverse la commune d'Yvrac est souvent embouteillée. Un dommage collatéral qui nuit à l'entretien de la voirie. "La voirie n'est pas dimensionnée pour accueillir un tel trafic, la voie n'est pas assez large, précise le maire. Le réseau se dégrade très rapidement."
Les infrastructures et les équipements n'ont pas été pensés pour permettre au flux de voitures de s'écouler de manière sécurisée.
Olivier Lafeuillademaire de la commune d'Yvrac
De nombreux camions se retrouvent à emprunter des chemins inadaptés. "Les GPS déroutent sur des voies, souvent des petits chemins qui n'ont pas été dimensionnés pour. Quand les voitures ou les camions se croisent, cela dégrade le bord de chaussée, ce qui entraîne une détérioration de la bande de roulement très rapide", détaille Olivier Lafeuillade.
Enjeu de sécurité
Ce flot ininterrompu de voitures pose également des problèmes de sécurité. Pour y répondre, la commune a dû prendre des mesures radicales comme la fermeture définitive de routes traversant des lotissements résidentiels et régulièrement empruntées par les automobilistes pour éviter les feux tricolores. "Ça devenait trop dangereux pour les riverains, pointe Sylvie Brisson, conseillère municipale. La gendarmerie est venue ici passer une heure, elle a verbalisé 70 personnes pour avoir grillé des feux ou roulé trop vite, téléphone portable à la main."
On étudie en permanence comment réaménager la circulation pour décourager les itinéraires de délestage sur nos voiries, notre commune et les quartiers résidentiels.
Sylvie BrissonConseillère municipale à Yvrac
Pour les habitants, forcés de faire un détour pour rentrer chez eux, la situation était devenue intenable. "C'est une bonne chose. Il y avait beaucoup d'embouteillages parce que tout le monde passait par là, c'était la cata, là, c'est beaucoup mieux", note Pascal Eyigun, riverain.
Attractivité du département
"Les voitures en très grand nombre avec des vitesses parfois trop élevées ou les incivilités trop fréquentes, ça induit beaucoup d'insécurité pour les piétons, les vélos", ajoute l'élu Olivier Lafeuillade. Comme d'autres communes de l'agglomération bordelaise, Yvrac subit la forte attractivité de département de la Gironde qui gagne chaque année près de 20 000 habitants.
"On est pris dans cette explosion de la démographie du département, mais aussi de la métropole bordelaise et donc on doit gérer avec des infrastructures de transport qui ne sont plus adaptées", abonde l'édile. D'un vrai secours pour les automobilistes, les applications de navigation ont aussi des conséquences à grande échelle sur la vie de petites communes.